Un autre monde

Chapitre 22 : La suite du carnet

J'avais passé le reste de la journée et la soirée à penser au journal de Drago. J'avais même loupé le dîner. Je n'avais pu lire dans le journal, que le début de notre arrivée ici et la suite m'obsédait littéralement. Après tout ce journal serait la preuve de la bonne foie de Drago, la preuve qu'il ne se fichait pas de moi... Dans ce que j'avais pu lire il me détestait, ce qui avait été réciproque à l'époque, mais maintenant ? Que pensait-il de moi ? Que pensait-il de l'idée de rejoindre l'ordre ? Que pensait-il vis-à-vis de l'avenir et de notre retour dans notre vrai monde ? Peut-être aurais-je également la réponse quand à sa relation avec Lydia. Car dans ce que j'avais pu lire, ses amis l'avaient empêché de fricoter avec Lydia, mais que me dirait la suite ? Avait-il finalement succombé à la jeune fille avant de s'intéresser à moi ? Peut-être qu'il ne s'intéressait d'ailleurs pas à moi en fin de compte, peut-être qu'il faisait semblant ! Je mourrais d'envie de parler de ce journal à Drago, mais jamais il ne me le pardonnerait. Après tout c'était cruellement personnel. Non il fallait que je remette la main dessus et que je le lise en entier. Par Merlin, quel genre de personne étais-je en train de devenir ? C'était sa vie privée... Pourtant il fallait que je sache à quoi m'en tenir avec lui, savoir si je pouvais lui faire confiance !

- Ca ne va pas Hermione ?
Je levai les yeux vers Ron et Harry qui me fixaient d'un air étrange.
- Si je vais très bien, répondis-je aussitôt.
- Tu n'as écris que l'introduction de ta dissertation sur l'histoire d...
- Je réfléchis figure toi, dis-je d'une voix cassante. On n'écrit pas une dissertation comme ça, en deux secondes.
Harry et Ron me lancèrent un regard insistant.
- Drago et Ginny t'ont cherché durant le dîner d'ailleurs, me lança Harry.
- Qu'est-ce qu'ils voulaient ?
Ils haussèrent les épaules.
- Mais de quoi ils avaient l'air ? Insistai-je. Stressés ? Heureux ? De mauvaise humeur ?
Ron me toisa d'un air méfiant, comme s'il me suspectait de devenir folle.
- Je n'ai rien remarqué de spécial chez Drago, mais maintenant que tu en parles, j'ai trouvé que Ginny semblait mal à l'aise, répondit Harry.
- Ouai bof, intervint Ron.
- En tout cas elle te cherchait.
Avaient-ils trouvé une solution ? Non, sinon Ginny aurait semblé prête à sauter de joie, là c'était bizarre. Je roulais le parchemin de ma dissertation à peine entamée, fermai mes livres et me levai de ma chaise.
- Tu vas où ? Drago a un entrainement de quidditch je crois, me signala Ron.
- Je ne vais pas voir Drago, répliquai-je.
Après avoir monté mes affaires dans ma chambre, je sortis de la salle commune. Le couvre feu n'allait pas tarder et je n'avais pas beaucoup de temps pour retrouver Ginny. Je savais qu'elle avait écopé d'une heure de colle avec le professeur Rogue et je décidai d'aller la rejoindre à l'étage du cours de défense contre les forces du mal.

