Chapitre 7

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Septembre

Les semaines qui suivent sont toutes aussi intenses. Je prends tranquillement mes marques à l'université, mais aussi à la salle de sport où je me rends plusieurs fois par semaine. Jake et moi avons très peu discuté depuis ma commotion, qui m'a d'ailleurs mise sur le banc de touche pendant quelques jours, mais quand on se croise, on se sourit mutuellement.

Arrivée sur le campus, je m'empresse de rejoindre le bâtiment des arts pour participer à mon cours de danse classique. Je suis impatiente de montrer à Mme. Lancaster à quel point j'ai progressé dernièrement.

Quand j'entre dans la pièce, les autres élèves sont déjà en train de s'échauffer. J'enfile donc mes pointes et suis le reste de la classe. On passe ensuite aux enchaînements de pas et on commence à apprendre des mouvements à faire en duo. Je danse avec plusieurs partenaires, mais aucun d'eux n'est au niveau de Kyle. J'aimerais tellement qu'on puisse faire équipe tous les deux. On a une telle alchimie que ça ne pourrait qu'être bénéfique sur scène. Déjà que je préfère danser en solo, si en plus je dois me coltiner un mec qui ne sait pas bouger, l'année sera longue.

Comme je termine plus tôt aujourd'hui, je prends le temps de me promener un peu avant d'aller travailler. Alors que je traverse la rue, mon téléphone sonne. Je réponds aussitôt sans prendre la peine de regarder qui m'appelle.

— Allô ?

— ...

— Allô ? Il y a quelqu'un ?

Seul le bruit d'une respiration me parvient de l'autre côté du téléphone. Prise de panique, je raccroche.

Se pourrait-il que ce soit lui ? Qu'il m'ait retrouvée ?

Quand j'enfonce l'appareil dans la poche arrière de mon jean, mes mains tremblent. La peur s'empare de mon être et je suffoque. Je sens la crise de panique arriver, mais je refuse de me laisser envahir par mes émotions. Parce que ce serait le laisser gagner, alors qu'il est presque impossible qu'il sache où je me trouve à l'heure actuelle. Si ça se trouve c'était un faux numéro ou des jeunes qui s'amusent à faire peur aux gens. Oui, c'est cela. Ce n'était pas lui. Il ne m'a pas retrouvée. Ce n'était pas lui. Il ne m'a pas retrouvée...

Je répète ces deux phrases en boucle jusqu'à ce que mon subconscient les intègre. Une fois rassurée, je rebrousse chemin vers l'arrêt de bus le plus proche pour me rendre au travail. Je ne dois pas laisser cet appel gâcher ma soirée. Il me suffira de faire comme si rien ne s'était passé. Après tout, je commence à être douée à ce petit jeu...

***

Samedi soir, quand j'entre dans le bar, c'est la panique. Gabriel, qui est pourtant toujours d'un calme olympien, a monté le ton. Téléphone à l'oreille, il fait les cent pas derrière le comptoir en gueulant sur tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. J'aperçois Danika et Nico assis à une table au fond de la salle. Ils semblent dépités, eux-aussi. Je m'approche et leur demande :

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Ben est malade et il ne peut pas venir travailler ce soir. Il nous manque un serveur, m'explique Danika.

— Ce sont des choses qui arrivent, je ne comprends pas pourquoi Gabriel est si remonté.

— Il est malade parce qu'il a fait la fête hier soir, voilà pourquoi le boss est en colère, raconte Nico.

— Ah, je vois... Personne ne peut le remplacer ?

— Si, il y a bien quelqu'un, mais Gabriel attend qu'il retourne son appel. Le week-end, on est toujours plein à craquer, il n'y a pas moyen de travailler avec une personne en moins.

Black Roses- En coursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant