Part 23 - Sasha

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— Non, elle n'est pas là, me répond le mec au bar.

Il me regarde bizarrement, comme s'il me défiait. Il n'est pas sérieux ! Il ne faudrait pas qu'il me chauffe. Ça fait un moment que je n'ai pas usé de mes poings sur de la chair.

Trois ans exactement, mais je suis dans un tel état de nerfs que je pourrais me défouler sur n'importe quoi et n'importe qui. Je m'imagine lui casser les dents sur le comptoir. Ça fait deux semaines que je suis comme ça. Deux semaines que je n'arrive pas à garder mon calme.

Alors me voilà encore à traîner dans ce putain de bar. J'ai demandé au serveur si Elena travaillait ce soir. Lui faire un peu de mal pourrait franchement me décontracter. Cette tension vient d'elle, j'en suis certain. Depuis qu'elle a quitté mon appartement.

Même après avoir baisé Stéphanie, cet après-midi, ça ne me quitte pas.

— Ça ne va pas, my love ? m'a-t-elle demandé lascivement.

— Si, ça va, ai-je répondu en me rhabillant.

— Tu as encore envie ?

Elle a regardé mon membre, toujours dressé bien après avoir enlevé la capote.

— Je peux te gâter une nouvelle fois si tu veux.

Elle a passé sa langue sur ses lèvres et ça ne m'a rien fait du tout. J'aurais presque débandé.

— Non, ça va, je dois y aller.

Elle a fait sa moue habituelle et a essayé de m'embrasser, mais je n'étais pas vraiment d'humeur.

Stéphanie n'est pas du tout mon type de femme. Je n'aime pas ses cheveux blonds ni ses yeux bleus sans expression. Mais elle est bien roulée alors je ne m'intéresse pas au reste. Chez elle, son salon est blanc immaculé comme toutes les pièces de son appartement. C'est froid et c'est exactement ce qu'il faut.

J'ai marché sur le carrelage et récupéré mon T-shirt que j'avais jeté directement en entrant chez elle. Elle ne m'avait alors pas posé de questions et s'était retrouvée à poil deux secondes après, sur la grande table du salon. Le temps de sortir la capote, je l'avais prise sans discuter. Elle aime ça.

J'ai donc les nerfs à vif ce soir et peut-être que voir Elena et lui faire du mal m'allégerait de ce truc qui m'oppresse la poitrine. Mais c'est mort, je dois trouver une autre option, je vais me barrer de là et me trouver un exutoire. Peut-être que taper dans le sac de la salle de sport en bas de mon immeuble me soulagerait.

Soudain, les lumières s'éteignent toutes une à une, on entend une musique douce et mystérieuse. Une ombre noire s'avance sur la scène sensuellement, sa démarche est chaloupée et colle au rythme. C'est une femme en talons hauts, elle est mince, mais ses hanches sont mises en valeur par le noir du legging qu'elle porte à la limite du haut de ses fesses. D'habitude je m'en tape des shows, mais cette silhouette enchanteresse m'attire.

Je me dirige vers le bar, en face de la scène, m'y accoude et commande un verre. Ses cheveux sont épais et ondulés. Cette femme est une vraie louve. Elle porte un masque et me donne immédiatement la trique. Elle enlève son haut et se met lentement à genoux. Son soutien-gorge sombre laisse deviner une poitrine ferme. Une main sur la cuisse, l'autre dans ses cheveux, sa tête se renverse en arrière, sa crinière noire cascadant jusqu'au bas du dos. Son corps est sublime. Sa bouche s'ouvre et, quand elle regarde à nouveau devant elle, elle se mord la lèvre. Ces gestes sont tellement érotiques qu'ils m'hypnotisent.

Toute la salle est figée, en haleine. Tous, hommes et femmes, la fixent et semblent envoûtés par le spectacle. Elle s'assoit et lève une jambe tendue jusqu'à son visage. Puis la baisse lentement. Elle fait un mouvement avec ses cheveux et se met de côté. Ses hanches sont assez larges, elle les bouge doucement, de manière provocante. Elle m'excite comme un dingue. Elle se place sur le ventre et fait glisser son buste par terre et ses fesses se lèvent délicieusement en arrière. Quand elle se remet à genoux, elle a son index dans la bouche qu'elle glisse lentement contre sa lèvre. Ça me rend fou.

Elle se redresse, avance telle une panthère, attrape la barre verticale en acier de la main droite et y applique tout le bas de son corps, inclinant son buste en arrière jusqu'à ce que ses longs cheveux touchent le sol. Elle remonte avec une lenteur calculée et son regard plonge dans le mien. Je ne respire plus, elle me possède. Elle se détourne sans me quitter des yeux, elle balance ses hanches.

J'avance vers elle. Je n'ai qu'une envie, la prendre sur cette scène, devant les autres, je m'en fous. Une de ses jambes enroule la barre et l'autre reste plantée dans le sol. Elle s'accroche et glisse en tournant autour, ses yeux rivés aux miens. Elle danse pour moi.

Elle tient fermement la barre de ses deux mains et, d'un élan, dresse ses jambes en l'air et bascule sa tête en bas. Tout en me fixant, elle exécute un grand écart. Ça me coupe le souffle, mon pantalon est bien trop étroit.

Elle pivote pour se redresser et glisser lentement jusqu'au sol. Elle avance ensuite dans ma direction en balançant ses hanches lascivement. Cette diablesse m'a ensorcelé. Je suis devant la scène, je l'attends. Arrivée devant moi, elle se baisse avec sensualité pour se mettre à ma hauteur. Je vois ses yeux verts, verts comme ceux de... Sa bouche frôle la mienne et va contre mon oreille. Je reconnais ce parfum. Elle me souffle nonchalamment :

— Cette putain te plaît ?

— Elena ?

— Non, Sasha.

Elle se relève et quitte la scène.

La musique s'arrête, leslumières se rallument, je suis sous le choc.    

I Hate U Love Me - Saison 1 (BLACKMOON éditions Hachette)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant