Kai x reader [Behind the Spotlight]

•~{14}~• préparations

Je fixe l’écran de mon téléphone, figé sur le dernier message de Takumi.
Il n’a pas eu besoin de m’en dire plus.

Sora prend des libertés.
Sora gagne du terrain.
Sora devient un nom qui se chuchote dans les couloirs de MON agence.

Je respire lentement, les doigts crispés autour de mon téléphone.

Je n’ai jamais aimé les conflits.
Mais je n’ai jamais laissé quelqu’un me voler ce que j’ai construit, non plus.

Je regarde l’heure : 03h26.

Encore une nuit blanche.
Encore un combat que je mène seule, dans une chambre d’hôtel impersonnelle à l’autre bout du monde.

Je me lève et ouvre discrètement le rideau. Le ciel de Bangkok est encré de nuit, mais les lumières de la ville ne dorment jamais. Comme moi.

Je compose un message. Court. Froid. Calculé.

À Takumi :
Prépare-moi le planning de rentrée.
Je veux une liste des élèves qui suivent Sora.
Et ceux qui restent fidèles à l’agence.
Ne fais aucun commentaire. Observe. Archive.
Je rentrerai plus tôt que prévu.

Je reste là, le téléphone entre les mains, quelques secondes encore.
Puis je le repose sur la table de chevet, me laissant tomber lentement sur le lit.

J’ai toujours su que ce jour arriverait.

Mais j’espérais naïvement que ce serait plus tard.
Quand je serais prête. Quand je serais plus forte.
Mais on n’est jamais vraiment prêt.

Alors je vais improviser. Comme toujours.
Et cette fois, je ne vais pas juste protéger mon trône :
Je vais rappeler à tous pourquoi il m’appartient.

Je rejoins les garçons dans la salle de répétition, quelques heures plus tard. Malgré ma nuit blanche, je me tiens droite, professionnelle, déterminée. Il n’y a pas de place pour le chaos dans mes mouvements.

Suho est déjà là, concentré. Lay me salue d’un regard calme. Tao me tire une grimace complice à laquelle je réponds d’un clin d’œil.
D.O. me tend une bouteille d’eau en silence, et Chanyeol me lance une blague dès que j’entre :

— T’as dormi ? T’as une tête de "je viens d'enterrer un corps".

— Ce n’était pas un corps, juste une ambition mal placée, je réponds du tac au tac.

Des rires éclatent dans la salle, Baekhyun m’applaudit.
— Et c’est pour ça que t’es ma partenaire de crime préférée.

Mais c’est Jongin qui me trouble.

Il ne rit pas.
Il m’observe.

Depuis que j’ai lu cette phrase dans les yeux de Sora “changer de tête” je n’arrête pas de repenser à lui.
À nous.

Il me suit du regard, comme toujours, discret mais présent.
Et quand je traverse la salle, je sens ses pas me suivre.

On révise la chorégraphie pendant une bonne heure.
Le rythme est rapide, les enchaînements puissants. Ils transpirent, moi aussi. Mais tout est fluide. La magie EXO, intacte.

Je coupe la musique au moment d’une pause.

— TP, souffle Baekhyun, je meurs… On peut faire un vrai break ? Ou tu comptes nous tuer tous avant la fin de la tournée ?

Je ris, pour la première fois depuis des jours.
— Un break de sept minutes. Pas une de plus.

— T’as un cœur finalement, renchérit Chanyeol avec un sourire moqueur.

Je m’éloigne vers le fond de la salle. Je me passe de l’eau fraîche sur la nuque, profitant du calme. Et puis, il me rejoint.

Jongin.

Je sens sa présence avant même qu’il ne parle. Il ne dit rien tout de suite. Il s’accoude au mur à côté de moi, essuie son front d’un revers de poignet.

— Tu as l’air ailleurs, dit-il doucement.

Je m’attendais à cette phrase. Je la redoutais.
Mais aujourd’hui, je ne la repousse pas.

— Je pense à mon retour à Séoul.

— Déjà ? On n’a même pas fini la tournée.

— Justement, je pense que je ne peux pas rester silencieuse plus longtemps.

Il hoche la tête. Son regard reste sur moi, intense. Pas oppressant. Juste… présent.

— Tu vas bien, TP ? Je veux dire, vraiment ?

Je baisse les yeux. Mon cœur bat un peu plus vite.
Je pourrais mentir.
Je pourrais détourner.
Mais pas cette fois.

— Non, Jongin. Je vais pas bien.
Et… je suis fatiguée de prétendre que tout est sous contrôle.

Il ne bouge pas. Il ne parle pas. Il m’écoute.

Et puis, lentement, il pose sa main sur la mienne, posée contre le mur.
Sa paume est chaude, rassurante, familière.

— Tu n’as pas besoin de porter tout ça seule, murmure-t-il.

Je tourne la tête vers lui. Nos regards se croisent.
Mon cœur se serre.

Il n’y a pas de déclaration.
Pas de geste dramatique.
Juste… ce silence plein de vérité.
Et ses yeux qui disent tout.

Je m’écarte un peu, mais je garde sa main quelques secondes de plus.
Le monde continue de tourner.
La musique va reprendre.
Mais quelque chose a changé.

Quelque chose que ni lui, ni moi, ne pourrons ignorer longtemps.

Ce soir-là, je regarde une dernière fois le planning.
Et je ferme l’écran.

Je sais ce que je vais faire.

Et je vais frapper là où Sora ne m’attendra pas.

•~-~•