Lorsque j'arrivai devant la salle en question, Ginny était juste en train d'en sortir.
- Hermione ! S'exclama-t-elle.
J'allais lui répondre, mais Rogue sortit de la salle à sa suite, lui passa devant et s'arrêta à mon niveau.
- Je serais vous, je surveillerais mes fréquentations Mlle Granger, après tout vous êtes la meilleure élève de Poudlard n'est-ce pas ? Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, Mlle Weasley sort d'une heure de retenue.
Je me contentai de lui sourire faiblement. Après tout, Rogue et moi étions sensés nous apprécier un minium.
Lorsqu'il eu disparu de l'étage, Ginny s'avança vers moi d'un air timide.
- Je suis désolée pour tout à l'heure... Je ne sais pas ce qu'il m'a prit. J'ai été méchante...
- Ce n'est pas grave, répondis-je heureuse de ses excuses.
- C'est juste que j'aie vraiment cru que ma meilleure amie était revenue... Mais je n'avais pas être aussi désagréable, je sais que vous faites tout pour retrouver votre monde. Je suis désolée.
Ginny semblait réellement s'en vouloir et je lui assurai que je la comprenais et que je lui pardonnais. Elle me demanda ensuite si j'avais pu rentrer en contact avec Sirius. Question à laquelle je répondis par la négative. Avec cette histoire de hiboux et de journal intime de Drago, je n'en avais absolument pas eu le temps. Cependant, j'assurai à Ginny que je m'en occuperais dans la semaine.
En remontant en direction de notre salle commune, Ginny me parla de Drago, et insista sur le fait que, malgré ce qu'elle avait pu dire plus tôt dans la journée, elle était très heureuse pour nous. Elle parlait évidemment du fait que nous étions à présent ensemble.
- J'ai lu le début de son journal intime, déclarai-je soudain comme un cheveux sur la soupe.
- Quoi ?
- Oui aussi incroyable que cela puisse paraître, Drago tient un journal.
- Je me demande si c'est le cas avec le Drago que je connais, répondit Ginny d'un air songeur. Et qu'est-ce qui était marqué dans le journal ?
- Je n'ai pu lire que les deux premières pages, Blaise est arrivé après. Je suis horribles n'est-ce pas ?
Je m'étais arrêtée de marcher et fixai Ginny d'un air honteux.
- Ce n'est pas bien c'est sûr, mais c'est humain comme réaction. Je l'aurais lu aussi à ta place. Qu'est-ce qu'il dit dedans ?
- Qu'il me déteste, que je suis une insupportable miss-je-sais-tout, qu'il aimerait me couper la langue... Enfin que des choses sympas.
- C'était au tout début alors, en conclu Ginny.
- Je sais que c'est mal, mais j'ai envie de lire la suite, dis-je à voix basse. Tu ne connais pas le Drago que j'ai connu durant cinq ans. C'était un gamin égoïste et méchant. Je veux juste m'assurer qu'il a réellement changé.
- Il a changé Hermione, c'est certain. Vous êtes ensemble non ?
- Et s'il faisait semblant ? Insistai-je le cœur battant. S'il faisait semblant pour que je l'aide à rentrer dans notre monde ? Je lui ais tout de même parlé de l'ordre du Phoenix ! S'il rentre et qu'il reste dans le camp de Voldemort, ce serait une catastrophe ! Et si je lis qu'il me déteste toujours, je pense que j'aurais dû mal à m'en remettre. Enfin, je veux dire... Je lui ais tout de même offert ma...
Je ne terminai pas ma phrase.
- Tu lui as offert quoi ? Insista GInny.
- J'ai couché avec lui pour la première fois, répondis-je la mort dans l'âme.
- Et tu regrettes ?
- Je ne sais pas. Non je ne crois pas, mais si je lis qu'il me ment depuis le début...
- Alors tu dois lire la suite du journal, me coupa Ginny d'un air sérieux. De toute façon le mal est fait, tu as déjà commencé à le lire. Si tu ne lis pas la suite, son contenu va te torturer.
J'adressai à Ginny un regard hésitant.
- Qu'on soit d'accord, lire le journal de quelqu'un est mal. Tu es rentré dans sa sphère la plus privée sans son autorisation. Mais maintenant que tu as commencé, tu ne peux plus vraiment reculer. Même si tu te retiens pendant quelques jours de le lire, tu finiras par le faire. Donc débarrasse-toi de ça le plus vite possible.
- Oui tu as raison.
Ginny et moi nous séparâmes aussitôt. Elle continua de monter en direction de notre salle commune, tandis que je descendais en direction des cachots. Peut-être que Drago était toujours à son entraînement de quidditch. Cette fois il ne fallait pas que je lise le journal dans la salle commune des garçons, surtout à cette heure-ci, il fallait que je le prenne avec moi. Je pourrais par exemple, le lire non loin de l'entrée de leur salle commune, ainsi je pourrais voir Drago revenir de son entraînement et donc faire en sorte qu'il ne remarque pas l'absence de son journal. Par Merlin, ce que je faisais était affreux...

Lorsque j'entrai dans la salle commune des Serpentards, un affreux brouhaha y régnait.
- Drago n'est pas là, me lança un élève que je ne connaissais pas.
Ce dernier était affalé dans un canapé en cuir noir, face à trois autres élèves.
- Il est à l'entrainement de quidditch, me signala l'un d'eux.
- Ah oui ! M'exclamai-je en bonne comédienne. Ils finissent à quelle heure déjà ?
Ils haussèrent tous les trois les épaules.
- Bon, je vais regarder dans les affaires de Drago, j'ai perdu ma dissertation de Potion et je suis sûr que c'est lui qui la gardé sans faire ex...
Je ne terminai pas ma phrase, constant que les élèves ne m'écoutaient même plus. C'était incroyable de voir à quel point ma présence ne gênait personne ici. Dans notre monde, je n'aurais même pas été autorisé à entrer dans la salle commune des Serdaigles, alors que là.... Chez les Serpentards. Nos deux mondes étaient vraiment différents. J'eus vite fait de récupérer le carnet et de ressortir de la salle commune des Serpentards. Je décidai de m'installer au fond du couloir par terre tout en m'assurant d'avoir une bonne vue sur l'entrée de leur salle commune.
J'ouvris le carnet à la page 3, le cœur battant. C'était un mélange d'excitation, d'anxiété et de culpabilité.


Jour 26 (samedi) : Je dois bien avouer que j'ai passé quelques bons moments au début de ce stupide jeu, surtout quand j'ai cru que Granger allait s'étouffer en entendant Weasley dire qu'il avait couché avec plus d'une fille dans sa vie. Mais la conversation s'est vite orientée vers des sujets répugnants. Apparemment Granger et moi on est ensemble depuis notre première année. Mais quelle horreur !!! Pire encore ! Elle à l'habitude de passer les vacances de Noël chez moi. Et puis quand ils lui ont demandé si j'étais un bon coup... Rien que l'idée de coucher avec elle me donne envie de vomir ! Par contre sa réponse m'a étonné. Elle aurait juste pu répondre « oui » mais au lieu de ça elle a dit que j'étais un « très bon coup ». Il faut que je fasse confiance à Granger, c'est la seule solution pour que je sorte de ce monde affreux. Il faut que je me la mette dans la poche !

Granger est une pauvre gourde qui ne tient pas l'alcool ! A cause d'elle on a gâché notre chance devant Dumbledor. On peut tous féliciter la miss-je-sais-tout pour ses bêtises ! Ma vie est calvaire depuis que je suis arrivé, un véritable calvaire. Je suis entouré de fous qui en plus m'emmerdent toute la journée pour que je ressorte avec Granger. J'en peux plus ! Cette sale gamine qui croit tout savoir, qui donne des leçons aux autres... Je déteste qu'elle me juge, ainsi que mes parents. Je ne vais pas m'excuser d'avoir le sang pur et des parents du côté du seigneur des ténèbres ! Je n'y peux rien ! Ce n'est pas ma faute.

Premier élément qui me prouvait que Drago n'était pas un fervent admirateur de Voldemort. Par contre, il me détestait toujours autant, mais l'inverse était vrai à cette époque encore. Je ne le supportais toujours pas moi non plus.

Jour 27 (dimanche) : Granger est une folle et une maniaque de l'organisation. Elle vient d'orchestrer toute ma vie de A à Z : passer du temps avec nos amis pour qu'ils ne se posent pas trop de questions, travailler nos cours, faire des recherches à la bibliothèque sur notre problème de monde parallèle, me forcer à continuer le quidditch pour donner le change... Je n'arrive presque pas à trouver du temps pour accéder à la salle sur demande. Pourtant, il faut absolument que je mène à bien la mission du seigneur des ténèbres, il en va de ma vie et de celle de mes parents !
Le pire, c'est que tous mes amis sont persuadés qu'Hermione et moi nous sommes remis en couple, et je m'en fiche. Du mois, je suis fatigué de me battre avec eux pour leur dire que « non, rien ne se passe entre elle et moi ». Ils ne me croiront jamais, surtout avec tout le temps qu'on passe tous les deux pour nos recherches. Je préfère qu'ils y croient plutôt qu'ils continuent à m'emmerder avec ça. Après tout, nous ne sommes pas dans notre vrai monde et tout ce que je veux c'est rentrer chez moi !
Je ne sais pas pourquoi Granger ne prend pas au sérieux mon idée de retour dans le temps. Je suis sûr que c'est ça la solution et si jamais je me trompe on aura rien perdu puisqu'on ne sera toujours pas dans le bon monde. Je ne comprends pas qu'elle ne veuille même pas essayer ! Si on retourne suffisamment en arrière pour éviter que ma potion explose, cela pourrait résoudre notre problème. Pourtant j'essaye de faire des efforts pour qu'elle me fasse confiance, comme lorsque je lui ai proposé qu'on s'appelle par nos prénoms pour éviter de se faire griller. Elle est constamment sur la défensive, elle est exaspérante.

Je me souvenais du jour où Drago m'avait proposé l'idée de remonter le temps, j'avais trouvé ça aussitôt stupide. Mais après plus de deux mois, il était peut-être temps de reconsidérer cette possibilité. Après tout, nous n'avions rien à perdre en effet. J'hallucinais tout de même un peu en voyant que Drago trouvait que j'étais trop sur la défensive. Il ne considérait que son point de vu ! Ne pouvait-il par comprendre que c'était difficile de lui faire confiance ? Il était tout de même du côté de Voldemort !

Granger est devenu complètement hystérique au dîné. Elle s'est mise à pleurer dans le hall ! Elle a pleuré devant moi, ce n'est pas possible d'avoir si peu de pudeur ! Bon d'accord le seigneur des ténèbres n'existe pas dans ce monde, où du moins il n'existe pas comme on le connait et du coup elle est déçue de ne pas être née ici, mais tout de même ! Ce n'était pas la peine de se mettre dans un état pareil.


Histérique moi ? Je venais d'apprendre que Voldemort n'existait pas !

Jour 28 (lundi) : Hier soir Hermione m'a parlé des films moldus. C'est idée de fou, dommage que ce soit les moldus qui y aient pensé en premier. Mais bon, c'est un concept hallucinant et c'est moi qui vais l'implanter sur le marché sorcier. Je vais devenir milliardaire !

Visiblement Drago croyait réellement dur comme fer à cette idée... J'osais espérer que depuis le temps, il avait oublié. Mais au moins, j'avais la preuve qu'il ne faisait pas semblant pour ça.

Jour 29 (mardi) : Mes parents m'ont foutus une pression de dingue pour que Granger soit présente pour les vacances de Noel. J'ai tellement peur de les décevoir. Bon en même temps, ce ne serait pas super d'avoir Granger collée à moi pendant deux semaines, mais ma mère à l'air de vraiment y tenir... Granger ne voudra jamais venir chez moi ! Je ne sais pas comment je vais faire ! Bon, je vais prendre mon courage à deux mains et lui en parler. Et puis franchement, c'est mieux que d'être tout seul coincé dans ce monde. J'aurais préféré que ce soit avec quelqu'un d'autre que Granger, mais c'est toujours ça.

Jour 36 (mardi) : J'ai vraiment pris sur moi durant plus d'une semaine. Je crois que je n'ai jamais été aussi si gentil avec quelqu'un et Granger m'accuse de la harceler. Elle n'est vraiment pas croyable ! Je fais des efforts et elle ne s'en rend même pas compte. Bon d'accord, c'est juste pour qu'elle vienne passer noël chez moi et que je puisse faire plaisir à mes parents, mais tout de même. Elle pourrait prendre en compte que je me démène pour être agréable avec elle, même nos amis l'ont remarqué. Pour une fois qu'ils sont de mon côté d'ailleurs !

