Part 22 - Le fruit défendu

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Elena : « Ne me touche pas ! Tu n'es qu'un menteur, putain !! Comment as-tu pu me cacher un truc pareil ! C'est pire que tout ce que j'ai pu imaginer ! Ne t'approche plus jamais de moi »

*

*          *


***Fares***

— C'est trop tard, Elena, dis-je tout bas.

Je la regarde refermer la porte derrière elle. Elle était furieuse. Ses yeux verts me transperçaient la peau. Elle a mal mais elle ne m'aura pas à ce jeu. C'est une menteuse, elle n'a que ce qu'elle mérite.

L'image d'elle en train de se faire toucher, embrasser et caresser par un autre m'a hanté trop longtemps. Je l'ai vue trop souvent dans mes cauchemars prendre du plaisir, gémir pour un homme sans visage.

Je n'ai plus de mots pour elle, il n'y a plus que ces images qui m'habitent. Ce qu'elle a pu voir n'est rien, je ne me sens aucunement coupable de lui avoir rendu la monnaie de sa pièce. Les rôles restent les mêmes... Elle, l'hypocrite, et moi, le manipulé.

Seulement quand sa main est sur moi, je suis à deux doigts de craquer. Quand elle me prend la bouche, je n'ai qu'une envie, c'est de lui faire l'amour ardemment sans penser ni aux conséquences ni aux marques qu'elle pourrait me laisser. Alors quand elle était prête à me recevoir, m'écarter d'elle m'a demandé un effort considérable et m'a frustré comme jamais. Depuis quand suis-je aussi faible face à une femme ?

J'aurais voulu l'ignorer et ne plus ressentir de mépris envers elle mais ce fut plus fort que ma raison. Quand je l'ai reconnue derrière ce comptoir, j'ai d'abord cru que mon cerveau me jouait des tours. L'expression troublée sur son beau visage m'a pris de court, elle souhaitait sans doute jouer la carte de l'indifférence, mais ses grands yeux l'ont immédiatement trahie. J'ai su à ce moment-là que je voulais jouer. Jouer avec elle. Son insolence m'a tout d'abord irrité puis excité comme un dingue. Je l'ai trouvé tellement désirable que mon corps a réagi comme le dernier des traîtres. Et quand ce mec a osé poser les mains sur elle... Je me suis imaginé lui briser chacun de ses os. Je ne supporte pas qu'on la touche ou la blesse, il n'y a que moi qui ai ce droit. Même quand elle pleure, cela ne m'affecte pas, tant que j'en suis la cause.

Je n'ai pas pu m'empêcher de la garder dans mes bras, de la bercer dans le taxi et de caresser ses beaux cheveux foncés. Mes yeux sont restés fixés sur sa bouche pulpeuse entrouverte et la cicatrice brune que j'ai imprimée sur sa lèvre trois ans plus tôt. Une entaille dans sa chair comme celle qu'elle a faite à mon âme. Cette fille est une douloureuse déception. Une histoire empoisonnée.

Qu'est-ce qui m'a pris de l'emmener dans mon appartement ? Personne n'est jamais venu ici. Je l'ai regardée pendant plus d'une heure dans mon lit, irrémédiablement troublé par la pureté de ses traits détendus et sa peau dorée. Elle n'a presque pas changé, son visage plus délicat est celui d'un ange trompeur. Je suis resté au-dessus des draps, car mon envie d'elle était tellement puissante qu'elle m'a tenu éveillé toute la nuit.

Je ne dois plus jouer avec le feu. Il faut que j'arrête ces conneries. Ce n'est plus pour moi tout ça. Restons dans la désaffection. Je ne vais pas recommencer à me torturer. Il faut vraiment que je prenne une douche pour me donner l'illusion de m'ôter toute trace d'elle.

Une fois sous l'eau, son odeur ne part pas. Je frotte chaque parcelle de ma peau, mais je sens encore ses doigts fins caresser mon dos nu. Je me demande un instant quelles sensations je pourrais ressentir en elle. Au plus profond de son corps. J'imagine le plaisir de la baiser et de jouir en elle. Ça fait bientôt trois ans que je ne pense qu'à cela. Mon érection s'affiche, douloureuse. Je coupe l'eau chaude, il faut que je me reprenne mais, putain, j'ai encore cette rage contre elle.

Je commence mes ablutions, la main droite puis la main gauche... je me concentre. C'est ce que je sais faire de mieux. Mais aujourd'hui, cette partie de mon cerveau me lâche. Même quand je commence ma prière, je ne vois qu'elle et son soutien-gorge en dentelle moulant ses seins magnifiques. Je recommence encore et encore avant d'abandonner rageusement ma tâche, pourtant quotidienne. Il faut que je sorte de cet appartement où son odeur est bien trop présente. Il me désaxe complètement.

J'ouvre rageusement la baie vitrée, prends les clés de ma Ducati et sors en hâte avant de péter un câble.


I Hate U Love Me - Saison 1 (BLACKMOON éditions Hachette)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant