Heartbreak Prince

Introduction.

𝐍𝐨𝐡𝐚𝐧 𝐏𝐚𝐧𝐤𝐡𝐮𝐫𝐬𝐭, 𝐑𝐨𝐲𝐚𝐮𝐦𝐞-𝐔𝐧𝐢.

La première fois, ou plutôt la deuxième, où mes yeux ont croisé le bleu légèrement gris de Maël Windsord se trouvait être face à Saturne et Vénus, les planètes tournaient en rond autour du planétarium alors que je continuais d'ajuster mon uniforme de soldat. Au début, personne ne s'est aperçu qu'il s'agissait du Prince, c'était un homme grelottant de froid au milieu de toutes ces étoiles et de cette astronomie.

Les familles riaient au documentaire qui défilait devant nous, pourtant je ne le quittais pas du regard une seule seconde, et c'est à ce moment-là que ses longs cils se sont relevés vers moi. Que mon cœur a palpité pour le sien.

Ses doigts fins ont parcouru la tablette qui expliquait le nom des étoiles, la distance parcourue par chacune d'entre elles, Canopus à sembler l'intriguer plus que les autres. 309,8 années lumières, la vitesse à laquelle ma poitrine continue de battre. Je ne sais pas s'il m'a réellement remarqué à travers cette foule et l'aura sombre qui régner, néanmoins il a entrouvert les lèvres en laissant passer ces mots.

— Canopus est la plus brillante de la constellation. a-t-il chuchoté.

Une mèche brune s'est logée sur son front alors que je me suis avancé de quelques centimètres, son odeur fruitée m'a fait frissonner.

— Elle est aussi la seule capable de rivaliser avec l'éclat de Sirius.

Il n'a pas sursauté, il ne s'est pas retourné, ses yeux se sont contentés de parler pour lui, il avait peur d'être découvert. De devoir être ramené au château.

— J'aimerais être comme cette étoile.

Mes sourcils se sont froncé l'espace d'un instant, n'a-t-il pas compris qu'il est exactement comme elle ? Mes lèvres se sont rapprochées de sa nuque qui dégager plus fortement un parfum de santal.

— Affreusement attirante, obsessionnelle, c'est ce que Canopus est.

C'est également ce qu'il est sans s'en rendre compte, dans cet endroit ce n'est pas seulement un Prince.

— Dites-m'en plus.

Lentement, ses doigts se sont enroulés sur ma main, logés près de son épaule. Ce contact m'a fait perdre l'équilibre et les rires autour de nous ont semblé s'effacer pour ne laisser que le son rythmé de son cœur retentir.

— Elle se situe à trente parsecs de distance du Soleil.

— Parsecs ?

La manière dont son nez s'est plissé lorsqu'il a posé cette question restera gravée dans ma mémoire durant des siècles entiers, un soldat n'a pas le droit d'avoir de passion, de sentiments, j'étais convaincu que la dernière règle serait toujours respectée. Avant lui.

— L'unité de distance, jeune prince. Elle équivaut aux années lumières.

Il hoche la tête en tentant d'assimiler les dernières informations, ses doigts se resserrant autour de ma main. Le mouvement de ses pieds est similaire au mien dès que je me retiens de demander quoi que ce soit de peur de gêner.

— Allez-y, posez votre question. chuchotais-je.

Ses yeux n'ont toujours pas croisé mon visage au moment où il lâche doucement mon poignet pour se diriger vers le documentaire sur les planètes.

— Mars est-elle rouge ?

Me figeant après ces mots, j'entrouvre les lèvres légèrement surpris par cette question.

— Elle est en face de vous.

Le vouvoyer est sûrement l'une des pires tortures que je puisse m'infliger, mais il reste le Prince, et je ne suis qu'un soldat venant de rentrer de sa mission qui a complètement échoué.

— Je ne la vois pas, elle apparaît presque marron. Mais je suppose que ce n'est pas sa réelle couleur, n'est-ce pas ?

Le secret enfoui du Royaume-Uni vient d'éclater face à moi, le Prince Windsord a des problèmes de daltonisme et ils ont caché cette information au monde entier.

— Mars est plutôt orangé tirant sur des tons de rouge, des taches légèrement noires se trouvent tout autour.

Fouillant dans la poche de ma veste, je ressors un crayon et une feuille de papier presque abîmée par le temps. Mes doigts s'affairent à dessiner les contours de cette planète avec chaque détail qui me semble important.

— Tenez.

Ses lèvres s'étirent en un sourire lorsqu'il croise le dessin, et il a rencontré mes yeux, là j'en suis certain. Certain qu'il m'a vu, moi.

— Mars est rouge, mais peu importe la couleur que vous voyez, elle sera toujours aussi belle de votre point de vue.

La chaîne autour de mon cou est le seul bijou brillant parmi l'obscurité, ce qu'il remarque sans grand problème.

— La couleur de vos lèvres est-elle rose au moins ?

Mon pouls s'emballe et mes doigts relâchent le crayon qui roule jusqu'à ses pieds, aucun Prince âgé de seize ans n'est capable de parler à un inconnu de cette façon, sauf lui.

— Oui. avouais-je.

— Parfait. Elles doivent être parfaites.

L'envie de l'embrasser sur ce banc, autour des étoiles et des planètes est plus que tentante, pitié embrasse-moi avant que je n'en fasse une obsession.

— Je suis..

Au moment où j'allais continuer ma phrase, il a choisi de s'éclipser sans se retourner, en emportant mon cœur et les deux années prochaines de ma vie avec lui. Car désormais, que suis-je capable de faire sans veiller sur lui, sans m'assurer que chaque jour qui passe, personne ne puisse avoir la chance de le connaître exactement comme je l'ai fait. Maël Windsord est ma seconde étoile, Canopus alignée à des années lumière. Je n'ai jamais douté de cette phrase, encore moins aujourd'hui.

Estella.