Jour 37 (mercredi) : Je me rends compte que je passe pour un idiot, pour le dindon de la farce, pour le mec qui s'accroche à une fille qui n'en a rien à faire. Oui ! Tout le monde croit que je suis aux pieds de Granger et que je fais tout pour la récupérer. Ca en devient humiliant. Et le pire c'est qu'elle ne veut toujours pas venir chez moi pour Noel. Elle m'énerve !

Jour 38 (jeudi) : La situation commence à s'inverser à mon grand bonheur et au malheur d'Hermione. Tout le monde commence à soupçonner Hermione de regretter de m'avoir quitté étant donné qu'on est toujours fourré ensemble et que c'est souvent elle qui vient à ma rencontre. Voir Hermione s'énerver à ce sujet est encore plus drôle !

Drago était vraiment un sale gamin !

Jour 39 (vendredi) : Aujourd'hui j'ai eu le droit à une scène assez mythique. Nous avons reçu successivement des lettres de nos parents pour qu'on passe les vacances ensemble. Je dois dire que Granger est très drôle quand elle s'y met. Surtout lorsqu'elle m'a fait croire qu'elle acceptait finalement de venir chez moi pour les vacances. Comme si j'étais assez stupide pour la croire. C'était évidemment à cause de la lettre de ses parents. Le problème c'est qu'on va passer nos vacances ensemble alors que mes parents ne seront même pas là ! Quel gâchis. Je vais vraiment devoir me coltiner Granger toute la journée. Si ils avaient été là, je suis certain que ma mère serait allée faire des trucs de fille avec Granger, mais là ... On va être tous seuls, je ne sais pas si je vais réussir à la supporter pendant deux semaines.

Jour 46 (vendredi) : Granger finit par être vexante. Elle a tiré la tronche durant presque tout le trajet en train parce qu'elle venait chez moi pour les vacances. Il faut qu'elle arrête, c'est moi qui devrais être le plus blasé car c'est chez moi qu'elle va squatter pendant deux semaines sous la surveillance de mon elfe. Elle n'a pas le monopole de la mauvaise humeur alors j'apprécierais qu'elle arrête de toujours en faire des tonnes. Ce qui m'agace le plus c'est qu'elle arrive aussi à me faire rire, même si ce n'est pas voulu. Je préférais la détester à longueur de journée mais elle a des réactions parfois... Comme lorsqu'elle m'a demandé si je pensais que le Drago et Hermione de ce monde avaient couché ensemble. Je n'ai pas pu m'empêcher de rire tellement sa question était ridicule et la mettait mal à l'aise. Mais le mieux c'est que j'ai découvert à cet instant une nouvelle manière de l'embêter : la mettre mal à l'aise ! Il est finalement possible que ces vacances ne soient pas une totale catastrophe. Torturer Granger peut être très drôle.

Je refermais aussitôt le carnet d'un geste paniqué. Je jetai un œil au passage menant à la sale commune des Serpentards. Un groupe d'élève s'y pressait, mais ils étaient très jeunes, surement des premières années, et Drago n'était pas avec eux. Je gardai le carnet quelques minutes fermé sur mes genoux en songeant à ce que je venais de lire. Ce qui me surprenait, c'était que depuis le début de ma lecture il n'y avait pas eu la moindre insulte concernant mon sang. Drago n'avait visiblement m'a mentit lorsqu'il m'avait assuré plusieurs fois, ne rien avoir à faire de mon arbre généalogique et donc de la nature de mes parents et de la mienne. Malgré tout, lire ses lignes m'avais tout de même atteint, attristé. Certes nous nous détestions à l'époque, mais lire ça maintenant, dans l'état actuel des choses, me touchait tout de même. Pourtant, sur les dernières lignes que Drago avait écrites, il disait commencer à me trouver drôle. Ce n'était pas drôle dans le sens que j'aurais aimé, mais il ne semblait déjà plus me détester autant qu'avant. Je consultai l'heure à ma montre, vingt-et-une heure. Il fallait que je reprenne ma lecture, la fin de l'entrainement de Drago n'allait certainement par tarder et je voulais en lire le plus possible.


