Je claque la porte un peu plus fort que prévu. L'air frais du couloir me fouette le visage, comme pour effacer le rouge qui me brûle encore les joues. Je traverse le campus sans vraiment faire attention à qui se trouve sur mon chemin, mes mains agrippant les lainières de mon sac et mon pas un peu rapide.
Une fois chez moi, je balance mes affaires sur le lit. Le silence est épais, presque étouffant. Je me change vite, jean noir, pull oversize. Pas envie de me regarder dans le miroir, pas envie de réfléchir à ce qui vient de se passer. J'attrape mon téléphone, mes clés, et je sors.
— Eden !
Je me retourne et souffle un peu. Noah arrive en courant dans le couloir. Ses cheveux sont un peu en désordre, elle a sûrement quitté sa chambre en vitesse.
— Où tu vas ?
— Sortir, répondis-je sèchement.
— Où ça ?
Je souffle, baisse un instant les yeux avant de relever la tête.
— Au même endroit qu'hier.
Elle fronce les sourcils.
— Je viens avec toi.
— Non. Je préfère être seule.
Elle me regarde comme si elle cherchait à lire entre mes mots, mais je détourne le regard. Finalement, je fais demi-tour, reviens vers elle et dépose un rapide baiser sur sa joue.
— À plus tard.
Je pars avant qu'elle ne trouve quoi répondre.
Dehors, l'air est froid, mais ça ne me dérange pas. Mes pas me guident presque automatiquement, comme s'ils savaient mieux que moi où je devais aller. Le trottoir défile sous mes chaussures, les néons des enseignes commencent à se refléter sur les flaques de pluie.
Le bar est là, au coin de la rue. La façade n'a pas changé depuis la dernière fois où j'y venais régulièrement. C'était... avant.
En poussant la porte, une bouffée de chaleur et d'odeurs familières m'enveloppe : bois ciré, café, bière. La musique en fond est douce, rien de trop envahissant. Quelques têtes se tournent, puis reprennent leur conversation.
— Tiens, la petite Morel, lance une voix grave.
Je lève les yeux et croise le regard du patron, un grand type à la barbe poivre et sel et au sourire franc.
— Salut, Marc.
Il essuie ses mains sur un torchon avant de s'appuyer sur le comptoir.
— Ça faisait longtemps... On m'a dit que tu étais déjà passé hier ?
J'acquiesce, esquissant un petit sourire.
— Ouais.
— Attention à toi.
— Comme avant.
Il comprend, sans poser plus de questions. Il me sert un verre et le pose devant moi, avec ce geste tranquille qui me rappelle pourquoi j'ai toujours aimé venir ici.
Marc glisse le verre vers moi, mais garde sa main dessus une seconde de plus.
— Non justement. Deux verres, Eden. Pas un de plus. Tu sais pourquoi.
Je hoche la tête, les yeux fixés sur le liquide ambré.
— Ouais... je sais.
— Je te le dis pas pour t'embêter, hein. C'est juste... je te laisserai pas retomber dans tes conneries.
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L'hypothèse interdite
RandomEden, brillante étudiante en sciences, fait face à sa professeure madame Belmont. Entre elles, une tension invisible et dangereuse s'installe, tissée de secrets et d'interdits. Jusqu'où pourront-elles aller sans tout compromettre ?
