[Sterek] OS en tous genres

Feu d'artifices - partie 1

Voilà près d'une demi-heure qu'il tournait dans les rues de Beacon Hills sans trouver la moindre trace de ce fichu loup qui avait pourtant été signalé par pas moins de sept personnes différentes. Scott ne répondait pas au téléphone et Derek était introuvable, ajoutant à son angoisse que l'un des membres de la meute soit en danger. Prenant un virage, il appuya à nouveau sur la touche d'appel avec un grincement de dents agacé.

- Allez Scotty, réponds ... réponds ...
- Allô ?
- Scott ! T'es où ? Rapplique ! Un loup a été signalé au poste de police ! Ca fait une demi-heure que j'essaie de t'appeler !
- Désolé, je n'ai pas entendu mon téléphone. Un loup ? Ils sont sûrs ?
- Sept témoignages différents, Scott. C'est bien un loup ! T'es où ?
- De l'autre côté de la forêt, au bord du lac. On s'était donné rendez-vous pour le feu d'artifice, tu te rappelle ?
- Tu y es allé malgré la pleine lune ? Et Liam ?
- Ca va, il gère. Tout le monde gère bien.
- Tout le ... Tu as ramené toute la meute !?
- Ouais, il ne manque que Derek mais il n'a pas répondu quand j'ai proposé la sortie, ce matin. Tu le connais, il doit profiter de la solitude dans son loft.
- Ouais, sûrement. Je te laisse, Scotty. Occupe-toi des autres, je gère avec le loup.
- Tout seul ?
- Je t'appelle si j'ai un problème.

Et sans laisser le temps à son meilleur ami de répliquer, l'adolescent raccrocha son téléphone. Il était là. A quelques dizaines de mètres, recroquevillé dans l'obscurité, l'énorme masse sombre ne laissait que peu de doute quand à son identité. Même ainsi ramassé sur lui-même, l'animal était trop grand pour être un simple chien.

Stiles se gara sur le côté et éteignit ses phares pour ne pas effrayer la bête. Qu'elle soit surnaturelle ou simplement sauvage, il n'avait aucun intérêt à la faire paniquer : il n'avait aucune arme pour se défendre en cas d'attaque. Il s'avança lentement, fixant la pénombre pour anticiper au maximum les éventuels déplacements de l'animal.

- Eh oh ?

Il se sentit stupide, tout à coup. Si ce n'était pas un garou, le loup aurait vite fait de le déchiqueter avant de s'enfuir. Mais les choses étant ce qu'elles étaient à Beacon Hills, il avait peine à croire qu'il pourrait faire face à un véritable loup dans les parages. L'animal geignait, les oreilles plaquées contre son crâne et le regard tourné vers le sol. Stiles réalisa que finalement, il aurait préféré avoir Scott ou Derek avec lui. Même la présence d'Isaac l'aurait rassuré.

- Je ne vais pas te faire de mal. La police te cherche partout, je suis là pour t'aider. Tu ... tu as besoin d'aide ?

Le regard de l'animal se redressa brusquement vers lui, le fixant avec une lueur farouche. Stiles sursauta par réflexe, incertain. Mais le loup n'esquissa pas le moindre mouvement, le fixant dans les yeux sans plus bouger. Ca lui semblait impossible, pourtant ce regard lui faisait étrangement penser à Derek. Mais pourquoi serait-il ici ? Pourquoi sous sa forme animale, et pourquoi dans cet état ?

- Est-ce que tu es blessé ?

Au-dessus de la ville, une déflagration retentit, faisant sursauter l'adolescent une seconde fois. La lune brillait fort au-dessus d'eux et les couleurs du feu d'artifices illuminèrent le ciel d'une lueur rougeâtre. Le loup poussa un glapissement pitoyable avant de gronder en se tournant sur lui-même. Comme s'il cherchait à fuir sa propre condition. Il s'éloigna de la poubelle qui jusque là le camouflait de la rue, et chercha du regard la moindre échappatoire. Stiles tendit les mains devant lui, comprenant que l'animal s'apprêtait à lui fausser compagnie.

- Attends, je peux t'aider ! Ne pars pas !

