- Lie Again -

• Indentities •

- Vous vous en souvenez, de l'homme qui est venu louer la voiture? Demanda Soonyoung.

- Moi? Non, je n'ai pas fait la fermeture ce soir-là, c'était mon collègue Dongjoo qui était d'astreinte.

- Il faut impérativement qu'on lui parle, c'est une urgence.

- Alors là ça va être un peu difficile monsieur.

- Parce que?

- Il s'est suicidé vendredi soir.

Troisième nouvelle. Comme un coup de canon dans la poitrine.

Pendant dix-sept secondes, personne ne dit quoi que ce soit. Les regards que s'étaient échangés les trois policiers n'étaient pas passés inaperçus du vendeur mais ils n'avaient pas le temps de s'en soucier. Il fallait qu'ils agissent vite.

- C'était le seul employé présent à ce moment-là? Demanda Seungcheol.

- Oui, le seul.

- Bien. Soonyoung, va dehors avec Jeonghan. Je récupère les adresses et j'arrive. Préparez-vous à partir.

C'est avec un automatisme fantomatique que Jeonghan réussit à sortir du bâtiment. Son propre nom résonnait dans sa boîte crânienne.

Yoon Jeonghan. Yoon Jeonghan. Yoon Jeonghan. Yoon Jeonghan. Yoon Jeonghan. Yoon Jeonghan. Yoon Jeonghan. Yoon Jeonghan. Yoon Jeonghan. Yoon Jeonghan.

Son nom ne sonnait plus comme le sien. On le lui avait volé. On se l'était approprié sans son autorisation. Son propre nom. Sa propre identité.

Et pour quoi faire? Lui détruire la vie jusqu'à ce qu'il n'en reste que de la poussière.

- Jeonghan, reconnecte-toi, ne m'oblige pas à te frapper.

La voix de Soonyoung sonnait lointaine dans sa tête. Elle était plus faible que les voix qui criaient. Il ne l'entendait presque pas.

Sa silhouette disparut de sa vision pendant vingt cinq secondes puis réapparut de nouveau. Jeonghan l'entendit déballer quelque chose puis deux secondes plus tard, il sentit un objet entre ses lèvres.

Une cigarette.

La première bouffée de fumée eut l'effet d'un interrupteur. Les yeux de jeonghan se reconcentrèrent sur le visage de Soonyoung et bientôt il se senti de nouveau dans son corps. Il se concentra sur chaque inspiration qu'il prenait, sur la manière dont la nicotine lui brûlait désagréablement les poumons.

La cigarette lui rappelait à quel point il était vivant et à quel point il lui était facile de mourir.

Ça avait le don de le détendre.

- C'est bon? T'es avec moi? Demanda Soonyoung.

- Oui... Je crois.

- Bien. Tu restes avec nous, d'accord? On est là et on lâche rien. Je sais pas sur quelle saloperie on est encore tombés mais t'es pas tout seul dans cette affaire, on est avec toi. Compte les graviers si ça te détend mais reste avec nous. On va y arriver. Je sens qu'on se rapproche de lui.

Jeonghan le sentait aussi, mais tout d'un coup il se rendit compte qu'il n'avait pas envie de découvrir qui se cachait derrière tout ça. Parce qu'à présent, il était sûr et certain que lui et le tueur se connaissaient, il ne pouvait pas y avoir d'autre explication. Il ne connaissait pas son identité, ni à quel degré ils se fréquentaient, mais il était sûr qu'il connaissait la personne. Ça ne fit qu'alimenter son hypothèse : il y avait bien la possibilité qu'il s'agisse de quelqu'un du commissariat. Pire encore: il y avait une probabilité infime que depuis son retour à Séoul, il soit passé à côté voir même parlé au tueur sans qu'il ne s'en rende compte.