Jour 47 (samedi) : Granger m'a emmené voir un film dans une salle avec un énorme écran. Oui, je crois que c'est comme ça que cela s'appelle. Je dois bien dire que ce n'était pas si horrible que cela d'être entouré de moldu, et puis ça valait le coup. C'est génial un film ! Génial. C'est bien mieux que n'importe quel livre.
Le meilleur moment a quand même été lorsque j'ai passé mon bras autour des épaules de Granger. J'aurais payé cher pour avoir une photo de cet instant, surtout quand je lui ais fait croire que c'était pour faire comme les moldus, que je croyais qu'il fallait qu'on le fasse nous aussi pour se fondre dans la masse. Je ne comprends même pas qu'elle m'ait cru !
Le deuxième bon point de la journée est qu'elle a accepté de faire une pause de deux semaines dans nos recherches. Merci Merlin ! Je vais quand même pouvoir avoir un semblant de vacance.
Le troisième bon point de la journée, c'est qu'Hermione a prévu de passer son lendemain après-midi avec la fille Weasley ! Je suis débarrassée d'elle ! Merci merci !

Drago était définitivement un sale gamin ! J'aurais dû me douter qu'il avait fait exprès de passer son bras autour de mes épaules au cinéma !

Jour 48 (dimanche) : Je sais que Granger me prend pour un crétin finit lorsque je lui parle d'implanter les films sur le marché sorcier. Bon peut-être qu'au début l'idée m'a réellement traversé l'esprit, mais je sais que ce serait impossible, je ne suis pas stupide ! Quelque chose venant des moldus dans notre vrai monde ? Avec le seigneur des ténèbres, avec mes parents ? Je serais le premier tué si j'ébruitais cette idée ! Mais ce que Granger ne sait pas c'est que j'ai un nouveau plan. Je ne compte pas retourner dans notre monde, c'est tout bonnement hors de question ! Je vais implanter les films, mais ici. Nous sommes tous en sécurité et personne ne nous embête avec des histoires de sangs purs et impurs. Je veux être tranquille et il n'y a que dans ce monde que cela pourra être le cas. Je ne retournerais jamais d'où je viens, tout est plus simple ici.

La fille Weasley est au courant de notre secret grâce à Granger, mais ce n'est pas ce qui m'a le plus énervé. Ce qui m'a mit hors de moi, c'est la manière dont elle m'a traité et décrit devant sa meilleure amie. Elle m'a décrit comme un monstre voulant tuer les moldus et les sorciers issus des moldus. Ce n'est pas moi, je n'ai jamais fait de mal à qui que ce soit. Je ne m'en suis jamais pris aux personnes comme elles, du moins pas physiquement. Le pire c'est que Granger n'a pas compris pourquoi je ne lui parlais plus après. Elle a beau être la plus intelligente de Poudlard, son cerveau tourne parfois au ralenti ! Pour la première fois je lui ais dis vraiment tout ce que je pensais, que pour moi son sang n'était pas impure et que tout ce que je lui rapprochais c'était d'être une insupportable miss-je-sais-tout qui croyait tout savoir sur tout le monde. Je lui ais dis qu'avec ma famille et notre camp je n'avais pas vraiment le choix, qu'on ne m'avait jamais demandé mon avis. Dans mon élan, je lui ais même avoué qu'elle avait tout ce que j'avais toujours désiré, que j'aurais rêvé avoir une vie aussi calme et parfaite que la sienne. Mais pire encore, je lui ais avoué que Voldemort m'avait confié une mission cette année. Je ne lui ais pas dis de quoi il s'agissait mais le mal est fait. Elle est au courant.
Finalement ce n'est pas si important, je ne retournerais jamais, jamais dans l'autre monde. Il faudrait me tuer et trainer mon corps au sol pour ça.

J'avais envie de tuer Drago et à la fois de le prendre dans mes bras. Rester dans ce monde ? Mais était-il sérieux ? Y pensait-il vraiment ? Là j'avais vraiment envie de me lever, de le rejoindre à son entrainement de quidditch et de lui jeter son journal à la figure ! Mais le deuxième paragraphe m'avait beaucoup ému. C'est vrai que j'avais toujours jugé Drago, mais c'était normal de juger quelqu'un quand à son apparence, son paraître, sa manière de se comporter en surface. C'était humain. Mais il n'avait pas intérêt à reparler du fait de rester ici dans les prochaines pages. Il n'avait pas intérêt !

Jour 49 (lundi) : Hermione et moi avons fait comme si rien ne s'était passé hier, comme si nous ne nous étions pas disputés. Et c'est tant mieux. On a répondu à la lettre de Ginny et ses questions sur notre monde, puis on lui a posé des questions à notre tour. J'ai ensuite eu l'idée d'apprendre à Hermione à monter sur un ballais. On va passer deux semaines ensemble, il faut bien qu'on trouve à s'occuper. Ce qui a été étrange c'est qu'elle a accepté assez vite et j'ai même l'impression que c'était pour me faire plaisir. Ce n'est pas mal finalement de se disputer avec elle, car elle se sent si coupable après, qu'elle fait tout pour se faire pardonner. En fait, elle n'a pas le vertige comme elle s'est plu à le dire, elle a juste peur. Sa démonstration était pitoyable, du coup je l'ai fais monté derrière moi. Ce n'est pas tant que je voulais lui montrer mes capacités en la matière, c'était plus que je voulais qu'elle comprenne ce qu'il y avait de si agréable dans le fait de s'élever dans les airs. Je voulais qu'elle ressente ce plaisir et cette sensation.
C'était vraiment agréable pour une fois d'aider quelqu'un, de le rassurer, de la motiver. C'est la première fois que je faisais quelque chose comme ça et je dois dire que c'était plutôt plaisant. J'avais vraiment l'impression de servir à quelque chose, mais si Hermione n'attendait qu'une chose : descendre du ballais.
Je viens de remarquer qu'aujourd'hui je l'ai appelé par son prénom. Enfin je l'appelle toujours par son prénom, mais pas là, pas lorsque j'écris. De toute façon c'est normal de l'appeler par son prénom, je veux dire, on n'est pas ami, mais on passe quand même beaucoup de temps ensemble. Dans le fond, on voit bien qu'on arrive à s'entendre à certains moments.

Jour 50 (mardi) : J'ai décidé de décrisper Hermione. Ce n'est pas possible d'être aussi sérieuse qu'elle, personne ne lui a appris à s'amuser ! Eh bien moi je vais le faire.

Jour 51 (mercredi) : Elle se laisse allée et c'est génial. Elle n'est pas si ennuyeuse que je le pensais, elle est même très drôle quand elle s'y met. Je sais que ce n'est pas complètement désintéressé ce que je fais. Je me dis que si elle s'amuse, qu'elle m'apprécie, qu'elle aime ce nouveau monde, peut-être qu'elle arrêtera ses recherches pour retrouve notre vrai monde. Peut-être qu'elle restera ici ? Enfin non, ce n'est pas que j'ai envie qu'elle reste, je veux juste qu'elle ne m'entraine pas dans son retour. Non en fait, j'aimerai bien qu'elle reste, parce qu'elle est dans le secret et je ne sais pas si j'arriverais à vivre éternellement dans ce monde sans elle. Je dis n'importe quoi, non je n'ai pas besoin d'elle, mais c'est vrai que ça pourrait être plus sympa. Enfin je ne sais pas.

Hermione est vraiment marrante, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant amusé. Je ne comprends pas qu'elle ait envie de rentrer ! Il n'y a pas de mangemorts ici, pas de danger, pas de Voldemort ! Personne n'est en danger de mort ! Quand je lui ais proposé de changé nos apparences j'étais presque sûr qu'elle refuserait, mais non ! Elle a joué le jeu, c'est hallucinant !


Par Merlin, ce dernier passage datait de seulement de deux semaines ! Deux semaines !!! Dans un sens ce qu'il avait écrit sur ce dernier jour était ce que j'espérais trouver. J'aurais voulu lire qu'il commençait à m'apprécier, mais cela prenait une toute autre tournure. Rester dans ce monde était vraiment son but... Pire, il voulait faire en sorte que je reste ici avec lui. C'était hors de question ! Nous ne pouvions pas rester là, ne comprenait-il donc pas ? Ce n'était pas nôtre monde ! On aurait dit qu'il devenait fou... qu'il perdait totalement l'esprit. Certes je voyais bien qu'il avait tout à gagner en restant ici, mais ce n'était pas nôtre réalité ! Moi aussi je trouvais ce monde merveilleux, il n'y avait aucun danger, aucun mort, Harry avait sa famille, mais nous ne pouvions pas rester. Nôtre vie n'était pas ici.
Je refermai aussitôt le journal avec précipitation. Plongée dans mes pensées, je n'avais pas entendu les joueurs de quidditch approcher et Blaise venait de passer le passage secret menant à leur salle commune. Drago et les autres devaient être devant ! Non d'un hippogriffe, il fallait vite que je les rejoigne.
Je me relevai précipitamment et donnai le mot de passe pour entrer.
- Blaise ! L'interpelai-je. Où est Drago ?
Ce dernier venait de s'affaler sur un fauteuil et leva son regard vers moi.
- Très bonne question, répondit-il. Il a loupé l'entrainement de quidditch !
- Quoi ?
- J'imagine que si tu le cherches c'est que tu ne sais pas non plus où il est ?
Je secouai la tête tandis que Blaise levait les yeux au ciel.
Mais où était-il donc ? Etait-il revenu ici plus tôt sans que je le voie ? C'était possible après tout, j'avais été très absorbé par ma lecture. M'avait-il vu ? M'avait-il vu en train de lire son journal ? Par Merlin, ce serait horrible si c'était le cas. Jamais il ne me le pardonnerait. Mais pourquoi ne m'avait-il rien dit ? Non, si Drago m'avait vu faire, il me l'aurait fait remarquer, il m'aurait même certainement hurlé dessus, mais s'enfuir n'aurait pas été son genre. Non. Il avait dû se passer autre chose. Mon dieu ! Lydia ! Je l'avais envoyé voir Lydia. Je parcourrai la salle commune du regard avec nervosité. Aucune trace d'elle. Etait-elle dans son dortoir ? J'aurais voulu aller vérifier, mais ne serais-je pas passer pour une folle ? Et si elle avait définitivement réussis à mettre le grappin sur Drago ? Mon Drago. J'émis un faible rire, totalement dénué d'humour.
« Mon Drago » alors que je venais de lire près de la moitié de son journal intime. Je ne méritais pas de l'appeler ainsi.
- Qu'est-ce qu'il se passe Hermione ? Me demanda Théodore en posant une main sur mon épaule.
Je ne répondis pas. Mais qu'avais-je donc fait en envoyant Drago lui parler ! Où peut-être m'avait-il réellement vu en train de lire son journal, peut-être avait-il même quitté Poudlard à cette heure-ci. J'eu une terrible nausée et son journal intime que je tenais dans la main sembla peser une tonne.
- Où sont vos toilettes ? Demandai-je d'une voix faible.
- Comme d'habitude Hermione, à l'étage, répondit Blaise en riant. Ils n'ont pas changé de place tu sais.
- Mais tu ne vois pas qu'elle veut qu'on l'accompagne ! S'exclama Daphné en s'approchant de moi. Ce que tu peux être bête Blaise, elle est toute blanche.
Daphné entreprit d'attraper mon bras, mais je me dégageai violemment de son contact.
- Ne me touche pas toi, lui lançai-je d'une voix venimeuse.
Je n'avais pas oublié qu'elle avait essayé de se rapprocher de Drago pendant les vacances, et d'ailleurs je n'oublierais jamais.
D'autres bras m'attrapèrent et je reconnus la voix de Pansy qui m'intimait d'avancer. Je m'exécutai enfin, sans lâcher le précieux carnet de Drago.

Pour info, j'ai écris le journal de Drago parallèlement à mon histoire, après chaque écriture de chapitre. Donc tout ce qui est écrit dans le carnet concorde parfaitement avec l'histoire actuelle. C'est juste qu'on a ainsi un point de vu de Drago sur tout ce qu'il s'est passé ^^