Mais le loup s'était élancé de l'autre côté et avait déjà disparu, laissant derrière lui l'adolescent perplexe. Se pouvait-il que ce soit Derek ? Non, il aurait repris forme humaine, ne serait-ce que pour le plaisir de mettre le garçon mal à l'aise devant sa nudité. Stiles sortit son téléphone de sa poche et tenta d'appeler l'ancien Alpha. Mais les tonalités se suivirent et l'appel resta sans réponse. Là n'était pourtant pas la preuve qu'il s'agissait bien de Derek. Le loup était mauvais avec la technologie et même s'il avait fini par céder à force que Stiles lui dise de s'acheter au moins un téléphone, il ne s'en servait que rarement et ne répondait pratiquement jamais quand ils l'appelaient.

- Bon sang, Sourwolf, où est-ce que tu es ?

Il fixa à nouveau la ruelle, là où le loup venait de disparaître. Puis il rejoignit sa jeep et reprit son exploration de la ville, à la recherche de cet animal dont la police ne saurait quoi faire si elle l'attrapait avant lui. Il écouta la fréquence du bureau du schérif, suivant les potentiels indices pour trouver l'animal avant les équipes d'intervention. La fourrière avait été dépêchée sur place pour capturer la bête sauvage. Il devait absolument la trouver en premier : un sédatif rendrait sa forme humaine au loup, ce qui déclencherait un engrenage effroyable de complications.

Cette fois, il lui fallut moins de dix minutes pour retrouver sa cible. A nouveau, le loup avait trouvé refuge entre deux conteneurs à ordures, derrière un restaurant fermé. Stiles s'arrêta au milieu du trottoir pour empêcher la fuite de l'animal, puis il descendit lentement de son véhicule. Le ciel se fendait de couleurs exceptionnelles, accompagnées d'explosions impressionnantes. Le spectacle devait être magnifique, de là où se trouvait la meute. Stiles se sentit presque jaloux de manquer cette soirée. Mais chaque nouveau pétard mettait le loup un peu plus en détresse et l'adolescent se prit d'empathie pour la sensibilité exacerbée de cet animal, d'autant plus un soir de pleine lune.

- Le combo pleine lune et feu d'artifices doit te faire sacrément souffrir, hein, mon vieux ?

L'animal se frottait les oreilles avec ses deux pattes avant, se roulant sur lui-même avec désespoir. Stiles avait presque l'impression qu'il essayait de s'arracher les oreilles comme pour ne plus entendre les bruits de détonations qui devaient lui percer les tympans. Il releva à nouveau la tête vers Stiles, l'observant avec attention. C'était sûr, cette fois : ce loup n'était pas juste l'ancêtre des chiens domestiques. Une bête sauvage aurait fui ou attaqué. Celui-là l'observait et l'écoutait. Il comprenait forcément ce que l'adolescent lui racontait.

- Je peux t'emmener dans un endroit sûr, loin d'ici. Mais il faut que tu monte dans ma voiture avant que les forces de l'ordre te mettent la main dessus. Ils ont des véto' avec eux, ils risquent de te découvrir, tu comprends ?

Le loup ne bougea pas, jetant des coups d'oeils entre l'humain et la voiture qui gênait sa fuite, derrière lui. Il gémissait toujours, lorsque Stiles se redressa pour reculer lentement vers sa jeep.

- Je vais ouvrir la portière et te faire de la place, ok ? Viens avec moi, s'il te plait ...

Sans quitter des yeux l'animal sombre, il tendit une main dans son dos à la recherche de la poignée de sa voiture, qu'il actionna pour en ouvrir la portière. Il fut obligé de se retourner pour reculer le siège passager au maximum, mais cette fois le loup ne bougea pas, attentif à ses mouvements. Et lorsqu'il se retourna pour l'inviter à monter, il sursauta en constatant que l'animal s'était approché de lui sans un bruit, se tenant désormais à moins de vingt centimètres de ses mains. Il fut définitivement convaincu de son identité surnaturelle lorsque l'animal grimpa docilement dans la jeep, se terrant au pied du siège passager sans broncher.

- Ok, génial. En route.

Il ferma délicatement la portière en faisant attention à l'énorme queue touffue de l'animal, puis contourna sa voiture en jetant partout autour de lui des regards attentifs pour s'assurer que personne n'avait rien vu. Il démarra en trombe pour quitter les lieux alors que de nouvelles explosions illuminaient le ciel en de magnifiques couleurs bleues et vertes. Un grondement sourd à côté de lui l'incita à accélérer l'allure pour quitter la ville au plus vite. Il devait s'éloigner des festivités rapidement avant que l'animal ne devienne dingue et provoque un accident.

