Les cauchemars s'intensifient. Je me réveille en sueur toutes les nuits avec un nœud dans l'estomac. J'ignore pourquoi, mais c'est dans ces moments-là que je pense à Jake. Sa seule présence m'apportait un certain réconfort. Quand il m'a prise dans ses bras cette nuit-là, je me suis sentie soulagée, en sécurité. Je sais qu'il ne veut pas de moi dans sa vie, que ça gâcherait sans doute ses projets d'avenir, mais je me contenterai de son amitié s'il le faut. Maintenant qu'il sait tout, c'est la seule personne avec qui je pourrais en parler librement.

Il me manque. Plus que je ne veux bien l'admettre. Je suis passée à la salle plusieurs fois pour évacuer le trop plein d'émotions et faire baisser mon état de stress. J'avais espoir de le voir. Je me suis dit que maintenant que la poussière était retombée on pourrait discuter.

Si j'étais quelqu'un d'autre je pourrais presque rire de la situation. Comment puis-je encore naïvement espérer qu'il m'adresse de nouveau la parole ? Qu'il me pardonne de lui avoir caché non seulement une part de moi, mais tout un passé ? Peut-être que je m'accroche à lui comme une bouée de sauvetage. Peut-être que je lui donne plus d'importance qu'il n'en a réellement ou que je suis seulement en manque d'attention. Que le départ de ma mère est ce qui m'a le plus bousillée en réalité, que mes émotions sont éparpillées parce que je n'arrive pas à faire le deuil de la personne la plus importante de ma vie et que c'est pour cette raison que j'accorde autant d'importance à ma relation avec Jake. Le plus dur dans tout ça, c'est que je les comprends tous les deux. Ils ne sont pas partis par lâcheté, mais par nécessité. J'ai su respecter le choix de ma génitrice, sans jamais chercher à la retrouver, alors pourquoi ne puis-je en faire autant avec lui ?

***

Deux semaines. Cela fait deux semaines que je ne l'ai pas vu. Il n'est pas venu au bar une seule fois. Il a même déserté le Ladies' Night jeudi dernier. J'avais espoir de pouvoir le voir danser, d'échanger avec lui quelques regards, à défaut de pouvoir lui parler, mais rien. Nada. C'est comme s'il avait disparu.

Pour combler mes journées libres, je m'entraîne ou fait du temps supplémentaire au bar. Ça m'occupe l'esprit le temps de quelques heures, avant de me retrouver de nouveau seule entre les murs de mon appartement. Le reste du temps, je travaille sur un projet secret avec Mike et je prends des cours d'informatique par correspondance. Ce ne sera peut-être pas demain la veille, mais, un jour, je l'aurai ma vengeance.

***

Décembre

Au bout de trois semaines, je suis carrément désespérée. Je quitte mon appartement dans le but de me rendre chez Jake. Mon besoin de le voir surpasse mon envie de le protéger. Je veux avant tout vérifier qu'il va bien, qu'on ne s'en est pas pris à lui pour m'atteindre.

Devant la porte de sa maison, j'hésite à sonner. Le trac commence à embarquer et je ne suis plus certaine d'avoir pris la bonne décision en venant ici. J'aurais préféré m'annoncer, mais on n'a jamais échangé nos numéros de téléphone. Mon cœur cogne si fort dans ma poitrine qu'il menace d'en sortir. Mes mains sont moites et je sens une goutte de sueur dévaler mon dos. Cogner ou partir ? Sonner ou courir ?

Partir serait choisir la facilité et désormais, je ne veux plus fuir.

Je prends une grande inspiration, compte jusqu'à deux et laisse mes poumons se vider de leur air. Mes paupières closes s'ouvrent et j'appuie sur le bouton de la sonnette avant de me dégonfler.

J'entends des pas de l'autre côté du battant et quand la porte s'ouvre enfin, je suis prise d'un élan de panique.

Mes yeux s'arrondissent de surprise alors que mon regard descend vers le bas, juste à la hauteur de ma taille.

Black Roses- En coursWhere stories live. Discover now