16 : L'Oubliette

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Le cœur de Darron rata un battement en sentant le fantôme de son adolescence rouvrir ses plaies enfouies. Pourquoi devait-elle lui parler d'elle ? Comment était-elle au courant de leur lien ? Que savait-elle ?

Car il pouvait être assuré qu'elle connaissait certains détails de leur relation vu la lueur sadique qui illuminait son regard : la même que celle qui brillait dans celle de Malefoy lorsque Narcissa l'avait rejoint en l'abandonnant lui, Darron. Qu'est-ce que ce dernier avait-il pu dire à la sang pur pour qu'elle se permette de faire remonter ces sombres souvenirs ?

Il ouvrit sa bouche, un souffle s'en échappa, mais aucun son ne suivit. Sa gorge était nouée de colère, rage de la voir si satisfaite de sa douleur. La française sourit et s'approcha du britannique, lui glissant quelques mots à l'oreille.

- Je pensais que vous pourriez vous connaitre, mais elle a démenti ma supposition, l'acheva-t-elle.

Et elle le dépassa après l'avoir vu tressaillir.

Ainsi elle avait rencontré Cissy. Sans nul doute à un gala de bienséance que seuls les sangs purs pouvaient avoir le temps d'organiser pour camoufler leurs méfaits. Il ne savait pas ce qui lui faisait le plus mal entre le fait que les deux femmes qu'ils n'aient jamais aimées se soient rencontrées ou qu'elles aient parlé de lui. Quoique non, Cissy aurait dit ne pas le connaitre. Comment savoir si c'était vrai ? Et si la mage noire lui avait encore menti ? Si c'était une ruse pour l'embrouiller ? Pourtant, cette réponse ne l'étonnerait guère. Bien sûr que c'était plus facile de feindre ne pas le connaitre, plutôt que d'accepter le fait de l'avoir côtoyé. Les dents serrés, il revint à la réalité et se figea en ne la voyant plus.

Où était donc passé cette diablesse de française ?

Au même instant, il la vit émerger de la réserve avec une robe dans les bras, l'ignorant royalement avant de lui claquer la porte de la pièce d'essayage au nez. Un client était arrivé ? Quand est-ce qu'elle avait bien pu le faire entrer ? Et comment ne pouvait-il pas y avoir prêté attention ? Il était auror, le moindre bruit devrait l'alerter !

Furieux contre lui-même, il se concentra pour écouter leur conversation mais il fut bloqué dans sa mission par le silence. Mais plus qu'un silence, c'était une sorte d'arrière fond désagréable, brouillant toute autre onde. La peste a déjà lancé un sortilège pour me bloquer, comprit-il.

Il devait reconnaitre qu'elle était très vive. Bien sûr qu'elle avait compris qu'il la surveillait et elle avait donc pris ses dispositions pour s'y soustraire. Comment pouvait-il faire de rapport s'il ne pouvait pas entendre ce qu'elle partageait avec ses clients ? Mais loin de le faire abandonner, cela ne lui donnait que plus la certitude qu'elle cachait quelque chose de lourd au Ministère. Son manque de coopération causerait sa perte.

La porte s'ouvrit et il vit un grand homme aussi roux que lui suivre Edith d'Aveyron jusqu'au comptoir. Il ne lâcha pas du regard ce duo tandis que la couturière expliquait à son client les nombreux sortilèges protégeant le vêtement. Pouvait-il être un mangemort ? Echangeaient-ils des informations à travers un code prédéfini ? Il prit note de tous les charmes qu'elle évoqua, se promettant de chercher un quelconque lien avec quoi que ce soit plus tard le soir. En attendant il se permit de frôler la conscience du client et fut surpris de le voir candide : il n'y avait pas la moindre résistance, il pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert. Même les aurors n'ayant réussi à maitriser l'Occlumentie gardait un certain reste de défense, celui-ci n'avait jamais dû s'approcher de cette pratique une seule fois.

Peut-être que je suis trop tendu, ce bonhomme ne peut pas être un mangemort, nota-t-il en voyant les tendres pensées qu'il avait envers sa sœur Molly et son jumeau.

1977 : Les héros de l'ombre (Fanfiction Harry Potter)Where stories live. Discover now