Derrière ton visage

‡~~~°~~~‡Chapitre 11‡~~~°~~~‡

La nuit s’était installée sur le chemin entre le château et le village. Les éclats de rire et la musique du bal résonnaient encore dans l’esprit d’Aily alors qu’elle marchait aux côtés de son père, Hector. La jument Ysera avançait calmement derrière eux, son souffle chaud créant de légers nuages dans l’air frais.

— « Je ne comprends pas pourquoi tu voulais y aller impérativement », grogna Hector sans se retourner.

— « Je voulais comprendre leur monde », répondit Aily doucement, les joues encore rouges des danses et des conversations qu’elle avait partagées.

Hector s’arrêta brusquement et la regarda droit dans les yeux.
— « Leur monde est fait pour écraser le nôtre. Ces sourires, ces paroles mielleuses… tout n’est qu’un jeu pour eux. Ne te laisse pas duper, Aily. »

Aily détourna les yeux, incapable de répondre. Elle pensait à Kaelen, à la chaleur de son sourire, à la manière dont il l’avait défendue face au prône arrogant . Et à Liora, si lumineuse, qui l’avait accueillie avec une bienveillance qu’elle n’attendait pas. Ces deux-là, malgré leur rang, semblaient sincères.

— « Je ne cherche pas à les défendre », murmura-t-elle, « mais ils ne sont pas tous comme tu le penses, père. »

Hector secoua la tête, exaspéré, et reprit sa marche en silence. Aily le suivit, le cœur lourd, tiraillée entre son respect pour son père et ce qu’elle avait ressenti au château.

Le lendemain

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque Aily ouvrit les yeux. La veille l’avait épuisée, mais elle ne pouvait s’empêcher de repasser chaque instant dans sa tête. Les rires, les danses, et surtout, les échanges avec Liora et Kaelen.

En descendant l’escalier, elle trouva Hector en train d’aiguiser son couteau près de la cheminée. Il ne leva pas les yeux, mais sa présence imposante remplissait la pièce.

— « Mange », ordonna-t-il simplement, pointant une miche de pain et un bol de soupe sur la table.

Aily obéit en silence. Elle savait que Hector n’avait pas digéré les événements de la veille, mais elle ne voulait pas envenimer la situation.

Un coup frappé à la porte brisa le silence. Hector se redressa immédiatement, méfiant, mais Aily se précipita pour ouvrir.

Liora se tenait là, vêtue d’une cape simple mais élégante, ses yeux pétillants malgré les cernes qui trahissaient sa fatigue.
— « Aily ! J’avais peur que tu sois encore enfermée ici », plaisanta-t-elle en entrant sans attendre d’invitation.

Hector gronda quelque chose d’incompréhensible avant de s’éclipser dans la grange, laissant les deux jeunes femmes seules.

— « Liora », murmura Aily avec un sourire sincère. « Pourquoi es-tu venue ? »

Liora posa son panier sur la table et s’assit avec un soupir.
— « Pour te voir, bien sûr. Et pour m’assurer que tu vas bien après tout ça. »

Aily haussa un sourcil.
— « Pourquoi ne serais-je pas bien ? »

Liora croisa les bras, un sourire moqueur sur les lèvres.
— « Parce que je t’ai vue danser avec Kaelen, et je connais mon meilleur ami. Quand il s’intéresse à quelqu’un, il ne fait pas semblant. »

Le rouge monta aux joues d’Aily, mais elle détourna le regard, feignant l’indifférence.
— « Kaelen est… gentil. Rien de plus. »

Liora éclata de rire.
— « Gentil ? Ce n’est pas l’adjectif que j’aurais choisi pour lui. Mais fais attention, Aily. Kaelen a bon cœur, mais il porte un fardeau lourd. Il ne te fera pas de mal, mais son monde… pourra t'en faire... »