Stiles parcourut quelques kilomètres avant de chercher un endroit où s'arrêter. Il n'entendait plus les sons du feu d'artifice depuis longtemps, mais il avait continué à rouler jusqu'à ce que le loup cesse de geindre contre la portière droite. Il descendit enfin de voiture et contourna l'habitacle pour ouvrir à l'animal, qui s'extirpa lentement de la place où il s'était roulé en boule tant bien que mal. Stiles réalisa que vu sa taille, il avait dû être bien à l'étroit dans sa jeep.

- Je pense que tu sera mieux ici. En tout cas le temps que la soirée se termine. Est-ce que ... est-ce que tu as besoin que je reste avec toi ? Pour te ramener à Beacon Hills ? Où est-ce que tu habite ?

L'animal ne dit rien, évidemment. Mais il regardait Stiles avec une intensité dans le regard, qui fit frémir l'adolescent. Il avait l'air ... abattu. Pour un peu, Stiles aurait cru le voir trembler. Il avait réfléchi tout le long du trajet. C'était probablement un oméga qui n'était que de passage dans la ville. Ca ne pouvait pas être Derek. Le loup de naissance se contrôlait à la perfection. Jamais Stiles ne l'avait vu perdre son sang-froid.

Le loup fit quelques pas pour s'éloigner de Stiles, avant de se retourner pour lui faire face et le regarder dans les yeux. L'adolescent s'accroupit, bien conscient qu'un tel geste était insensé de sa part, face à un loup inconnu, mais incapable de ne pas le faire. Il resta là, les yeux plongés dans ceux du loup, sans plus bouger pendant de nombreuses secondes. Il y avait quelque chose, quand même, qui fascinait le garçon. Ce loup lui avait fait confiance sans le connaître. Il ne l'avait pas attaqué, et il était même monté docilement dans sa jeep. Quelque chose lui échappait mais il ignorait quoi.

Perdu dans ses pensées, il fut surpris de sentir la tête du loup se lover dans ses mains, qu'il avait laisser pendre sur ses genoux. Les muscles tendus, il resta immobile, les doigts à peine posés autour du crâne lupin dont les yeux s'étaient fermés comme pour profiter de l'étreinte timide qu'il lui donnait. Et puis, sans trop y faire attention, l'adolescent commença à faire fourrager ses doigts dans le pelage noir de l'animal, juste autour des oreilles et de la nuque.

- Sacrée soirée, mon ami ... Sacrée soirée.

Un léger coup de tête vint lui frapper le nez suffisamment fort pour lui faire mal, mais Stiles ne s'échappa pas de ce contact maladroit et colla son front sur le haut du crâne de l'animal. Il sentit son odeur musquée se changer en un parfum d'aftershave, en même temps que ses mains caressaient des poils qui disparaissaient lentement pour laisser place à une chevelure plus courte et moins drue. L'adolescent ferma les yeux, de peur de constater ce qu'il n'avait pas voulu croire en premier lieu. La respiration du loup était moins lourde, maintenant que son corps était redevenu humain.

Aucun des deux ne bougea pendant plusieurs secondes, avant qu'enfin Stiles redresse lentement la tête. Devant lui, Derek avait un genou au sol et l'autre replié contre sa poitrine, les deux mains en appui dans la terre et les feuilles mortes qui jonchaient l'orée du bois. Il redressa son visage à son tour, pour plonger à nouveau ses yeux dans ceux de l'adolescent, qui ne sut plus s'en défaire.

Il avait tant de questions. Comment était-ce arrivé ? Pourquoi n'avait-il pas su se mettre à l'abris par lui-même ? Et surtout, pourquoi acceptait-il de se montrer ainsi, vulnérable aux yeux de Stiles, alors qu'il aurait pu simplement s'enfuir dans les bois et faire comme si tout ça n'avait jamais existé ?

Stiles obtint sa réponse après quelques secondes de silence, lorsque l'ancien alpha releva complètement la tête pour venir l'embrasser du bout des lèvres. L'adolescent n'avait pas retiré ses mains de la nuque du loup, caressant maintenant la base de ses cheveux en une tendre étreinte. Les mains du loup remontèrent le long de sa chemise pour venir se refermer doucement sur ses joues, alors que la langue du loup-garou demandait l'autorisation pour venir rencontrer la sienne dans un baiser empli de reconnaissance. Il ne saurait peut-être jamais ce qui était arrivé à son ami, mais maintenant que leurs bouches se découvraient pour la toute première fois, il se fichait bien de ce qui avait pu se passer.