5: Darron Shepherd

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Il ne dit rien, se contentant de l'observer en silence.

Edith sentit son cœur s'accélérer, alors qu'elle était à quelques mètres de son moldu qu'elle cherchait depuis tant de temps. Quoique non, son sorcier. Il était visiblement un auror. Un chasseur de mage noir. Un espoir pour les victimes des mangemorts.
La honte la prit en se souvenant qu'elle l'avait utilisé pour faire fuir ses collègues de sa tête, mais tout aussitôt, la timidité la remplaça.

Timidité ?

Elle, Edith d'Aveyron, fille d'une des plus nobles familles de sorciers, sorcière brillante et personnalité adulée, un simple homme la rendait timide ? Quelle idiotie !

Cette idée aberrante la défigea et elle combla la distance qui les séparait pour atteindre son niveau.

— Un café ? propose-t-elle dans un parfait anglais.

Il ne dit rien mais la suivit alors qu'elle continuait son chemin.

La française sentait son sang pulser contre ses tempes tant son cœur battait vite. Elle ne rêvait pourtant pas de romance : ses plus longues relations se comptaient en jours. Peut-être était-ce le fait qu'il n'avait fait que la suivre durant cette nuit de Mars 1976, qu'ils n'avaient quasiment rien échanger d'autres que des sourires, qu'il avait cette aura de mystère qui l'entourait ? Qu'importe la raison, elle avait eu l'impression que leur relation s'était finie trop abruptement, il était parti avant même qu'elle ne se réveille le lendemain. Depuis, elle n'avait fait que tenter de le retrouver. Elle l'avait cherché si longtemps qu'elle se retrouvait à présent incertaine, à déambuler à ses côtés au hasard dans le Londres ensommeillé, ayant atteint son but mais n'ayant jamais imaginé de suite.

Et il ne disait rien. Il la suivait, quelques pas en retrait. A quoi pouvait-il penser ?

Elle projeta son esprit vers le sien le plus doucement possible pour ne pas se faire prendre, mais elle tomba sur un mur infranchissable. Il ne cherchait même pas à le masquer. Que cachait-il pour être si bien entrainé ? Et pourquoi même était-il capable de faire de l'Occlumentie ? Très peu de sorciers le maitrisaient : pour cause, cela demandait une formation assidue et une concentration et détermination à toute épreuve. Mais c'était aussi un apprentissage extrêmement humiliant, à chaque échec le maitre pénétrait l'esprit de l'élève et pouvait tomber sur des souvenirs intimes. Heureusement pour elle, son professeur était un homme de quelques années son ainé avec qui elle s'était immédiatement entendue. Cela n'en restait pas moins très intrusif et peu de sorciers acceptaient de s'y plier pour maitriser cette branche de la magie. Alors pourquoi son moldu l'avait fait ? Ce dénominatif la fit tiquer et elle sourit en se rendant compte que les habitudes avaient la vie dure. 

— Je pensais que vous étiez un moldu, avoua-t-elle en anglais pour briser le silence.

Voyant qu'il ne répondait pas, elle se retourna abruptement et il manqua de la percuter par surprise.

Son masque froid tomba un court instant, laissant entrevoir l'homme qu'il était derrière, les yeux écarquillés par la surprise et un « be careful » étouffé entre ses lèvres entrouvertes.

Comme il est adorable, pensa-t-elle alors qu'il se redressait l'air de rien, retrouvant son masque.

Mais qu'importe qu'il maitrise les expressions de son visage, la teinte rosée de ses oreilles le trahissait. Il n'était pas aussi insensible qu'il n'en avait l'air.

Pour autant, cette absence de retour lui pesait et elle le confronta quelque peu tendue.

— Lorsque je vous ai proposé un café, c'était une pro-po-si-tion, articula-t-elle le dernier mot. Pas un ordre. Ou vous êtes intéressé et je m'attends à un minimum de conversation, ou vous vous sentez obligé et dans ce cas-là mieux vaut nous séparer. Cette nuit avait été fort agréable, je ne veux pas me rendre compte que mon moldu n'est qu'un sorcier sans le moindre intérêt !

1977 : Les héros de l'ombre (Fanfiction Harry Potter)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant