Derrière ton visage

‡~~~°~~~‡Chapitre 7‡~~~°~~~‡

Kaelen la fixa un moment, un léger sourire en coin, son regard flou et pensif.

- « Peut-être. Mais avant tout, je veux être sûr de ne pas me laisser aveugler. »

Elle sourit en retour, un sourire qui cachait beaucoup de choses, puis tourna le dos pour quitter la pièce, lançant une dernière phrase avant de partir :

- « Sois juste ouvert à l'idée, Kaelen. L'amour arrive souvent quand on s'y attend le moins. Et parfois, il prend la forme de quelqu'un qu'on n'aurait jamais imaginé. »

Kaelen, perdu dans ses pensées, serra Elyan un peu plus fort dans ses bras. Les mots de sa mère résonnaient dans son esprit. Une femme forte, douce, capable de lui apporter ce qu'il cherchait. Peut-être que cette personne était plus proche qu'il ne le pensait. Mais pour l'instant, il était là, avec son frère, et tout semblait bien dans son monde, pour l'instant.

Alors qu'Elenara quittait la pièce, Kaelen sentit une tension nouvelle s'installer. Il caressait doucement la tête d'Elyan, toujours endormi dans ses bras, mais son esprit était déjà ailleurs. Il se préparait pour la soirée, bien sûr, mais dans le fond de son esprit, une inquiétude persistait : son père. Magnir n'était jamais loin, et ses attentes, lourdes comme des chaînes, pesaient toujours sur lui.

La porte s'ouvrit brusquement, et un bruit de pas puissants résonna dans la pièce. Kaelen tourna la tête pour apercevoir la silhouette imposante de son père, Magnir. L'ombre du roi se fit immédiatement sentir, emplissant la pièce de sa présence autoritaire.

- « Kaelen. » Sa voix, dure et froide, fit frémir l'air. « Tu te prépares pour ce soir ? Ou tu comptes encore jouer à l'homme de famille avec tes frères et sœurs ? » Il haussait légèrement un sourcil, comme s'il doutait de la priorité de son fils.

Kaelen leva les yeux vers lui, son visage impassible, mais il sentit une lourdeur dans son cœur. Il garda le silence un instant avant de répondre d'une voix calme :

- « Je prépare ce soir comme je me dois de le faire, père. » Ses mots étaient mesurés, mais dans son regard, une pointe de défi perça. Il savait que son père ne se contenterait pas de simples réponses.

Roderic s'approcha, ses pas résonnant contre le sol de pierre. Il fixa son fils d'un regard glacial, ses yeux perçant comme des couteaux. Il s'arrêta à quelques pas de lui, observant Elyan dans les bras de Kaelen, puis il tourna son regard vers Kaelen avec une froideur inébranlable.

- « Le petit... » Il marqua une pause, comme si le fait d'en parler était une faiblesse. « Il ne t'empêchera pas de suivre ton destin. » Roderic énonça cela d'une voix sévère, presque dénuée d'émotion.

Le regard de Kaelen se durcit. Il savait que son père parlait toujours de son "destin" de manière menaçante. Ce destin qu'il lui imposait, sans tenir compte de ce qu'il ressentait.

- « Et quel est mon destin, père ? » Kaelen répondit d'une voix ferme, cherchant dans les yeux de son père un signe d'humanité qu'il savait perdu. « Tu veux que je sois un héritier docile, ou un soldat sur le terrain de guerre ? »

Le roi Roderic le fixa un instant, puis esquissa un sourire froid, un rictus cruel qui se dessina sur ses lèvres. Il se tourna légèrement sur ses talons, puis répondit, d'un ton calculateur :

- « Ce soir, tu seras l'héritier dont ce royaume a besoin. Mais crois-moi, Kaelen, la guerre qui approche nous réclame des hommes de valeur, et je doute que tu puisses encore rester à l'écart. » Il s'arrêta un instant, jetant un regard glacial sur son fils. « Tu veux prouver ta valeur, n'est-ce pas ? La guerre n'attend pas. Si tu veux vraiment accomplir quelque chose, tu ferais bien de préparer tes armes. La bataille est proche, et il semble que tu n'y échappes pas, même si tu le voulais. »

Les mots de Roderic frappèrent Kaelen comme un coup de poing. Il baissa brièvement les yeux, son cœur serré, mais il ne pouvait pas laisser son père avoir raison. Il ne voulait pas devenir ce qu'il voulait qu'il devienne : une marionnette, un soldat sans âme, qui suivrait aveuglément ses ordres. Pas après tout ce qu'il avait vécu, pas après ce qu'il avait appris.

- « Et si je n'en ai pas envie ? » rétorqua Kaelen, défiant son père d'un regard droit, plein de cette énergie juvénile et révoltée qu'il avait toujours. « Et si je ne veux pas que la guerre décide de mon avenir ? »

Le roi Roderic ne flancha pas. Il s'approcha encore de lui, son regard sombre se posant sur son fils avec une intensité glaciale.

- « La guerre te trouvera, Kaelen. Peu importe où tu iras. » Il marqua une pause, un sourire sévère étirant ses lèvres. « Ce royaume a besoin de son héritier, de son bras droit, et je ne te laisserai pas t'échapper à ton rôle. Si tu es assez homme pour le prendre. »

Kaelen sentit une vague d'irritation monter en lui. Il serra les poings sans que son père ne le remarque, bien décidé à ne pas céder. Il aurait voulu répondre quelque chose de plus fort, mais quelque chose dans le ton de son père l'arrêtait. Un ordre implicite flottait dans l'air, et Kaelen savait que s'il répondait trop durement, il risquait de déclencher une confrontation qu'il ne pourrait pas gagner, du moins pas pour le moment.

- « Et si je trouve la force de décider moi-même ce qui est juste ? » Kaelen dit enfin, d'une voix plus calme, mais pleine de détermination.

Roderic le regarda avec dédain, comme si son fils lui avait posé une question absurde.

- « Tu trouveras ta place, mais sache qu'elle ne se trouve pas dans la douceur et la protection car je trouverai quelque chose pour te persuader d'y aller dit il en regardant Elyan avec ragard espiègle . Ce soir, tu devras être l'homme que tu prétends être, pas le rêveur que tu essaies de devenir. » Il tourna lentement les talons. « Prépare-toi à la guerre, Kaelen. Ce soir, le royaume t'attend, mais la guerre te poursuivra. »

Kaelen resta là, figé, les mots de son père résonnant dans sa tête comme un lourd fardeau. La guerre, à nouveau. Il ne voulait pas de ce destin, mais il sentait la pression de la royauté peser sur ses épaules. Il se tourna vers Elyan, tendant une dernière caresse à son petit frère. Ce bébé, innocent, symbolisait pour lui tout ce qu'il ne voulait pas perdre : la possibilité d'une vie libre, sans chaînes, sans l'ombre du roi.

Mais comment échapper à cette guerre qui, semblait-il, l'attendait à chaque coin de rue ?