XI

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𝐏𝐚𝐧𝐤𝐡𝐮𝐫𝐬𝐭, 𝐋𝐨𝐧𝐝𝐫𝐞𝐬,
𝐪𝐮𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞𝐫 𝐩𝐚𝐮𝐯𝐫𝐞.

Pendant plus de deux semaines, Maël a insisté pour retourner dans les quartiers de Londres le temps de quelques heures, sûrement pour éviter de passer du temps avec son père après l'humiliation qu'ils ont subie. Mais j'aurais dû me douter de son idée depuis le début de notre trajet, au moment où il observait avec attention chaque adresse menant vers Chinatown, puis plus loin.

— Dis-moi où tu cherches à aller exactement, cette mascarade sera plus simple pour toi.

En entendant ma voix, il se relève légèrement sur son cheval blanc, le dos droit et le menton parfaitement haut.

— Voyons Nohan, je ne sais absolument pas de quoi tu parles.

Plus il s'obstine à s'enfoncer dans les quartiers de mon enfance, plus les personnes autour de nous reconnaissent immédiatement cet élan de confiance et de royauté qui émane de lui. Mise à mort du prince, ce sont les affiches qui placardent la plupart des vieilles maisons en bois, et ils n'hésiteront pas à s'en prendre à lui.

— Pourquoi Londres semble autant vouloir me faire disparaître ? demande-t-il.

Son innocence risque d'en tuer plus d'un, dont moi. En soupirant, je détourne le regard.

— Les mots de ton père sont arrivés jusqu'ici, un prince homosexuel n'est pas le bienvenu.

Il paraît presque surpris des conséquences de ses dernières paroles, je sais exactement à quoi il pense, et c'est effrayant.

— Georges répétait qu'aimer un autre homme n'était pas grave, maintenant, j'en doute. Dommage qu'il soit mort bien avant mon exécution. blague-t-il.

— Ce n'est pas drôle, Maël.

Lui demander qui est Georges ne servira qu'à lui faire gaspiller sa salive, étant donné que je sais parfaitement de qui il s'agit. Un simple souvenir et des mots sur un seul homme, deux seulement depuis que je suis tombé pour Maël, mais six ans que mon esprit ne pense qu'à lui, à son odeur florale.

J'aurais certainement dû comprendre le jour où je l'ai vu au planétarium que se rappeler de moi demanderait bien plus d'effort que prévu.

— Décris-moi l'endroit où tu vivais avec ta famille.

C'est ce que j'essaie de faire durant les dix prochaines secondes, secondes durant lesquelles je n'arrive plus à me concentrer sur le chemin à suivre.

— Une sorte de cabane en bois recouverte de feuillage.

Madeline avait de l'imagination, bien plus que moi, alors au moment où il s'agissait de décorer l'extérieur ou un simple arbre de noël, Madie était là.

— Ta cabane devait être somptueuse dans ce cas.

Mes doigts serrent le licol près de mon cheval en hochant la tête, mes cheveux blonds suivent le mouvement d'un geste rapide. Appeler sa propre maison une cabane prouve déjà que je n'accordais aucune valeur à mon habitation.

— Pas autant que l'immense château dans lequel tu vis.

Mon ton ironique la fait grimacer quelques instants avant qu'il ne s'arrête sur le bas-côté, juste devant l'ancienne façade d'une boutique de fleurs. Le gérant a sans doute cessé de venir pour accorder plus d'importance aux récoltes en aidant les boulangers du coin.

— Que fais-tu ? demandais-je.

Sans me répondre, il poursuit sa route à pied d'une façon monotone, mes yeux observent le quartier, puis les maisons délabrées et le bois noircis par le temps. Au détour d'une ruelle sombre, le magasin d'un ancien coursier contient encore des lettres en tout genre éparpillées sur le paillasson.

Heartbreak PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant