Chapitre 18

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- Iris ? Iris, tu m'écoutes ? 

Au milieu d'un café parisien bondé de monde, Anis me ramène à la réalité. Il me dévisage de ses yeux bruns, attendant impatiemment ma réponse.

- Oui pardon, excuse-moi, lui dis-je en remettant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

- Tu n'es pas d'accord avec moi ? me demande-t-il en prenant une gorgée de son cappuccino fumant.

- À quel sujet ?

Il fronce les sourcils, presque vexé.

- Par rapport au prof d'investigation. Tu sais, je le trouve assez intransigeant, pas toi ?

- Ah oui. En effet, il est plutôt dur, répondis-je dans un demi-sourire.

Mon corps est là, installé sur cette chaise en rotin, mais mon esprit est ailleurs. Anis est adorable, charmant, très galant. Nous partageons la même passion pour le journalisme. Pourtant, je n'arrive pas à m'intéresser une seule seconde à ce qu'il me raconte. Ce garçon est un ange qui ne pourra jamais voler dans les ténèbres avec moi. 

Au milieu du vacarme du café, ses paroles résonnent comme un écho lointain. Plus rien n'a de sens, plus personne ne m'intéresse. Je réponds parfois à ses phrases par des hochements de tête mais je n'arrive pas à lui donner plus. 

Tout est de la faute de Caleb. Ce putain d'inconnu. C'est donc à ça que va ressembler ma vie dorénavant ? Suis-je vouée à être une coquille vide à tout jamais ? Cette idée m'effraye. Je rêverais de ne l'avoir jamais rencontré. De ne jamais avoir croisé le chemin de ce maudit voisin.

Après une bonne heure, Anis paye la note pour nos boissons et m'accompagne à l'extérieur. Il glisse une main sur mon épaule qui ne me fait aucun effet. Mais je ne le repousse pas car je ne veux pas le blesser. 

Dehors, l'après-midi ensoleillé arrive à son terme. Le ciel est menaçant, la pluie ne va pas tarder à arriver, son odeur commence déjà à embaumer les rues et un voile de fraîcheur se déploie sur la capitale.

- Je te raccompagne ? me demande Anis en désignant son scooter vieillissant.

- Comment refuser, répondis-je d'un ton taquin en jetant un œil à son bolide.

Il me tend un casque accompagné de son plus beau sourire. Lorsque je l'enfile, je sens qu'il me contemple. Au point qu'il ne peut s'empêcher de me dire :

- Tu sais, quand je te regarde... tu me fais penser à une brise d'été.

Je crois que pour lui, c'est un compliment. Ses yeux croisent les miens et je détourne immédiatement le regard. Je ne veux pas lui donner plus d'espoir. 

Mais alors que mon visage est tourné vers l'autre côté de la route, je crois apercevoir dans mon champ de vision... un motard au casque noir ?! Comme celui que j'avais tenté de rattraper lors de ma journée shopping avec Camélia. 

Je cligne des yeux et, sans même avoir eu le temps de paniquer, je constate qu'il n'y a personne. Ma pauvre Iris, tu dérailles complètement.

Tout va bien ? me demande Anis.

- Oui, je... Je suis juste un peu ailleurs en ce moment, excuse-moi.

Je reprends mes esprits, grimpe sur le scooter et m'accroche à Anis pour dévaler les rues parisiennes. Les immeubles défilent et les cafés s'illuminent sur notre passage. 

Je sens une goutte perler sur mon visage, puis une autre, puis des dizaines. La pluie s'abat délicatement depuis le ciel. Quelques rayons de soleil se frayent un chemin à travers les nuages. Mes cheveux deviennent de plus en plus mouillés, mes habits s'imprègnent d'une eau rafraîchissante. 

Monomanie - Tome I - Rouge passionWhere stories live. Discover now