‡~~~°~~~‡Chapitre 2 ‡~~~°~~~‡

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Le soleil se levait sur le village d'Hasgard, baignant les rues de lumière douce. Le bruit des sabots résonnait sur le pavé, alors que les villageois se pressaient, affairés par les tâches quotidiennes. Certains préparaient les étals du marché, tandis que d'autres s'affairaient à réparer les toits endommagés par les gardes. Aily se glissait parmi eux, ses pensées toujours marquées par la scène de la veille. Mais aujourd'hui, le village semblait être dans une étrange quiétude, presque insouciante, malgré la violence de la veille.

Au détour de la ruelle, elle aperçut une petite foule rassemblée près de la taverne. Un murmure s'éleva tandis que quelques villageois échangeaient à voix basse.

Tu as entendu ? Le premier enfant du roi... , ils disent qu'il a un secret. Un grand secret ! Qu'il ne veut pas qu'on découvre.

Aily s'arrêta discrètement, tentant d'écouter, mais elle ne put saisir tous les mots. Un autre villageois reprit la conversation :

Oui, il n'est pas l'héritier du trône, mais le bâtard du roi. Ils disent que le roi Arwald a eu une maîtresse il y a des années, et qu'il serait leur fils.

Une femme secoua la tête, l'air désapprobateur :

Ce bâtard, il n'a pas sa place parmi nous, pas plus que son père ! Ce royaume nous écrase, et maintenant, ils veulent nous vendre leurs mensonges !

Aily, piquée par la curiosité mais ne comprenant pas encore l'ampleur des paroles échangées, se rapprocha lentement du groupe. La conversation continua, mais elle préféra se glisser discrètement dans la foule pour éviter d'attirer l'attention. Les voix de la rue se mêlaient, se contredisant, mais toutes semblaient tourner autour du fils du roi , ce mystérieux homme qui n'avait jamais été reconnu comme l'héritier du trône.

Certains disent qu'il serait bien plus sage que son frère, l'héritier légitime. Mais tout ça reste secret... Chut ! Ne dis rien, on pourrait nous entendre.

Aily se hâta de continuer son chemin, perturbée par ces paroles. Pourquoi ces ragots étaient-ils si insistants ?Le marché, malgré son animation apparente, était empli d'une tension palpable. Les villageois marchaient tête baissée, évitant les regards des soldats en patrouille. Aily avançait discrètement parmi les étals, les yeux baissés, cherchant à se fondre dans la foule. Les événements de la veille la hantaient encore, son esprit en proie à une inquiétude sourde.

Un éclat de rire enfantin la fit sortir de ses pensées. À quelques mètres, un petit garçon aux cheveux bouclés, à peine âgé de cinq ans, jouait avec un morceau de bois sculpté en forme d'oiseau. Son innocence contrastait cruellement avec l'atmosphère pesante du village, et Aily sentit une boule se former dans sa gorge. Elle hésita, un sourire triste flottant à la commissure de ses lèvres.

Soudain, le rire s'éteignit lorsqu'un coup de vent emporta le jouet au milieu du chemin, juste devant la procession de soldats. Le garçon courut après, inconscient du danger imminent. Les sabots du cheval du prince légitime d'Hasgard martelaient le sol, approchant rapidement. Les villageois retenaient leur souffle, paralysés par la peur.

Aily sentit son cœur s'accélérer. Elle voulut détourner le regard, mais ses pieds refusèrent de bouger. Quand le garçon s'avança trop près des sabots, elle sentit une poussée d'adrénaline. Elle hésita une fraction de seconde, les mains tremblantes, puis se précipita malgré elle. Elle attrapa l'enfant, le tirant en arrière juste à temps. Les deux roulèrent au sol, Aily serrant le garçon contre elle, les joues brûlantes.

Le cheval se cabra, manquant de les écraser. Le prince, déséquilibré, tomba lourdement à terre, déclenchant un silence assourdissant. Aily, encore agenouillée, releva timidement la tête, le regard fuyant. Elle vérifia que l'enfant allait bien, évitant soigneusement de croiser les yeux des villageois autour d'elle.

- Tu... tu vas bien ? chuchota-t-elle, sa voix à peine audible.

Le petit garçon hocha la tête, mais s'accrocha à elle, cherchant protection. Déjà, les soldats s'avançaient, menaçants, arrachant l'enfant de ses bras. Aily se releva en tremblant, ses jambes à peine capables de la porter.

- Insolente ! rugit le prince, la colère déformant son visage. Comment oses-tu m'humilier ainsi ?!

Aily baissa les yeux, ses mains se tordant nerveusement. Elle chercha à articuler une réponse, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Elle se contenta de secouer la tête, les lèvres tremblantes.

- J-je... je voulais seulement... sauver...

Le prince s'avança, l'ombre imposante recouvrant son visage. Les soldats resserrèrent leur étreinte autour de ses bras frêles. Le petit garçon pleurait, les yeux cherchant désespérément Aily.

- Cette vermine n'aurait pas dû vivre, cracha le prince en s'approchant de l'enfant.

Les larmes montèrent aux yeux d'Aily, impuissante. Mais une voix claire résonna :

- Arrêtez !

Kaelen fendit la foule, son regard brûlant de colère. Il s'interposa d'un geste ferme entre le prince et l'enfant. Aily releva timidement les yeux, ses lèvres tremblant toujours.

- Tu t'en prends maintenant à une femme et un enfant. Quelle bravoure, ironisa Kaelen.

Le prince serra les poings, vexé. Les murmures des villageois s'intensifièrent, mais Aily, figée, n'osait pas relever la tête.

- Écarte-toi, Kaelen, ce n'est pas tes affaire.

Kaelen ne bougea pas. Il croisa les bras, son ton plus tranchant.

- Si tu cherches à écraser les faibles pour te sentir fort,c'est que tu n'es qu'un lâche.

Aily baissa encore plus la tête, son cœur battant la chamade. Elle sentait les regards posés sur elle, mais ne trouvait pas la force de s'affirmer. Elle voulait disparaître.

Hector arriva à son tour, s'approchant lentement. Il prit l'enfant dans ses bras, son regard dur se posant sur le prince.

- Cet enfant a été sauvé par ma fille, déclara-t-il d'une voix calme mais ferme. Si punition il doit y avoir, je la prendrai.

Aily voulut protester, mais sa voix s'étrangla. Elle lança un regard inquiet vers Hector, mais il lui fit un signe rassurant. Kaelen la fixa un instant, son expression plus douce.

- Tout va bien, murmura-t-il.

Elle hocha la tête, les yeux baissés. Le prince remonta à cheval, lançant un dernier regard de mépris à Kaelen.

- Surveille tes fréquentations, Kaelen .

Il partit, laissant le silence retomber. Kaelen s'approcha doucement d'Aily.

- Tu as été courageuse.

Elle secoua la tête, la voix hésitante.

- J-je... n'ai rien fait... je voulais juste...

Kaelen lui sourit, la coupant doucement :

- Tu as sauvé une vie. C'est l'essentiel.

Aily baissa les yeux, rougissant légèrement. Hector serra l'enfant contre lui, et tous trois repartirent en silence, laissant derrière eux les murmures du village.

Derrière ton visage Where stories live. Discover now