Heartbreak Prince

I

𝐏𝐚𝐧𝐤𝐡𝐮𝐫𝐬𝐭.

Vingt-trois heures trente, il ne rentre pas chez lui, et ce comportement est inhabituel. Recouvrant ses cheveux d'un capuchon noir en espérant passer inaperçu, sa silhouette élancée prouve tout l'inverse. Il a l'air apeuré, presque effrayé dans cette ruelle sombre.

Dis-moi ce qui te fait peur mon étoile ? J'effacerais toute trace de vulnérabilité en toi pour qu'ils te craignent tous.

— Continue de courir petit prince.

La voix rauque au bout de la ruelle me fait détourner les yeux sur un homme d'une trentaine d'années muni d'une couronne argentée au bout des doigts, sa couronne. Ma main droite agrippe le bout de l'épée enfoncé dans ma ceinture avant de descendre du toit.

— Personne ne viendra te sauver.

Le second vieillard soûl qui l'accompagne rit tout en augmentant son rythme de marche pour rattraper le jeune Prince. D'ici, je réussis à entendre les sanglots étouffés du brun, un son qui provoque une hargne de colère en moi.

Sans que je ne m'y attende, une troisième personne coupe la route de l'héritier qui se contente de reculer jusqu'au mur en béton. Trois contre un, ce n'est pas du jeu pour lui.

Mais ça l'est pour moi.

— Les joyaux de cette couronne ne sont pas suffisants pour rembourser toutes nos récoltes perdues. Peut-être qu'un autre moyen de paiement serait suffisant ?

Un sous-entendu clairement sexuel qu'il n'a pas l'air de comprendre, car à l'instant où cette phrase sort des lèvres du vieil homme, il fronce les sourcils. Maël ne soit pas si innocent pour une fois.

— Tu devrais t'agenouiller mon prince.

Les yeux bleus gris se relèvent vers le ciel, vers l'étoile la plus brillante pour être exact, alors que mes bras soutiennent les marches en métal pour atteindre le groupe face au bâtiment.

— Tu n'as pas l'air habitué aux ordres. chuchote l'un d'entre eux.

Une fois munie partiellement de mon épée, mon dos longe le mur et mon sifflement semble les figer un par un.

— Va vérifier les alentours.

Du menton, le leader oblige le plus peureux d'entre eux à se diriger indirectement dans le bâtiment. Mes doigts bloquent la porte d'entrée avant de créer une entaille profonde sur la nuque de celui qui l'accompagnait.

Du bout de mon épée, je rattrape la couronne qui tombe des mains de l'homme âgé, surpris de cette attaque, avant de la reposer délicatement sur les cheveux bruns de la silhouette recroquevillée face à nous. Sa capuche est retombée en montrant ses yeux rouges par les larmes et ses longs cils mouillés.

— Je.. je ne lui voulais pas de mal.

— Pourtant j'en doute. Tu devrais t'agenouiller pour faire tes excuses.

Tu devrais même le supplier de te laisser en vie.

Obéissant sans rechigner, l'homme se précipite aux pieds du Prince qui impose une distance respectable.

— Pardonnez-moi, ça ne se reproduira plus. Je payerais les conséquences de mes actes.

Mon visage recouvert par la pénombre et le col de mon uniforme empêche quiconque d'observer mon visage, mais à l'instant même où ses yeux bleus se posent sur moi, j'ai l'impression qu'il me sonde sans avoir besoin de découvrir qui est celui qui le protège depuis deux ans.