Êtres d'Exception - En Correction

Chapitre 1 - De feu, d'eau et de sang (3/3) ✔

Relevant la tête, je continuais ma marche vers l'ouest, abandonnant derrière moi le papier magique responsable de tous mes maux.

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J'étais à bout. Complètement à bout.
Desséchée. Asphyxiée. Morte de fatigue.

Marre de tous ces arbres qui me balançaient leurs branche en pleine face, marre de leurs racines qui me torturaient les chevilles, marre de tous ces moustiques qui me pompaient le sang depuis le début du trajet ...

Marre, marre, MARRE.

J'étais exténuée.
Ma cuisse gauche me faisait affreusement souffrir, rendant chaque pas un peu plus laborieux. C'était impossible.
J'allais donc finir ainsi ?
Morte de déshydratation, si je ne choppais pas avant une infection à la jambe ?
Avec la foutue manie de ces clébards qui consistait à se lécher le derrière, j'étais bonne pour avoir des plaies purulentes dans les heures à venir.

Harassée, je m'appuyais contre un tronc d'arbre et je fermais les yeux.
Inspire.
Expire.

Mon souffle peinait à reprendre un rythme normal, assailli par l'effort, la douleur, et la terreur.
Qui sait ce qui allait m'arriver dans les prochaines heures.
Ce qui était certain, c'était que si la meute se décidait à pointer le bout de sa truffe, je ne serais pas en état de la repousser.
Les papillons noirs qui voletaient devant mes yeux semblaient guetter la moindre faille dans ma détermination, prêts à venir assombrir définitivement ma vue.

Des vertiges me saisirent.
Ne pète pas un câble Lyse, ne pète pas un câble, et respire.

Ne pas avoir dormi cette nuit empirait mon état de santé.

Le visage de ma mère se mis à parler. « Tu as encore répandu des miettes partout dans le cuisine ! Fociférait-elle. Sérieusement Lyse, tu n'est plus une enfant ! Nous allons t'envoyer dans une pension l'année prochaine. Il faut absolument que tu retrouves tes bonnes manières. »
« Mais... Maman... » Marmonnais-je faiblement.
« Indiscutable, Lyse. Indiscutable. J'en ai déjà parlé à ton père de toute manière. »
« C'est... Non... » les mots étaient bredouillés, sans aucune conviction de ma part.

Je veux rester, voulais-je lui crier
Je veux rester !
Je veux rester !

« Je... »

« Il est d'accord avec moi d'ailleurs.
Lyse, tu me fais honte. Bon Dieu tu me fais honte. »
Ses bras s'agitèrent, comme pour chasser un insecte de son espace vital.
L

'image de mon père vint remplacer celle de Mère dans un mince halo de brouillard.
« Écoute ma fille. Comment comptes-tu entrer à Oxford avec des notes pareilles ? »
« Mais... »
« Tu te rends bien compte que je n'ai pas de poids, ni d'arguments pour m'imposer face à ta mère dans cette situation. Enfin, regarde ce torchon. »
De dépit, il lança mon bulletin sur la table basse, faisant voleter quelques feuilles éparses dans le salon.
Abrutie par les points violacés qui dansaient devant mes yeux, je clignais faiblement des paupières, distinguant à peine un un suivi d'un sept encerclé de rouge.
« Ces notes ne te suffiront pas. Parfaitement. Tu dois devenir la meilleure, ma fille. La meilleure. C'est tout ce qui compte. »
La meilleure.

La meilleure.

Je me sentis partir en arrière.
Mon environnement tournoya, m'enveloppant dans un cocon sombre sans fin. Étouffant mes sens, et avec eux toute idée de lutte.