[ Chapitre 25 ]

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La nuit était tombée.
J'ai posé mes poings sur le lavabo de la salle de bain et les ai serrés jusqu'à faire blanchir mes articulations.
Mon reflet me renvoya un visage tendu mais plus résolu que jamais.
Maman était partie depuis des heures à une ridicule réunion entre aristocrates et serait de retour d'ici quelques minutes.

J'avais enfilé un débardeur et un short noir.
Mes mains étaient glissées dans d'épais et solides gants et j'avais raccourci mes boucles qui m'arrivaient maintenant en dessous des épaules.
J'étais prête.

Toutes les techniques données par Élias, chaque mouvement tournait dans mon esprit et était mémorisé par chacun de mes membres.
Je sautillai sur place, tentant d'évacuer de mon esprit les blessures atroces de ma mère.
Il allait enfin payer.

À vingt heures précises, j'entendis le président raccrocher le téléphone du salon. Charlie était au lit, Marilou partie faire des emplettes.
Je n'avais que peu de temps et je n'allais pas le gaspiller.
J'ai ouvert la porte de la salle de bain tout doucement et ai marché à pas de loups jusqu'aux escaliers.

Cette fois, père, c'est moi qui vais vous prendre par surprise.
J'ai éteins les lumières du rez-de-chaussée, ne laissant de la lumière qu'au salon.
Les battements effrénés de mon coeur retentissaient dans mon être entier, m'étourdissant.

J'ai laissé ma tête tomber en arrière et ai respiré profondément.
Le téléphone sonna une fois encore.

-Allô ? Résonna la voix de l'homme. Oui mon amour. Dans vingt minutes, promis. Vraiment ? Fais comme tu le veux. Ouais. Je t'aime aussi.

Il raccrocha, me laissant abasourdie quelques instants.
Allez, reprends toi ! Tu savais déjà qu'il avait une maîtresse. Maintenant, concentres-toi.
J'ai pressé l'interrupteur du salon, plongeant la vaste salle dans l'obscurité.

-Foutue électricité, marmonna le président.
Il s'approcha de l'interrupteur à pas feutrés et je me plaçai derrière lui, stupéfaite que le tambour de mon coeur ne m'ait pas encore trahie.
La lumière s'alluma.
Mon père se retourna.
Et je plongeai.
Il poussa un cri lorsque mon poing percuta sa tempe dans un coup parfait.

-Surprise, papounet.

Il ricana et para mon coup de pied.
Tout mon corps n'était plus qu'adrénaline.
J'ai trébuché et ai tourné sur moi même pour envoyer mon coude dans la mâchoire de mon père.
Je me félicitai d'avoir coupé mes cheveux, cela facilitai mes mouvements.

-Mon nez ! Hurla mon adversaire en plaquant la main sur son nez qui s'était mis à saigner.

Je n'attendis pas qu'il s'en remette et lui asseignais une droite impeccable dans la pommette, de plus en plus incontrôlable.
Élias tombait contre moi.
Maman pleurait.
Il m'écrasait contre le mur, m'arrachant des mèches au passage.
Tous ces instants m'obsédaient, me plongaient dans une fureur terrible.

Je me suis penchée, ai saisi à pleines mains les mèches poivre et sel du président et ai tiré dessus jusqu'à pouvoir lui envoyer une gifle monumentale.

-ALORS ? TU NE ME FRAPPES PAS ? POURTANT TU NE T'ES PAS GÊNÉ POUR DÉFIGURER MA MÈRE ! Ai-je crié, les muscles tendus à l'extrême.

Le poing de mon père vola et s'écrasa si fort sur ma joue que j'en tombai au sol, assommée.

-Une fois que je t'aurais mise à terre, tu regretteras d'être née, ma jolie, cracha-t-il.

