~ Andrea ~

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Je me réveillai lentement. Je prend une douche rapide, un café avalé presque brûlant, et j'étais déjà sur la route. À mon arrivée, les couloirs étaient encore calmes. Pas de Tessa en vue.

La salle des deuxièmes années m'attendait déjà. J'entrai sans un mot et posai les copies corrigées sur le bureau avec un bruit sec. Le silence tomba aussitôt.

Vos devoirs, dis-je simplement. Je les ai corrigés. Les résultats sont mauvais. Trop mauvais. La plupart d'entre vous ne franchit pas la moyenne, certains ne frôlent même pas le minimum syndical.

Je laissai planer un silence. Leurs visages mal à l'aise me donnaient raison : ils savaient.

Si vous espériez continuer ainsi, je vous préviens tout de suite : c'est terminé. À partir d'aujourd'hui, vous allez travailler par groupes.

Je pris une respiration, plus pour rythmer mes phrases que par besoin.

Le projet de fin d'année vous attend. Mais avant cela, je veux faire un tri. Je veux savoir qui a compris, et qui n'est qu'un poids mort. Vous allez donc réaliser un travail intermédiaire. Vous avez jusqu'au vendredi de la semaine prochaine pour me rendre un projet complet, construit comme un projet de fin d'année.

Des murmures fusèrent. J'élevai légèrement la voix.

Vous utiliserez toutes les connaissances vues depuis le début du semestre. Et vous rendrez votre production sous le format de votre choix. Soyez créatifs. Faites preuve d'initiative.

Un élève leva timidement la main.

Madame... le délai est très court...

Je l'interrompis net :

Je ne répondrai pas à vos questions.

Un autre hasarda une inquiétude, à peine audible. Je le fixai un instant avant de répéter.

Je ne répondrai pas.

Je pris les feuilles des consignes, les déposai en pile bien droite sur le bureau.

Elles sont là. Servez-vous. Quartier libre.

Je retournai à ma chaise, sortis un stylo, feuilletai distraitement des notes. Personne ne bougeait. Je relevai la tête, les toisant un à un.

Pourquoi êtes-vous encore assis ?

Le mouvement fut immédiat. Les chaises raclèrent, les premiers s'approchèrent du bureau, d'autres trainèrent comme s'ils espéraient que le sol s'ouvre sous leurs pieds. Moi, je les regardais. Déjà, je savais qui prendrait les devants et qui resterait en arrière.

Les premiers groupes se formèrent, souvent par affinité plus que par logique. Je ne dis rien. Je notai seulement, mentalement, qui se précipitait vers qui, qui restait à l'écart, qui cherchait désespérément un regard complice pour ne pas se retrouver seul.

Le vacarme monta, hésitant, comme une machine mal huilée qu'on tente de mettre en route. Certains parlaient beaucoup, trop, sans produire la moindre idée. D'autres feuilletaient leurs notes avec l'air de ne rien comprendre.

Je restai à ma place, le stylo en main, à observer.

Une étudiante osa s'approcher.

Madame, on peut avoir des précisions sur le format ?

Je levai les yeux.

Vous pouvez avoir de l'audace.

Elle s'éloigna, confuse.

L'hypothèse interdite Where stories live. Discover now