XII

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𝐏𝐚𝐧𝐤𝐡𝐮𝐫𝐬𝐭.

La chaleur incessante de plusieurs mains autour de moi ne me quittent pas, j'ai l'impression de brûler au soleil, de fondre sous la neige, de respirer à travers une feuille de papier. Chaque mouvement devient presque impossible, les battements de mon cœur résonnent comme les dernières paroles de Chet Baker.

— Pankhurst ?

La voix près de moi ravive les émotions qui étaient jusque-là quasi inexistantes, je ne sais pas combien de temps mes yeux sont restés fermés, ni combien d'heures j'ai subi en étant inconscient, mais je suis certain d'une chose : mon corps réagit uniquement à Maël. Corps et âme. Cœur et lèvres. Sauf que ce n'est pas lui.

— Êtes-vous sûr qu'il n'a pas besoin d'examens supplémentaires, sa tempe a été gravement blessée.

Sans que la personne près de lui puisse ajouter un mot, la voix rauque surenchérit dans la seconde qui suit.

— Si quoi que ce soit lui arrive dans les prochains jours, je vous ferai radicalement virer de tous les centres médicaux et votre métier ne vous servira à rien dans les bas-fonds. crache-t-il.

— Votre soldat va s'en sortir, Madame Deflandre. Tout va bien, n'essayez pas de rendre la situation plus stressante.

Une pression sur ma main droite m'incite à ouvrir lentement les yeux, la lumière émanant de la petite lampe sur la table de chevet qui m'oblige à refermer mes paupières prouve à son tour que je ne dois pas seulement dormir depuis deux jours.

— Notre marquise est une fervente servante des blagues de Nicholas Clemonte. chuchotais-je.

Nich aurait certainement pu approuver s'il n'était pas déjà occupé à batifoler avec toutes les courtisanes possibles et inimaginables. Dès que je me relève, des bras s'enroulent autour de mes hanches.

— Dieu merci, vous êtes vivants. Quelle horreur si nous avions dû annoncer votre mort.

Ses longs cheveux blonds sont un énorme contraste avec la robe jaune et les bijoux dorés qu'elle porte, je tente d'observer la pièce avec attention pour trouver Maël, mais aucune trace de lui n'est présente.

— Le prince va-t-il bien ? Que lui est-il arrivé ?

Sous la panique, je me relève du lit sur lequel je me trouvais et tire chaque rideau de la salle. Pencher vers la fenêtre la plus proche, je découvre le jardin du château vide.

— Voyons Nohan, calmez-vous !

Caroline retient mes poignets au moment où je m'apprête à quitter ma chambre, l'horrible migraine qui m'assaille me force une seconde fois à me rasseoir. Lançant un bref regard vers le médecin, j'agrippe la robe bouffante de la marquise devant moi.

— Caroline, dites-moi, je ne peux pas rester ici sans savoir ce qui ne va pas avec Maël. clamais-je.

Ses yeux verts s'illuminent quelques secondes avant de retrouver une lueur ennuyante.

— Le prince est en parfaite santé, il est en ce moment même en compagnie de Nicholas et Gabriel à la salle de bal. 

Satisfait de cette confession, je m'autorise à soupirer. N'a-t-elle pas dit la salle de bal ?

— Que voulez-vous dire, Caroline ?

Hésitante, elle fait un léger signe de tête au médecin qui s'éclipse sans attendre, puis enfin, après une minute de silence, le bruit des violons retentit. Reconnaître sans grand mal Nutcracker de Tchaikovsky me fait sourire.

Heartbreak PrinceHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin