L'hypothèse interdite

~ Eden ~

Elle finit par débarquer dans ma chambre, l'air inquiet.

— Hé, ça va ?

Je referme le téléphone, le garde entre mes doigts.

— Je... je crois que je pourrai pas sortir ce soir.

Je m'assois sur le lit, la tête entre les mains. Le sol tangue un peu sous mes pieds. Noah s'approche aussitôt, paniquée.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Je relève les yeux. Ils me brûlent. Et avant même que j'aie le temps de répondre, elle m'enlace. J'ai pas la force de résister. Ma tête retombe contre son épaule et les larmes sortent toutes seules.

— Eden, parle-moi. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— C'est... c'est Madame Belmont. Elle m'a envoyé un message.

— Et ?

Je souffle, essuie mes yeux, tente de parler sans trembler.

— Au début de l'année, elle m'a proposé de travailler sur sa thèse. J'ai voulu dire non, mais... elle m'a pas laissé le choix. Le deal c'est quand elle a besoin de moi, je dois être là et apparemment c'est ce soir...

Noah recule un peu, me regarde comme si elle essayait de comprendre.

— Attends, je croyais que c'était Madame Blake qui t'avait proposé un projet ? Pour t'aider à remonter tes notes ?

— Si. Mais Belmont l'a su. Et elle voulait pas que j'aille avec madame Blake.Alors elle m'a pas laissé le choix et m'a fait sa proposition sur sa thèse.

Elle reste silencieuse un moment. Je sens qu'elle essaie de pas juger, mais ça se lit dans ses yeux.

— Tu peux arrêter de lui répondre, tu sais.

Je secoue la tête.

— Non et puis la thèse, c'est pas... c'est pas si mal.

— Comment elle l'a pris madame Blake ?

— La aussi c'est le problème... j'avais pas réussi à lui dire non mais j'ai pas osé non plus lui parler pour la thèse...

— Dans quoi tu t'es mises... Bon c'est pas grave ça on verra plus tard.

Elle sourit doucement, mais je vois qu'elle y croit pas vraiment.

— C'est pas grave si tu viens pas, tu leur diras juste que t'es prise.

— Je veux pas qu'ils sachent.

— Eden, t'as pas de compte à leur rendre.

Je hausse les épaules.

— Au moins on sait pourquoi elle est plus gentille avec toi...

Un petit sourire en coin apparaît sur les lèvres.

— Tu sais... elle est pas plus gentille avec moi. Elle l'ait parfois mais quand on parle de travaille c'est tout le contraire.

— Et t'arrives à suivre ?

Je hoche la tête, sans grande conviction.

Noah soupire et se relève.

— Bon, j'vais me préparer. Envoie juste un message sur le groupe, d'accord ? Et t'en fais pas, c'est pas grave si tu viens pas.

Je hoche la tête encore une fois. Elle quitte la pièce. Le silence retombe.

Noah et Leandro partent en même temps. Moi je me tiens devant la porte, le sac posé à côté de moi, le cœur un peu serré. La voiture arrive exactement à l'heure. Le moteur s'éteint, et je vois Andrea descendre calmement.