Chapitre 1

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Le jeune homme leva ses yeux brun vers le vieux bâtiment. Son souffle formait des vagues de brume dans la froideur de la matinée, s'envolant, libérées, dans le ciel déjà gris de l'aurore. Il faisait froid ce matin là et son simple pull bleu marine ne lui tenait pas assez chaud. Il avait tout le temps froid maintenant, de toute façon. Sans vraiment s'en rendre compte, il renfonça son bonnet sur ses oreilles et croisa les bras contre son corps amaigrit, tremblotant. Ses yeux étaient fixés, imperturbables sur ce qui serait sa future maison, son futur foyer pendant quelques semaines. Le garçon, Thomas de son prénom, ferma les yeux et expira fortement. Peut être était-il stressé ? Ou peut être avait-il peur de faire parti maintenant des personnes qu'on appelaient « malades » ? Il ne réalisait pas, c'était certain. Les gens devaient se demander ce qu'un jeune homme faisait là, seul, sur le parking d'un hôpital misérable, à attendre inerte, son vieux sac de cours sur le dos, un autre dans sa main. Comment tout cela avait commencé déjà ? Comment ?

C'était peut être ce jour là, de l'annonce. Celui où il était allé chez son médecin parce qu'il avait mal au coin du ventre. Il aimait bien son médecin, il était simple, très gentil et suivait Thomas depuis son enfance. Thomas adorait aller chez lui, avant, parce qu'il y avait des jouets près du bureau vraiment cool et le cabinet sentait bon les produits. Il y avait de quoi s'amuser en plus, des stéthoscopes, la balance en mousse, les dossier dans un coin. Depuis tout petit, il rêvait d'avoir le cabinet pour lui tout seul et fureter dans toutes les pièces et les recoins . Mais depuis« l'annonce », le cabinet venait de transformer les beaux souvenirs en mémoire douloureuse. Le médecin avait, comme à son habitude, demander à Thomas comment il allait. Et le jeune homme lui avait dit qu'après son entraînement d'athlétisme hebdomadaire, il avait constamment mal au ventre. Son docteur l'avait immédiatement consulté. Allongé sur la table d'auscultation, Thomas sentais le médecin palper son ventre, utilisant divers instruments qu'il n'avait jamais vus. Thomas se souvint parfaitement de ce moment. Ce moment ou le visage tranquille et avenant de son docteur avait été pris d'une ombre d'inquiétude, qui avait fait trembler le patient. Sans demander son reste, le docteur secoua vivement Thomas, et le précipita sur la balance, les lèvres pincés et les yeux plissés. Thomas ne comprenait pas, ne voulait pas comprendre pour ainsi dire. Il laissa le docteur faire, mais un coup d'oeil à la balance le fit lui aussi trembler. 6Kg de moins. 6Kg de moins que les trois semaines passés. Ce n'était définitivement pas normal. Sans plus attendre, son docteur avait contacter ses parents, puis des personnes du métier lui réservant des séries d'examens plus saugrenus les uns que les autres. Thomas avait suivit le mouvement, faisant sans broncher chacun des exercices des tests, pendant quelques jours, vaquant d'un cabinet à un autre, toujours plus inquiet, plus mal.Et puis le verdict était tombé. Cancer de l'estomac. Il ne pouvait plus manger ce qu'il voulait, vomissait presque tous les jours, ne pouvait plus continuer sa passion, à savoir l'athlétisme, et par dessus tout, il pouvait mourir. Mais Thomas avait de la chance dans sa malchance, comme disait son père, son cancer était soignable, puisque pas trop développé. Il était sûr d'en réchapper. Il suffisait de lui enlever la tumeur et une partie de l'estomac et le travail était finis ! Même pas besoin de chimio ! N'empêche qu'il restait inquiet. Et s'il ne pouvait plus continuer le sport, et s'il allait rater son examen en FAC. C'était tout ce qui lui tenait à cœur. Allait-il rater sa vie juste à cause de ce cancer, pas facile à soigner pour tout le monde, certes, mais léger dans son cas ? Thomas allait s'en sortir, il fallait juste être patient. Trois semaines d'hospitalisation et c'était finis, il pouvait reprendre sa vie d'avant.

Le garçon reprit finalement usage de son corps, lorsque celui ci trembla plus violemment qu'à l'accoutumée, et marcha d'un pas lent vers l'entrée de verre de l'hôpital. Lorsqu'il franchit les portes, il fut presque immédiatement pris de nausées. L'odeur. Il avait le souvenir d'aimer cette odeur avant. Avant. Il regarda les murs immaculés, la vitesse des actions de la foule. Le jeune se dirigea vers le bureau d'accueil, manquant au passage de renverser une enfant. Une plante verte jaunissait à vus d'oeil sur le comptoir. La dame d'accueil avait tout du cliché. Elle était vieille, d'un blond sale, en léger surpoids et l'air aussi aimable qu'un ours qu'on aurais réveillé en pleine hibernation. La secrétaire leva ses yeux porcins à travers ses lunettes en demi-Lune pour détaillé le jeune homme.

Le lit d'à côté (Newtmas)Where stories live. Discover now