J'ai lancé mon bras en l'air et ai fauché la prise que mon père exerçait sur mon cou.
J'ai pris le dessus et la voix d'Élias résonna en moi.
"Ne reste pas figée, surtout si tu n'as pas l'avantage question poids ou taille. Sois toujours en mouvement."

J'ai levé mes deux mains gantées devant moi et me suis mise à tourner autour du président, a l'étroit dans son costume blanc qui commençait à être tâché de sang.
J'avais joliment endommagé son nez.

-C'est qu'on a appris à se battre, chez les pouilleux, a souri mon père en me fixant.

Le sourire de mon père s'élargit en même temps que sa position changea.
Son bras vola jusqu'à moi et encercla mon cou une fois encore.
Je reçus son poing dans la bouche avec une violence inouïe.
J'ai hurlé et ai lui ai envoyé mon pied dans l'entrejambe.

Il tomba à la renverse et je bondis sur son torse, martelant son visage jusqu'à ce qu'il crie à son tour.

-POURQUOI ?! POURQUOI EST-CE QUE TU NOUS FAIS SOUFFRIR ?

Je pleurais à présent, et je me haïssais de lui montrer une quelconque faiblesse.
Je crachai à côté de son visage, sentant une douleur grandissante dans ma gorge.
Je distinguai alors un morceau ensanglanté qui tomba à terre.
Il m'avait détruit une dent.

-POURQUOI ? Répetai-je.

Mon père ne put répondre car son visage commençait à être maculé de sang.
Cette vision me heurta et je bondis sur mes pieds.
Il ne bougeait plus.
Mon but n'était pas de le tuer.

Ma poitrine était si douloureuse qu'elle me compressait, ma tête sifflait sans interruption et mes mains étaient en sang.
Mon visage ne devait pas être dans un bien meilleur état que le sien.

-Fais attention.

J'ai fait volte-face, mais pas assez rapidement pour parer ce coup là.
La main de mon père voltigea devant mes yeux et me tordit violemment le bras, m'arrachant un nouveau hurlement.
Je tombai à terre et un craquement résonna dans mon corps, suivi d'une douleur apocalyptique.

Mon bras ! Il me faisait souffrir, bordel, tellement...
Le visage ensanglanté du président était tordu en un sourire malsain.
Le poids de l'homme m'étouffais.
Je pleurais, sentant mon souffle s'accélérer.

-Alors ? Il te manque l'aide de ton petit connard ! Où est-il ? Oh ! Il est blessé ! MA PAUVRE PETITE !

Mon père pressa mon bras cassé et je sursautai, rendue folle par la douleur.

-Tu as choisi un boxeur, ma grande ! Comme ta mère, que c'est touchant !

Aucun mot ne pourrait décrire l'état de mon corps.
Je n'étais plus qu'volcan de souffrance.

-De toute évidence, tu as dû être aidée par quelqu'un autre que ton petit ami pour apprendre à te battre, non ?

Ses mots résonnaient en moi, sans aucun sens.
Parlait-il de Lise ?
Je fermai les yeux, attendant le coup de grâce.

-Allons, Wendy ! Tu ne pensais tout de même pas que j'aurais enfanté la petite bâtarde que tu es ? Que ta mère était tombée amoureuse de moi dès le premier regard ? Ricana mon père. Non, les boxeurs ont toujours la préférence ! Narcissiques et prétentieux, ta mère a succombé avant de me connaître !

J'ouvris les yeux brutalement.
Quoi ?! Je ne comprenais plus rien.

-Lâche... lâche mon bras, ai-je réussi à articuler.

Il se pencha vers moi et je serrai la mâchoire.

-Écoute moi bien. Tu n'es pas ma fille, pauvre imbécile !

Il resserra sa prise autour de moi et je mordis ma langue.
Je ne voulais pas l'entendre.

-TU ES LA SIENNE ! CELLE D'HENRI VALENTIN, CELUI QUI T'AS OFFERT CES PUTAINS DE COURS !

CharmesWhere stories live. Discover now