Derrière ton visage

‡~~~°~~~‡Chapitre 12 ‡~~~°~~~‡

Aily sentit les larmes monter.
— « Et si tu ne reviens pas ? » murmura-t-elle.

Kaelen posa une main légère sur son épaule.
— « Alors souviens-toi de ce que je t’ai dit dans ma lettre. Reste forte. »

Elle secoua la tête.
— « Ce n’est pas juste. Pourquoi toi ?

Aily le regarda dans les yeux quelque seconde après sa réflexion
— « Je ne pouvais pas te laisser partir sans te dire au revoir. »

Kaelen haussa légèrement les épaules, mais son sourire s’élargit.
— « Je suppose que c’est mieux que de partir en silence. »

Elle avança , jusqu’à être tout près de lui.
— « J’ai quelque chose pour toi », dit-elle soudain.

Kaelen haussa un sourcil.
— « Vraiment ? »

Aily fouilla dans sa poche et en sortit un bracelet tressé à la main, fait de cuir mêlé à des brins de crinière de sa jument, Ysera. Elle tendit le bijou simple mais chargé de sens, un mélange de nervosité et de détermination dans les yeux.

— « C'est pour toi. C’est une partie de Ysera, et elle m’a toujours protégée. Maintenant, c’est à ton tour. »

Kaelen prit doucement le bracelet entre ses doigts, observant le travail minutieux et la signification évidente derrière l’objet. Il releva les yeux, visiblement ému.
— « Aily... tu n'est pas obligée. »

Elle secoua la tête.
— « Je veut. Si ça peut te donner un peu de force là-bas, alors c’est tout ce qui compte. »

Kaelen resta silencieux un moment, serrant le bracelet dans sa paume avant de le glisser autour de son poignet. Il sourit en le fixant avec soin.
— « Je ne l’enlèverai pas. Merci. »

Puis, comme pour sceller ce moment, il sortit un pendentif de cuir usé qu’il portait autour du cou.

— « Et moi, j’ai quelque chose pour toi », dit-il en le détachant. « Ce pendentif m’a porté chance jusque-là. J’aimerais qu’il fasse de même pour toi. »

Aily ouvrit sa main, le laissant déposer l’objet avec une douceur infinie. Elle sentit ses doigts frôler les siens, un contact bref mais chargé d’émotion.

— « Kaelen... promets-moi que tu reviendras. »

Kaelen la regarda longuement, puis leva une main pour effleurer sa joue.
— « Je te le promets. Mais toi, promets-moi une chose. »

Aily fronça légèrement les sourcils.
— « Quoi donc ? »

— « Que tu prendras soin de toi. Que tu ne laisseras personne te dicter qui tu dois être. »

Elle sentit ses yeux s’embuer.
— « Je te le promets aussi. »

Kaelen la fixa encore une seconde, puis se pencha légèrement et posa un baiser léger sur son front.
— « Garde la tête haute, Aily. Je sais que tu es plus forte que tu ne le crois. »

Il monta ensuite sur son cheval, prêt à rejoindre les soldats, mais pas sans un dernier regard en arrière. Un regard chargé de tendresse et de promesses silencieuses.

Aily resta là, le pendentif serré dans sa main, regardant Kaelen s’éloigner jusqu’à disparaître à l’horizon. Elle savait que cet échange resterait gravé en elle, une lueur de chaleur et d’espoir malgré l’incertitude de la guerre.

Aily resta immobile bien après le départ de Kaelen, serrant le pendentif qu’il lui avait donné comme un trésor. Le vent froid mordait sa peau, mais elle n’y prêtait pas attention. L’échange avec Kaelen, leurs promesses et les objets qu’ils avaient partagés lui laissaient un étrange mélange de réconfort et de vide.

Lorsqu’elle revint au village, les rues semblaient plus calmes que d’habitude, presque oppressantes. Les villageois s’étaient dispersés après le départ des soldats, chacun retournant à ses occupations avec une humeur sombre. Aily croisa le regard de quelques-uns, mais personne ne lui adressa la parole.

Hector l’attendait devant leur maison, ses bras croisés et son visage sévère.

— « Tu étais où ? Partie voir Kaelen ?

Elle hocha la tête, incapable de prononcer un mot. Elle passa à côté de lui, le pendentif toujours dans sa main, et entra dans la maison.

Hector la suivit, refermant la porte derrière lui.
— « Tu t’es attachée à ce garçon, n’est-ce pas ? » demanda-t-il, sa voix teintée d’une dureté inhabituelle.

Aily se retourna brusquement.
— « Et si c’était le cas ? » lâcha-t-elle avec une pointe de défi dans la voix.

Hector fronça les sourcils, mais il sembla hésiter avant de répondre.
— « Les soldats ne reviennent pas toujours, Aily. Je veux que tu sois préparée à cette possibilité. »

Son cœur se serra à ces mots, mais elle refusa de laisser son père voir sa douleur.
— « Kaelen reviendra », dit-elle fermement. « Il me l’a promis. »

Hector poussa un soupir lourd et tourna les talons, laissant Aily seule avec ses pensées.