- Alors, tu es un oméga. Tu n'as ni faction ni clan. Apportez-lui à boire.

Uriel s'était adressé aux quatre autres membres de son clan. Immédiatement, Aniel fit tomber sur le sol son sac à dos et fouilla à l'intérieur pour trouver une gourde qu'elle tendit ensuite à Uriel.

Lorsqu'il s'approcha du blessé pour l'aider à boire, Uriel comprit alors que l'eau n'avait plus coulé dans sa gorge depuis bien longtemps. L'homme retrouva un peu plus d'énergie et à peine eut-il senti le froid mordant du liquide, qu'il se releva légèrement et agrippa le bras d'Uriel, comme de peur que la gourde ne lui soit retirée trop tôt. Mais Uriel le laissa boire jusqu'à la dernière goutte, étanchant ainsi sa soif pour un moment.

- Est-ce que tu crois que tu peux marcher ? Nous ne pouvons pas rester ici très longtemps, cette zone est infestée de gazes. On ne distingue même pas les nuages.

Pour toute réponse, l'homme acquiesça. Cependant, Uriel prit le temps de le détailler, et il n'était pas sûr qu'il soit en mesure de suivre leur rythme de marche. Ses joues étaient creusées, son teint était livide. Seuls ses yeux semblaient étonnamment vifs et pleins de vie. Pour le reste, il avait plutôt l'allure d'un vieux cadavre laissé au soleil.

- Nous pouvons te porter sur quelques kilomètres, le temps que tu retrouves un peu tes forces, nous avons une civière. Mais après ça, il te faudra marcher. Nous sommes fatigués nous aussi et il nous reste bien une bonne journée de marche avant de sortir de cette purée de pois.

L'homme continua de fixer Uriel avec intensité. La sensation de se sentir prisonnier de son propre corps, d'être limité par ses faiblesses était terrible, Uriel le savait très bien. Cependant, c'est tout ce qu'ils possédaient pour survivre.

La civière fut déployée et Uriel, aidé de Daniel, hissa le blessé. Il fut convenu qu'ils commenceraient à le tracter, et que le tour suivant reviendrait à Aniel et Jeliel. Tous les quatre étaient encore relativement en forme, alors qu'Haziel avait du mal à respirer depuis quelques jours. De la nourriture, quelques bouts de viandes de rongeur séchées, fut donnée au blessé pour l'aider à se rétablir au plus vite.

Ils marchaient depuis déjà des heures. Lentement, l'épais brouillard s'était quelque peu dissipé. A présent, l'homme marchait. Il était à la traine, et Uriel le surveillait constamment pour veiller à ce qu'il ne s'évanouisse pas, mais il les suivait. Cependant, il n'avait pas encore prononcé le moindre mot.

Lorsque la faible lumière diurne diminua, la nuit commença doucement à s'installer, chassant la chaleur étouffante, laissant place au froid incisif.

Ils étaient tous exténués, et il leur fallait s'armer de couches supplémentaires pour survivre à la nuit. Uriel décida qu'il était temps qu'ils s'arrêtent pour passer la nuit. Ils étaient sur une terre gondolée de collines plus ou moins hautes, idéale pour s'y abriter.

Au pied d'une bute à la pente raide, ils établirent leur campement. Jeliel avait été chargé de s'occuper de chauffer de quoi manger. Haziel quant à lui, toujours aussi faible, dormait déjà.

L'homme qu'ils avaient recueilli s'était légèrement éloigné d'eux et fixant un point sur l'horizon. Uriel décida qu'il était temps d'aller lui parler.

Sans s'annoncer, il s'installa à côté de lui et observa pendant un temps la même direction. Puis, il enleva le masque qui lui recouvrait le visage pour se sentir plus libre.

Lorsque l'inconnu posa pour la première fois les yeux sur son visage nu, il se figea. Pendant de longues secondes, il le scrutait avec une expression étonnée. Les yeux d'Uriel possédaient une particularité surprenante, ils étaient de couleur distincte, l'un était bleu, l'autre marron. Le contraste était saisissant. Il était sans doute le résultat d'une mutation causée par les retombées radioactives.

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