[Sterek] OS en tous genres

Somnambule - partie 1

Il faisait bon, ce soir. Derek avait vêtu son épaisse toison noire et s'était élancé sur ses quatre pattes pour visiter la forêt de Beacon Hills, dont il aimait tant le calme, durant la nuit. Il appréciait chaque foulée qu'il faisait, chaque nouveau pas dans l'humus. Les températures de ce mois de Juin éveillait tous ses sens et s'il demeurait vigilent, il ne s'empêchait pas de profiter du monde sauvage qui l'entourait : la civilisation avait un don pour le surstimuler et lui faire remonter un furieux besoin de solitude. Il aimait sa meute et il aimait son loft, mais il éprouvait souvent le besoin de se retrouver seul. Se balader dans les bois de Beacon Hills, en plus de lui permettre une surveillance régulière de son territoire, lui offrait tout le loisir de se retrouver avec lui-même et de réfléchir paisiblement sur son présent et l'avenir qu'il se dessinait peu à peu aux côtés de ces agaçants adolescents qui étaient finalement devenus sa deuxième famille.
Humant tranquillement l'air qui l'entourait, l'animal remarqua une odeur inhabituelle qui l'invitait à s'éloigner du centre de la forêt. Il connaissait cette odeur, mais il était étonnant pour lui de la sentir dans ce secteur. Stiles n'avait pas mis les pieds dans les bois depuis un bon moment. Si Derek avait pu le lui interdire strictement il l'aurait fait volontiers, d'ailleurs, pour protéger ce stupide humain souvent trop téméraire. Mais l'adolescent était borné et refusait de rester en sécurité malgré son statut fragile d'être tout sauf surnaturel. Pour autant, donc, il n'était pas sensé être venu dans les parages ces derniers temps. Son odeur n'avait donc rien à faire ici. Derek trottina en suivant la piste de l'être humain, cherchant des effluves émotifs pour s'assurer qu'il n'était pas en danger.
A priori, rien ne semblait angoisser l'adolescent. Derek plissa légèrement les yeux, dubitatif. Stiles était un garçon anxieux. Son stress emplissait l'air partout où il allait et ce soir, rien. Si l'odeur de son angoisse aurait alerté Derek, l'absence de cette nuance dans la piste olfactive l'alertait encore davantage. Quelque chose n'allait pas : Stiles n'était jamais vraiment serein. Le loup accéléra l'allure, juste par précaution. Il regretta rapidement d'être sorti sous sa forme lupine : son téléphone était resté au loft et il ne pourrait appeler des renforts qu'en alertant les éventuels ennemis de sa présence. Il devait se dépêcher de retrouver ce gamin imprudent avant que la situation ne dégénère.
Bientôt, la piste de Stiles devint plus nette, Derek était sur ses talons. Aucune odeur n'accompagnait l'adolescent mais le loup se méfiait tout de même, il trouvait étrange que l'être humain ne soit pas accompagné de sa fidèle amie inquiétude.
Lorsqu'enfin Derek tomba sur son jeune ami, la stupeur prit place dans ses yeux clairs. Il s'approcha un peu plus près, pas sûr de voir clair. Pourtant si, Stiles était complètement nu, il ne rêvait pas. Le loup s'approcha en trottinant et contourna l'adolescent pour lui faire face. Mais Stiles ne sembla même pas le remarquer, concentré sur sa progression. Ses pieds nu écrasaient l'humus sans sembler prendre garde aux brindilles et aux irrégularités du sol qu'il foulait. Derek aurait bien appelé son nom, mais même ses grognements n'attiraient pas l'attention de l'adolescent. Finalement, le loup comprit que Stiles ne répondrait pas : il semblait dormir encore. Il baragouinait des mots inintelligibles et son regard fixé dans le vide semblait ne rien voir autour de lui. Il semblait guidé par une force inconnue et Derek, inquiet, décida de le suivre pour ne pas risquer le réveiller.

Leur escapade dans les bois les mena directement au loft de Derek, qui reprit forme humaine à la lisière de la forêt pour précéder Stiles et libérer son chemin. Pour sûr, s'ils étaient découvert ainsi tous les deux nus dans la rue, ils auraient de sacrés ennuis avec les forces de police. Par chance, les trottoirs étaient déserts et ils purent rejoindre le logement du loup sans encombre.
Derek souffla de soulagement à l'instant où Stiles passa la grande porte coulissante du loft : ils étaient enfin en sécurité.

- Stiles ?

Mais l'adolescent ne le regarda ni ne lui répondit, continuant de marcher aveuglément pour traverser le grand salon. Derek enfila les vêtements qu'il avait laissé devant la porte d'entrée avant de sortir, et s'empressa de rejoindre l'humain dans les escaliers en colimaçon qui les menèrent au premier étage. Là, Stiles se dirigea simplement vers la salle de bain, laissant la porte ouverte derrière lui, avant d'entrer dans la douche et d'allumer l'eau. Derek l'observa longtemps, interdit, tandis que l'humain restait parfaitement immobile sous le jet d'eau.
Est-ce qu'il était sérieusement en train de prendre une douche chez lui ? C'était à n'y rien comprendre. Pourquoi l'adolescent avait-il traversé Beacon Hills pour venir chez lui ? Un somnambule n'était pas plutôt sensé resté dans les zones que son inconscient connaissait par coeur ? Quoi qu'avec tout le temps que Stiles avait passé au loft ces dernières années, il pouvait bien le connaître aussi bien que sa propre maison.
Après quelques longues minutes sans bouger, Stiles éteignit l'eau, quitta la douche et sortit de la pièce sans même se sécher. Dégoulinant d'eau, le voilà qui traversait le couloir sans davantage s'inquiéter de la présence du loup-garou qui le suivait encore à la trace. Derek l'observa lorsqu'il entra dans sa chambre et ne fit rien de plus lorsqu'il s'installa dans ses propres draps, inondant le lit de l'eau qui l'avait recouvert plus tôt. Le loup attendit un peu, supposant que l'humain se relèverait pour partir vers une nouvelle aventure de son inconscient. Mais le temps passa, et Stiles ne bougea plus, sombrant dans un sommeil profond. Toujours stupéfait de ce qui venait d'arriver, Derek décida de recouvrir l'adolescent de sa couverture et quitta la pièce après s'être assuré qu'il ne bougerait plus de là. Tant pis pour la logique, il aurait tout le temps de demander des explications demain matin.