XII

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Marshall s'écarta brusquement. Il venait de réaliser ce qu'il avait fait. A quelques centimètres à peine de son visage, les lèvres d'Anvil étaient toujours humides et entrouvertes.

Son cœur s'était soudain mis à battre à une cadence folle, et il l'avait embrassé sans même pouvoir contrôler son geste. A présent, sa poitrine ne s'était toujours pas calmée, mais il avait retrouvé sa raison.

Marshall ne pouvait plus soutenir le regard d'Anvil. Il tourna la tête, ne sachant pas très bien ce qu'il était censé faire.

Mais avant qu'il n'ait eu le temps d'y réfléchir, le mécanicien s'écarta de lui et se dirigea vers ses machines. Soulagé, Marshall contempla son dos un instant, s'interrogeant toujours sur son geste.

- Ne t'en fait pas, dit Anvil, je sais très bien que retrouver un bras peut être euphorique, je sais que pour toi ça ne représentait rien. Je ne vais pas te retenir plus longtemps maintenant que tu sais le bouger. Il faudra seulement que tu reviennes me voir de temps en temps pour s'assurer que tout va bien, et pour l'exoarmure, bien évidemment.

Marshall était confus, les paroles d'Anvil étaient censées le soulager, et il l'était, mais une autre étrange sensation rentrait en conflit avec la précédente. Il préféra l'ignorer, et se confirmer à lui-même que le bon fonctionnement de son nouveau bras mécanique l'avait rendu heureux au point de montrer une reconnaissance excessive. Rien de plus.

Quelques heures plus tard, Marshall avançait d'un pas confiant, bien que toujours douloureux, dans les longs couloirs des bâtiments de l'armée. Une fois arrivé devant la porte du bureau du colonel, il prit une profonde inspiration. Il allait leur montrer qu'il n'était pas encore hors service.

Il toqua et attendit l'autorisation d'entrer. Une fois à l'intérieur, il vit le colonel Warlock dos à lui, trop occuper à mettre de l'ordre dans ses documents. Il lui lança un vague « repos » sans même lui accorder un regard.

- Colonel, je sais ce que vous avez dit quant à mon futur dans l'armée, néanmoins, je viens vous demander de retrouver mon poste de sergent.

Marshall entendit le colonel Warlock avoir un bref petit rire. Et lorsqu'il daigna enfin le regarder, ses yeux se posèrent sur le bras mécanique. Immédiatement, il eut une expression de surprise qui laissa vite place à la colère.

- Anvil ? demanda-t-il simplement.

Marshall acquiesça. Il n'était pas sûr de comprendre la réaction du colonel.

- Alors ce mécanicien a encore fabriqué clandestinement un membre artificiel. Nous le lui avions pourtant interdit.

Il lui fallut un certain temps pour être sûr d'avoir compris. Marshall pensait que l'armée avait demandé à son mécanicien de lui confectionner ce bras.

- Clandestinement ?

- Oui, répondit le colonel Warlock, il l'a déjà fait pour cette femme de Stygian, et pour ces quelques estropiés qui erraient dans les rues. Ce n'est pas la première fois qu'il gaspille de si précieux matériaux. Et dire qu'ils nous servent à construire des armes. S'il s'est mis en tête de venir en aide à tous les miséreux, nous n'aurons plus d'armes pour la guerre qui s'annonce. Il ne va pas s'en tirer aussi facilement cette fois-ci.

Marshall se crispa, mais ne répondit rien. Compte tenu de ce que le mécanicien avait été forcé de faire par l'armée, il supposait qu'il tentait de se racheter en redonnant des membres mécaniques aux plus lésés. Et la ville de Zeaur débordait d'armes en tout genre, il ne pouvait imaginer qu'un jour l'armée en manquerait. Mais il voyait clairement les priorités du colonel.

Warhead  Where stories live. Discover now