Êtres d'Exception - En Correction

Chapitre 2 - Académie et abrutis (2/4) ✔

La voix de Nathaniel demandant à Alexeï son couteau rompit le cours de mes pensées.

La barrière du son s'écroula.

Secoué par ses pleurs, le garçon était parcouru de tremblements incontrôlables de plus en plus violents.
À présent, il hurlait, ses cris étouffés dans la moquette pourpre du couloir.
La chose était en train de le bouffer de l'intérieur.

- Lyse, tiens-lui le bras gauche. MAINTENANT.

Je m'exécutais une nouvelle fois, soumise par l'urgence qui régnait dans sa voix.
Pétrifié d'horreur, je ne pouvais qu'obéir. Mes yeux ne pouvaient se détacher des longues marques horizontales... Dont les contours se teintaient maintenant de rouge.

En poussant, la chose avait éclaté les vaisseaux sanguins de la chair.

- Tiens bon... C'est bientôt fini...

Nathaniel inspira profondément.
Et saisit le manche en bois du couteau.

L'éclat blanc du métal m'aveugla un instant.

Le Métamorphe appuya la lame sur le haut de l'omoplate du rouquin.

Horrifiée, je ne pouvais que regarder.
Il ne va quand même pas le faire...
Il ne va quand même pas faire sortir ce truc...

Le gamin n'était nullement endormi pour une séance opératoire.
En guise de salle d'opération, le couloir. Et en table chirurgicale, la moquette pourpre du couloir.

Et en anti-douleur...

Profitant du fait que je retenais le bras droit du rouquin, Alexeï défit son blouson de sa main libre, pour venir en fourrer la manche dans la bouche du patient.
Un grognement étouffé retentit.

Les yeux paniqués du rouquin se fermèrent de toutes leurs forces.
Même lui avait compris ce qui l'attendait.

La gorge nouée, je fixais résolument le couteau que tenait le Métamorphe.

Nathaniel ferma les yeux.
Sa prise se raffermit sur le manche.

Il rouvrit alors les paupières.
Les yeux dotés d'un étrange éclat doré, il perfora la chair du garçon sous la lame de son couteau.

L'adolescent hurla de douleur.
Sous la morsure aigue du métal, son corps se cabra et manqua et me désarçonner.

Nathaniel ne s'arrêta pas.
La lame tranchante dévora la chair violacée, déchirant dans la longueur la peau tendre de son dos. Elle longea habilement ses vertèbres, faisant gicler le sang.
Alix, lèvres pincées, suivait le mouvement du couteau.
Nathaniel, la mâchoire serrée, continua de creuser la chair.

Le rouquin ne bougeait plus, assommé par la douleur.
Sans doute était-il évanoui. C'était du moins ce que je lui souhaitais.

Je frissonnais. Et moi qui m'était plainte de ma morsure à la cuisse. J'étais ridicule.

Le Métamorphe ne s'arrêta que lorsqu'il eut ouvert les deux traces dans leur longueur.

Le carnage n'était que faiblement perceptible dans les flots d'hémoglobine qui dégoulinaient du dos du rouquin. La peau pâle en dessous semblait ne jamais avoir existé.

Les caillots de sang qui émergeaient des plaies béantes eurent alors un frémissement.
L'alien.

Atterrée, je lâchais le bras du garçon, pour me reculer à quatre pattes, dos contre le sol.

Une surface engluée de tissus sanguins grandit sous les ruissellements pourpres. Elle essayait de se hisser hors de la plaie.

Je portais une main à ma bouche, victime du spectacle se déroulant devant mes yeux.
C'était un bain de sang. Une véritable boucherie, un charcutage totalement gore.