Tonnerre - partie 1

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Il était presque deux heures du matin. La pluie battait contre les vitres de sa Camaro et Derek avait rarement été de si mauvaise humeur. C'est dire à quel point son moral craignait.
Il avait tout tenté pour relancer le moteur de sa si précieuse voiture, mais elle ne voulait rien savoir et pire encore : il n'y avait selon lui pas la moindre explication à cette panne inattendue.
Il entretenait sa voiture comme on protège un trésor. Tout était à jour dans sa mécanique et le moindre grincement lui valait systématiquement une visite de révision. Alors non, cette panne subite n'avait décidément aucun sens.
Il était trempé jusqu'aux os et sa colère semblait aller crescendo alors qu'il ne pensait même pas l'idée possible. En fait, il avait une nette envie de fracasser la carrosserie pour lui faire passer l'envie d'un futur coup de calgon comme celui-ci. Mais c'était encore au-delà de ses forces, pour l'instant. Il aimait encore trop sa voiture pour lui faire le moindre mal.

- Derek !? Bon sang mais qu'est-ce que tu fous ici !?

Ah. Peut-être qu'il venait finalement d'atteindre le summum de sa mauvaise humeur. Le dos courbé au-dessus de son capot encore ouvert, Derek poussa un léger grognement en tâchant d'ignorer cette fichue voix agaçante qui avait traversé la pluie jusqu'à ses oreilles.

- Derek !?

De toutes les rues de Beacon Hills, il avait fallu qu'il tombe en panne dans celle-ci. Et de toutes les maisons de cette rue, c'était forcément devant celle des Stilinski que son moteur avait lâché prise. Et bordel, de toutes les nuits de l'année, c'était visiblement celle-ci qu'avait choisi l'hyperactif de la meute pour faire une insomnie.

- Eh, je sais que tu m'entends, hein ? On avait un chien quand j'étais gosse et il entendait très bien mon père quand il l'appelait sous la pluie.

Derek tourna légèrement son visage vers l'adolescent, ses yeux luisants de colère. Venait-il sérieusement de le comparer à un vulgaire chien ?

Stiles n'eut pas besoin de dons surnaturels pour percevoir la colère dans les yeux du loup-garou, même à cette distance. Il déglutit difficilement et hésita sérieusement à rentrer pour s'enfermer à clefs, juste au cas où une envie subite prenne Derek de l'égorger.
Finalement, sa bonne conscience prit le dessus et le força à enfiler des chaussures et un imperméable pour rejoindre l'animal grincheux qui semblait en difficulté devant chez lui.

- Sérieusement, Derek, qu'est-ce que tu fais ici ?
- J'avais très envie de passer un moment avec toi.

Stiles resta idiot un moment, complétement ahuri par un tel aveu. Derek n'avait jamais montré la moindre trace de sympathie à son égard et maintenant, il voulait passer du temps avec lui ? Ca lui semblait tout bonnement insensé qu'une telle idée eut put germer dans l'esprit de l'ancien alpha.

Un silence gênant s'étira entre eux et si le loup aurait apprécié grandement de ne pas entendre la voix de Stiles en temps normal, il comprit qu'ici le calme exceptionnel de l'adolescent ne faisait que trahir son trouble face à sa précédente déclaration. Derek roula des yeux avec exaspération.

- Je suis tombé en panne, sombre crétin.
- Oh ! Ah oui ! Évidemment !

Décidément, ce gamin avait beau être brillant et avoir un esprit plus vif que la plupart des gens, il restait parfois d'une stupidité assez incroyable.

- Puisque tu es là, tu n'aurais pas quelques outils, par hasard ?
- Si, bien sûr.

Derek attendit quelques secondes mais le gamin ne bougeait pas. Le regard d'abord ancré dans son capot, il redressa finalement la tête pour toiser l'adolescent avec dédain.

- Et donc tu va les chercher ?
- Oh ! Oui !

Tout en secouant la tête avec désespoir, Derek regarda Stiles s'éloigner en courant sous les trombes d'eau qui leur tombaient dessus, pour disparaître dans sa maison. Il réapparut quelques instants plus tard par la porte du garage qu'il venait d'ouvrir dans un grincement.

- Eh ! Tu voudrais pas qu'on la pousse à l'abris ?

Le loup-garou hésita. Stiles n'aurait clairement pas la force de pousser seul la camaro mais la seule idée de laisser ce sale gosse poser ses fesses trempées sur son siège, ainsi que ses mains sur le volant, faisait ressentir au loup une frustration énorme. Personne n'avait le droit de toucher à sa voiture et surtout pas cet emmerdeur de Stilinski. Il claqua le capot dans un geste agacé avant de contourner le véhicule par la droite.

- Amène-toi, monte derrière le volant. Et ne touche à rien d'autre.

Il fallut quelques secondes à Stiles avant de comprendre ce que son acolyte venait de lui demander. Il connaissait l'importance que pouvait avoir la voiture aux yeux du loup et se sentait honoré d'avoir une chance pareille, même s'il était parfaitement conscient que ça relevait davantage d'un manque d'options que d'un quelconque geste généreux de la part du loup. Il s'installa précautionneusement à la place du conducteur et s'étonna du confort de l'assise, qui n'avait décidément rien à voir avec sa précieuse jeep bleue. Stiles aimait profondément sa vieille voiture mais il ne pouvait nier la nette différence de gamme entre les deux véhicules.

- Prêt ? Enlève le frein à main.

Stiles obtempéra en silence avant d'envoyer un pouce en l'air à Derek par-dessus le siège passager. Le loup se mit à pousser de toutes ses forces tandis que l'adolescent tournait le volant vers la gauche jusqu'à son maximum, pour aligner la voiture sur l'allée de sa maison. Une chance que son père soit au poste jusqu'au matin, sinon ils n'auraient pas pu profiter de l'abri qu'offrait le garage pour réparer la voiture.

Il fallut plusieurs minutes à Derek pour pousser la voiture jusqu'à l'intérieur du garage mais trempé pour trempé, il ne se plaignit pas d'être celui qui avait dû rester dehors pendant la manoeuvre. Lorsque Stiles quitta enfin l'habitacle, Derek se refusa à regarder l'intérieur pour ne pas se faire du mal. Il n'avait aucune envie de voir la trace humide du corps de l'adolescent sur son siège en cuir, et encore moins de sentir l'odeur de l'hyperactif dans l'air. Il se contenta donc de reprendre place devant la voiture et de rouvrir le capot, ignorant désormais la présence du garçon qui s'était immobilisé dans un coin de la pièce.

- Bon ... Je vais aller prendre une douche.

Derek répondit par un léger grognement et s'affaira dans la mécanique, en tâchant d'ignorer les images désagréables d'un Stiles nu qui tentaient de se frayer un chemin derrière ses yeux.

[Sterek] OS en tous genresWhere stories live. Discover now