[Sterek] OS en tous genres

Paralysie

- Je t'ai dit que ça allait ...
- La ferme.

Non, ça n'allait pas. Et Stiles l'agaçait, à prétendre le contraire depuis qu'ils avaient quitté la station-service, quelques minutes plus tôt. Derek le sentait agacé depuis qu'il avait démarré la voiture mais lui-même se sentait particulièrement nerveux et l'ambiance lourde qui s'était insidieusement installée entre eux n'aidait pas à faire redescendre la pression.

La nuit recouvrait les rues de son manteau sombre depuis plusieurs heures déjà, et Derek aurait donné n'importe quoi pour revenir à ce moment de paix qu'ils avaient partagé, avant que tout ne dérape. Il était en colère, mais pas contre Stiles. Il s'en voulait à lui, de n'avoir rien vu plus tôt. Il aurait dû se rendre compte de quelque chose, n'importe quoi. Il y avait forcément eu des signes et il les avait loupés.

Il pleuvait, dehors. Les vitres de la camaro ruisselaient de cette eau froide qui tombait du ciel pour s'écraser sur le monde. Derek se sentait totalement en accord avec cette atmosphère lourde qui les entourait de ses bras puissants. Il avait peur. Après tout ce que Stiles avait traversé, plus rien ne semblait plus important aux yeux du loup, que sa sécurité. Mais le gamin était borné et toujours prêt à se jeter en première ligne sans se préoccuper de lui-même. Il voulait se battre aux côtés de ses amis sans prendre en compte qu'il ne possédait pas les mêmes armes.

- C'était juste un malaise, Derek. Je vais dormir et ça ira mieux, c'est tout.

Derek ne répondit pas, continuant de rouler avec énergie, sourd aux supplications du jeune homme qui se tenait à ses côtés. Ils avaient trop souvent laissé en arrière-plan la santé de l'adolescent et l'avaient déjà payé cher par le passé. Ils avaient failli le perdre plus d'une fois et la période du Nogitsune, encore aussi fraiche dans sa mémoire qu'une plaie béante, avait été la fois de trop pour le loup-garou. Plus personne ne toucherait jamais plus à son humain.

- Sérieux, tu vas vraiment m'emmener à l'hôpital pour si peu ? Rentrons au loft, c'est tout. S'il te plait ...

Basculé par un mouvement brusque de la voiture, Stiles s'accrocha d'instinct à la portière jusqu'à ce que le véhicule s'immobilise complètement sur une place de parking. Derek venait de se garer -si on pouvait appeler ça se garer- et fixait maintenant l'adolescent avec une telle rage dans les yeux que Stiles se demanda s'il n'allait pas le frapper.

- Tu étais paralysé ! Ca n'a rien de normal ou d'anodin, Stiles ! Bon sang, quand vas-tu enfin grandir !?

Stiles soupira doucement, détournant les yeux de honte. Oui, dit comme ça, ça semblait inquiétant. Mais il était convaincu que ça n'avait pas tant d'importance que ça. Il s'était finalement relevé, alors à quoi bon affoler tout Beacon Hills ?

- Je t'assure que je me sens mieux. C'était juste un petit/
- Tu ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter.
- Mais tu n'as pas à le faire. Je vais bien, Der'.
- Tu allais bien aussi, avant que le Nogitsune ne te possède. Et avant que Gérard t'enlève et te fracasse le visage. Tu allais toujours bien et ça n'a pas empêché tout ce qui est arrivé.

La voix de Derek était emplie d'une détresse que Stiles était le seul à connaître, et qui lui brisait le coeur. Le loup n'avait jamais été un grand sentimental. Il était plutôt le genre à frapper et discuter ensuite. Mais leur coexistence forcée depuis la morsure de Scott l'avait poussé à évoluer. Et si au fil des années, Stiles et lui s'étaient grandement rapprochés, leur relation avait un double-tranchant particulièrement désagréable pour l'humain.

Il était tombé amoureux d'un loup-garou insensible et autoritaire. Et c'était un loup-garou anxieux et vulnérable qui lui avait finalement retourné ses sentiments. Derek restait bien sûr cet être combatif et fort, mais il avait finit par montrer à Stiles ce qu'il cachait aux autres depuis des années, et l'adolescent s'était alors senti chargé d'un fardeau qu'il avait peur de ne pas savoir porter. Il soupira doucement, posant un regard compréhensif sur son petit-ami.