Les paroles de Liora firent naître un doute dans l’esprit d’Aily. Mais avant qu’elle ne puisse répondre, le son des cloches du village retentit, brisant l’atmosphère légère.
Liora se figea, son visage devenant soudain grave.
— « Les soldats », murmura-t-elle.
Aily fronça les sourcils.
— « Pourquoi reviendraient-ils ? Le bal est terminé. »
Liora posa une main tremblante sur le bras d’Aily.
— « Si les soldats reviennent, ce n’est jamais bon signe. Viens, allons voir. »
Elles se précipitèrent hors de la maison, laissant derrière elles les paroles en suspens. Le village, encore paisible quelques instants plus tôt, commençait à s’agiter sous l’ombre menaçante des soldats qui approchaient.
La cloche continuait de sonner, résonnant dans tout le village comme un avertissement. Aily et Liora se pressèrent vers la place principale, leurs pas rapides soulevant la poussière du chemin.
En arrivant, elles découvrirent les villageois déjà rassemblés, murmurant entre eux avec inquiétude. Au centre, un groupe de soldats, montés sur des chevaux puissants, se tenait immobile. Leurs armures scintillaient sous le soleil, mais leurs visages durs et fermés inspiraient davantage la crainte que la confiance.
Un homme descendit de son cheval, son manteau richement orné indiquant son rang supérieur. Il s’avança de quelques pas, balayant les villageois du regard avant de prendre la parole d’une voix autoritaire.
— « Par ordre de Sa Majesté le roi d’Hasgard, nous réclamons votre soutien immédiat pour renforcer nos forces armées. Une guerre approche, et le prince Kaelen se prépare à conduire nos troupes au front. »
Un murmure d’angoisse traversa la foule.
— « Vous devez fournir des provisions pour l’armée, ainsi que des hommes capables de combattre », continua le capitaine. « Chaque familles doient contribuer à l’effort de guerre, sans exception. »
Aily sentit son cœur se serrer. Kaelen, partir à la guerre ? Elle revoyait son sourire, sa chaleur, et cette bienveillance qu’il avait montrée au bal. Elle avait du mal à associer cette image à celle d’un chef militaire menant une armée.
Mais les mots du capitaine ne laissaient aucun doute : le roi exigeait tout ce que le village pouvait offrir, peu importe les conséquences.
Un vieil homme à l’avant de la foule osa protester.
— « Nous avons déjà tout donné lors de la dernière collecte ! Nous n’avons plus rien à offrir ! »
Le capitaine haussa un sourcil, puis fit un signe de tête. L’un de ses hommes descendit de cheval et frappa le vieil homme d’un coup de poing, le faisant s’effondrer au sol.
— « Le roi ne tolère pas la désobéissance », déclara le capitaine froidement. « Nous prendrons ce qu’il nous faut, et si quelqu’un résiste, il en paiera le prix. »
Les soldats descendirent de leurs chevaux et se dispersèrent dans le village. Ils commencèrent à fouiller les maisons, prenant des sacs de grains, du bois, et même les quelques animaux que les villageois possédaient encore.
Aily, terrifiée et en colère, fit un pas en avant. Mais Liora attrapa son bras avec force.
— « Ne fais pas ça », murmura-t-elle avec urgence.
Hector, qui observait à distance, se précipita vers Aily.
— « Retourne à la maison », ordonna-t-il sèchement.
— « Père, je peux aider ! » protesta Aily.
— « Tu m’aideras en restant hors de leur vue. Rentre maintenant », insista-t-il, la poussant doucement mais fermement vers la maison.
Liora hésita avant de suivre Aily, son visage toujours grave.
Une fois à l’intérieur, Liora referma la porte derrière elles, mais Aily continuait à faire les cent pas, le visage tendu.
— « Ils détruisent tout... et en plus, ils envoient Kaelen à la guerre », murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour Liora.
Liora s’assit sur le bord de la table, le regard pensif.
— « Kaelen n’a pas eu le choix. C’est son devoir en tant que... » Elle s’arrêta brusquement, réalisant qu’elle en avait peut-être trop dit.
Aily fronça les sourcils.
— « En tant que quoi ? »
— « En tant que soldat », se rattrapa Liora rapidement. Mais son hésitation n’échappa pas à Aily, qui la scruta intensément.
— « Tu me caches quelque chose », accusa-t-elle doucement.
Liora détourna le regard, mais avant qu’elle ne puisse répondre, Aily reprit.
— « Peu importe. Ce que je sais, c’est qu’il n’a rien d’un soldat. Il n’a pas ce regard froid et insensible qu’ils ont tous. Il est... différent. »
Liora hocha la tête lentement.
— « C’est vrai. Kaelen n’est pas comme les autres. Mais c’est précisément pour ça que cette guerre me fait peur. »
Aily s’arrêta, fixant Liora avec inquiétude.
— « Que veux-tu dire ? »
Liora soupira profondément, son visage marqué par une tristesse qu’elle n’avait jamais montrée auparavant.
— « Kaelen ne veut pas de cette guerre. Mais il n’a pas le luxe de choisir. Si quelque chose lui arrivait... » Sa voix se brisa, et elle détourna la tête pour cacher ses larmes.
Aily sentit une boule se former dans sa gorge. L’idée de Kaelen, seul sur un champ de bataille, entouré de violence et de mort, lui était insupportable. Elle revoyait son sourire au bal, son regard protecteur lorsqu’il lui avait tendu sa dague dans la forêt. Elle ne pouvait pas le perdre.
— « Il ne devrait pas avoir à faire ça », murmura-t-elle, la voix tremblante. « Ce n’est pas juste. »
Liora tourna la tête vers elle, son expression empreinte de gravité.
— « Rien n’est juste ici, Aily. Tu le sais mieux que personne. »
Aily baissa les yeux, consciente que Liora avait raison. Elle inspira profondément, essayant de calmer la tempête qui faisait rage dans son esprit.
DU LIEST GERADE
Derrière ton visage
Historische RomaneDans le royaume d'Hasgard, Aily a grandi cachée par son père, loin des regards. Animée par un désir ardent de justice, elle est prête à tout pour défendre son village et dénoncer les actes tyranniques du roi Hasgard d'Odall. Mais sa rencontre inatte...
‡~~~°~~~‡Chapitre 11‡~~~°~~~‡
Beginne am Anfang
