Heartbreak Prince

III

𝐏𝐚𝐧𝐤𝐡𝐮𝐫𝐬𝐭.

Dans mes souvenirs, le petit déjeuner royal se faisait entre les plus proches amis et la famille intime autour de rires puis de batifolages, mais seul le bruit des tasses et celui des journaux entre chaque main résonnent. Heureusement, j'ai pu échanger mon ancien uniforme contre une simple chemise blanche et un pantalon noir pour cette horrible mascarade qui se déroule devant moi. Mes yeux verts restent fixés sur le Prince qui continue de grignoter son croissant tout en essuyant son couteau contre la serviette en soie.

— Mon Roi, mon Roi !

La jeune servante se précipite jusqu'à la grande salle de déjeuner paniquée, presque horrifiée lorsqu'elle sort ces mots glaçants :

— Alexander est mort.

Le silence qui plane aurait certainement pu me faire sourire si Maël n'avait pas froncé les sourcils en déposant son regard froid sur le mur derrière nous. La femme à mes côtés tremble de terreur alors que le Roi dépose brusquement son journal.

— Il avait pas mal d'ennemies dans cette ville.

Personne ne semble pleurer sur son sort, ni même sortir d'éloges funèbres ou parler d'enterrement prématuré. Ils reprennent tous là où ils en étaient.

— Nohan, suivez-moi.

La main du brun empoigne avec assurance mon poignet et me plaque contre le mur de la cuisine tandis que chaque servante se précipite dans l'autre salle.

— Dis-moi ce que tu as fait.

— Plus de vouvoiement entre nous ?

Son coup de pied près de ma cheville m'interdît tout sarcasme dans cette situation. Mes cheveux blonds se retrouvent emmêlés entre ses doigts fins.

— S'occuper d'Alexander avant mon réveil signifier le tuer n'est-ce pas ?

Ses yeux bleus brillent d'une lueur encore inconnue, ce n'est pas le deuil d'avoir perdu son ancien garde personnel, c'est de la rage.

— Je n'ai pas le temps de blaguer Nohan. crache-t-il.

Le verre en porcelaine sur le comptoir derrière lui finit exploser en mille morceaux dans un bruit fracassant lorsque l'une des dernières cuisinières débarrasse.

— Pardonnez-moi, je n'ai rien entendu de votre conversation monsieur.

Le jeune Prince fronce les sourcils avant de relâcher ma nuque et d'avancer légèrement vers la femme tremblante de peur.

— Allez-vous en Sofia.

Sans plus attendre, elle quitte la cuisine accompagnée de plusieurs assiettes entre les mains.

— Parle, maintenant. ordonne-t-il.

Ce serait bien trop malheureux d'avouer que son ton froid et son ordre commencent à m'exciter, en réalité, tout ce qui existe chez Maël Windsord me rend surexcité.

— Ton ancien garde était un menteur doubler d'un sale idiot qui ne sait pas tenir sa langue.

Entre ses mains, il triture une pomme jaunie par le temps presque pourri. L'addiction du jeune Prince envers ces fruits me fascine autant qu'elle m'inquiète.

— Es-tu en train d'avouer que tu l'as tué sans aucun scrupule ?

— Bien sûr que non.

Accompagné d'un simple sourire sur mes lèvres, mes doigts se posent sur mon épée pour m'assurer de sa présence près de ma ceinture.