6 : Seule

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— Qu'est-ce... balbutia-t-elle mais il la coupa aussitôt.

— Nox, siffla-t-ill.

La pièce sombra dans le noir. La jeune française hoqueta en le sentant attraper son poignet fermement. Elle voulut discuter, mais il la rendit muette par un silencio. Bien qu'effrayée par la dureté de l'homme qui la sortit de son appartement en trois foulées, elle garda son calme : il ne l'avait pas attaquée suite à cette découverte, il semblait simplement en colère. Pourtant, elle avait beau tenter de s'y accrocher pour ne pas sombrer dans la peur, une idée continuait de la harceler : et s'il faisait parti de toute cette promotion de Serpentards tombés dans la magie noire ? Et s'il était un mangemort ? Serait-il un agent double de Lord Voldemort ?

Elle n'eut pas le temps de l'accuser de quoi que ce soit qu'il la sortit de son appartement et la téléporta dans une rue.

Effrayée par ce voyage imposé, Edith se détacha de sa poigne et le menaça de sa baguette, bien que tremblante. Elle n'osait imaginer l'allure qu'elle devait avoir, la mine décomposée et des larmes d'incompréhension creusant ses joues, mais elle ne devait pas être bien effrayante.

L'auror n'y fit même pas attention, ne lui jetant pas le moindre regard, se contentant de lever le sortilège qui l'avait rendu muette un court instant, puis de se téléporter loin d'elle, se volatilisant dans le Londres endormi.

Edith resta un long moment figée, incapable de comprendre ce qui lui était arrivé. Tout s'était enchainé si vite, rien n'avait pu être expliqué, elle était confuse et apeurée.

— Quelle idiote, mais quelle conne oui ! jura-t-elle en prenant conscience de la situation.

Elle s'était noyée dans le bleu de ses yeux, lui avait bêtement confié son souvenir car elle ne supportait pas qu'il se trompe à son sujet. Insouciante qu'elle était, elle avait peut être donné une information précieuse à un mangemort, à un serviteur du seigneur des ténèbres, mage noir qu'elle combattait !

Effondrée par son idiotie, secouée par cet adieu plus qu'abrupte, Edith eut un haut le cœur. Elle s'accouda à un lampadaire, et rendit de la bile, elle qui n'avait pas mangé depuis bien longtemps.

Ne croire personne. Ne croire personne.

Elle se répéta cette maxime en boucle, alors qu'elle comprenait enfin pourquoi les aurors lors de sa formation insistaient tant sur celle-ci.

Ne croire personne.

Quelle idiote elle avait été, voilà qu'elle donnait raison à tous ces misogynes convaincus qu'une femme était incapable d'être responsable, ne rêvant que de romance !

— Mais quelle conne ! jura-t-elle en donnant un coup de pied dans une bouteille abandonnée.

Celle-ci partit se briser contre un mur plus loin, le bruit provoqué sortant Edith d'Aveyron de sa colère.

Elle devait se reprendre, il ne servait à rien de repasser en boucle son acte insouciant. Réfléchissant un court instant, elle se remémora l'attaque du bar, vérifiant qu'elle n'avait pas donné le moindre détail mettant en danger la Résistance. Ne trouvant rien, elle se laissa un instant oublier sa bêtise et elle souffla de soulagement.

Ce souffle devint un soupir, et elle regarda les étoiles, philosophe dans l'âme, se projetant dans l'une d'elle, une parmi tant d'autres, seule et sans chaleur autre. Cela faisait si longtemps qu'elle ne pouvait plus accorder sa confiance à qui que se soit, confier ses peurs et ses chagrins.

Plus que jamais, la présence d'un proche, quel qu'il soit, lui manquait. Vivre seul était dur, mais porter un fardeau seul, ça l'était d'autant plus. Elle repensa à tous ses collaborateurs avec qui elle entretenait de si bons liens... Tous les avaient coupés lorsqu'elle avait ouvert sa boutique à Londres. Personne ne souhaitait être lié de près ou de loin à une femme appréciant haut et fort l'ingéniosité des moldus, alors que cette même femme partait vivre dans un pays réprimé de la sorte. Elle se remémora aussi ses amis de Beauxbatons, ses camarades qui l'avaient accompagnée durant toute sa scolarité : certains l'avaient compris, il y en avait même qui combattaient déjà auprès des aurors anglais en tant que chasseurs français de mages noirs. Mais tant avaient tenté de la détourner de son objectif... Elle voulait les comprendre, entendre leur peur pour elle, mais au fond d'elle elle leur en voulait. Ils auraient dû la supporter et non simplement hocher tristement de la tête.

1977 : Les héros de l'ombre (Fanfiction Harry Potter)Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin