Chapitre 2 : « Je suis une Quoi ? »

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Un silence de plomb accueillit cette révélation. L'homme en noir releva le menton, dans un signe de défi, Merlin ronronna de plus belle, et Jane cligna des yeux. Les minutes s'égrainèrent avec lourdeur, jusqu'à ce que la bouilloire émette son sifflement d'usage. Fronçant les sourcils, la jeune écrivain grimaça avant de se risquer à répondre :

« Vous avez tout de même conscience que, bien que cela soit un élégant nom de scène, cela ne me dit nullement qui vous êtes et ce que vous venez faire chez moi... ? »

Le vieillard pouffa de rire, tout en continuant de préparer le thé. Quant à l'homme revêche, son rictus s'élargit en une sorte d'ébauche de sourire. Jane était perdue, elle ne goûtait pas à l'hilarité générale et en venait à regretter de ne pas s'être munie d'un couteau de cuisine avant d'ouvrir la porte. Malheureusement pour elle, elle se trouvait être affublée d'un pyjama Batman, et de chaussons en forme de pattes de Wookie. Autant dire qu'elle inspirait tout, sauf le respect. Albus Dumbledore servit le thé, non sans adresser un regard plein de malice à la jeune femme et prit place sur une chaise à ses côtés. Jane se tortilla sur la sienne, mal à l'aise de voir le vieil homme sabrer délibérément sa tentative de prise de distance. Ni lui, ni l'homme en noir ne répondirent immédiatement. Ils se contentèrent de touiller en silence leur breuvage et de souffler dessus avec soin. Elle, en revanche, refusa d'y toucher, s'imaginant déjà droguée, puis ligotée à un pilori, entourée de flammes, le tout sous un chapiteau de cirque regroupant tous les pervers hilares adorateurs de spectacles douteux. Toute à son imagination, la jeune femme détailla l'homme en noir, imaginant déjà quel rôle il jouerait dans son scénario grotesque. Un éclair passa dans les yeux de celui-ci et son rictus goguenard s'élargit de plus belles, dans un sourire carnassier :

« Non, Miss, je ne suis pas « dresseur de petite scribouillarde », et je ne compte pas vous maltraiter avec un fouet pour des raisons commerciales. » Murmura-t-il d'une voix profonde, semblant lire dans les pensées de la demoiselle.

Cela déclencha un éclat de rire de la part du vieil homme, manifestement ravi de la situation.

« Quelle imagination débordante Miss Smith ! S'exclama-t-il d'une voix enjouée. Nous ne sommes pas des forains ou des maniaques de la torture.

— Parlez pour vous, Albus. Souffla l'homme en fixant délibérément Jane d'un regard de prédateur.

— Allons, Severus, vous ne voyez pas que vous faites peur à cette pauvre enfant ? Miss, ce n'est pas un nom de scène. Je suis Albus Dumbledore, Directeur de l'école de sorcellerie Poudlard. »

Jane se pinça les lèvres, hochant la tête comme pour acquiescer sans pour autant décider si les deux étaient fous ou bien la prenaient pour une idiote. Elle réfléchit un instant, retournant la dernière phrase du vieillard dans sa tête, avant d'opiner une nouvelle fois. Après tout, pourquoi pas, il y a bien des écoles de clowns, des écoles de geishas... Il est tout à fait logique qu'il existe des écoles de magie. Non ? Albus poursuivit :

« Mon collègue ici présent se prénomme Severus Snape, il est Maître et Professeur de Potions à Poudlard. »

La ride du lion reprit pleinement sa place sur le front de la jeune femme. « Potions » ? Quel rapport avec la lévitation, les lapins et les disparitions... ? Jane secoua la tête, se refusant pour le moment à comprendre autrement le mot « sorcellerie ». Elle touilla machinalement son thé, gardant obstinément le silence.

« Miss... Vous comprenez ce que je suis en train de dire ? Demanda doucement le Professeur Dumbledore.

— Eh bien... Oui, je crois. Vous dirigez une sorte de centre pour apprendre les tours de magie aux jeunes talents. Une sorte de « Magic Academy » moderne, je suppose ? Répondit Jane sans même relever les yeux de sa tasse. »

A la MoldueWhere stories live. Discover now