11) Désillusions

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Justement le téléphone sonne.

— Allô ?

— Bonjour ma chérie, c'est maman !

Qui d'autre m'appellerait à cette heure hormis elle ? Elle a un mal fou à se souvenir du décalage horaire.

— Bonjour Maman !

— Ça va aujourd'hui ?

Toujours cette éternelle question pour laquelle je n'ai aucune réponse franche à donner.

— Ça va, je lui réponds d'une voix morne.

— Tu sais, on se fait du souci pour toi ton père et moi. Tu peux revenir quand tu veux. N'aie pas honte d'échouer si ça devait arriver. Nous serons toujours là pour toi mon cœur.

Je lève les yeux au ciel d'exaspération. Papa ne doit pas être à la maison, sûrement au garage en train de bricoler. Elle n'est insistante qu'en son absence. Il est trop tôt pour endurer un tel discours.

—Maman, je suis désolée mais je dois raccrocher. Je suis attendue.

Je préfère lui mentir pour retourner à mon silence.

— Tu t'es fait des amis ?

Je perçois sa surprise à l'autre bout de la ligne.

— Oui et ils vont m'attendre !

Je continue en espérant qu'elle me croit. Elle espère tellement.

— Ok mon cœur, je ne te retiens pas plus longtemps alors. Au revoir chérie. On t'embrasse très fort ton père et moi.

— Oui moi aussi. Bisous à vous deux. Au revoir.

Je raccroche en soufflant de soulagement. Il 6h08, je n'aurais pas supporté une fois de plus sa désapprobation suite à mon départ. Non, pas à cette heure si matinale !

Je m'en veux de lui avoir menti, je ne veux pas la décevoir. Je sais qu'elle agit par peur et par amour pour moi. J'étais la même avec mes petits, toujours à m'inquiéter pour un oui ou pour un non. Mais désormais la question ne se pose plus, je n'ai plus personne à dorloter. Je n'ai pas su les protéger. Ils sont morts et moi j'erre telle une âme en peine en attente d'une absolution qui ne viendra jamais. Je me noie sous un flot de larmes qui alimente mon désespoir. La solution n'est pas ici. Je suis aussi seule et perdue qu'avant mon arrivée.

Je retourne me coucher auprès de mes enfants. Enfin ce qu'il m'en reste ! Un panda à moitié déchiqueté aux oreilles, Louna le suçotait pour s'endormir. Et un carré de tissu qui servait de lange autrefois. Je le mettais sur le matelas au niveau de la tête de Maël, pour éviter de changer les draps en cas de régurgitation. C'est ainsi qu'il l'a adopté. Je les serre contre moi et les hume. Leur odeur a disparu. Je me remémore nos moments heureux, en espérant plonger dans un sommeil qui se voudrait reposant, pour une fois.

Cela faisait un moment que les enfants nous cassaient les oreilles. « C'est quand qu'on va à Disney? » Il n'y avait pas un jour où ils ne nous en parlaient pas. Alors, pendant les vacances d'octobre, nous nous sommes lancés. L'excitation était de mise dans la voiture. Le trajet nous parut très long à Nathan et moi. Une fois sur le parking, leur joie était imprimée sur leur visage. Aucun de mes deux enfants ne tenait en place.

La magie du lieu était telle que la journée fut magnifique. Louna pleurnichait souvent dans les files d'attente. C'était trop long pour elle. Maël chantait à chaque manège la chanson du dessin animé le concernant. On ne pouvait leur faire plus plaisir. Les yeux de ma fille brillaient d'émerveillement en voyant défiler toutes ses princesses préférées lors de la parade.

LIFE : Survivre (tome 1)Where stories live. Discover now