point d'interrogation [maxime&djilsi]

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Chaque fois que Maxime l'embrassait, Sidjil voyait trouble dans ses pensées. Un nuage s'emparait de tous ses acquis, floutait ses craintes et le laissait au milieu de son propre esprit. Il était face à une page blanche qu'il remplissait de couleurs qu'il n'avait jamais rencontrées, qui le portaient vers un sentiment de liberté tout aussi inédit.

Quand Sidjil était revenu chez lui après le tournage de la vidéo, il était sincèrement comblé. Il aurait pu dès l'instant où il s'était déchaussé plonger la tête la première dans les coussins de son canapé et secouer ses jambes de bas en haut pour éviter de crier comme s'il venait de trouver son premier amour. Mais il avait seulement regardé le plafond depuis le canapé, un sourire détendu sur les lèvres. Maxime n'était pas son premier amour, mais il était le premier à le rendre aussi perdu, aussi bête, aussi vulnérable.

Sidjil ne voyait plus vraiment les craintes et les questions existentielles en dehors de chez lui. Il avait appris à se laisser happer par les éléments autour de lui, comme Manas quand il allait chez lui, comme les pigeons au-dessus de sa tête, comme le bruit des voitures longeant ses pas. C'était une des seules solutions pour ne juste pas penser. Il devait constamment s'abandonner à quelque chose.

Parce que Sidjil était adulte, mais savoir qu'il avait vécu autant de choses sans véritablement se connaître gonflait au fond de son être une boule désagréable qui l'écrasait. Il avait toujours autant de mal à regarder le passé.

Il ferma les yeux et un autre décor, bien moins saccadé, flotta sous ses paupières.

Il pensait à Maxime, maintenant.

Les pensées les plus admiratives se bousculaient sans que Sidjil n'ait envie de les pourchasser. Il ne reniait pas ce qu'il ressentait. Depuis le baiser dans la cage d'escalier, les questions lui pesaient toujours mais il ne s'était pas senti aussi bien en pensant à quelqu'un depuis des années. Il pensait à Maxime et il revoyait ses yeux grands ouverts, à l'affût de la moindre petite moquerie, un camaïeu d'émotions.

Sidjil ne le comprenait qu'en lisant dans son regard. La réalisation fit perdre l'éclat de son sourire.

La petite bulle d'apesanteur et le nuage doucereux dans sa tête se dissipèrent dans un air devenu soudainement plus lourd.

Tous les événements qui avaient suivi le message de Maxime le lendemain du GP Explorer lui revinrent succintement. Le baiser sur son pouce et son sweat-shirt, la fausse maladie et les messages envoyés dans le vide, le live fanfiction et les échanges dévoyants, les baisers bien plus longs et aventureux que ceux laissés à la caméra, les baisers et le silence... Quand Sidjil ne pensait pas au simple fait qu'il avait suffi d'un seul baiser pour prendre conscience de ses sentiments, il réalisait qu'il omettait des détails bien plus importants.

Comme le fait que Maxime l'avait littéralement esquivé la première nuit et qu'il n'obtenait confession que sous l'effet de l'alcool.

Il sembla d'un coup que Sidjil avait trouvé une piste fascinante à étayer. Il se serait sûrement mis en colère si malgré tout ce que Maxime cherchait à lui dissimuler, il n'avait rien compris. Mais rien ne lui semblait plus limpide que les gestes précipités de Maxime après avoir tenté le moindre et minime rapprochement, rien ne lui semblait plus logique quant à pourquoi ses messages étaient plus directs que son langage corporel.

Sidjil roula sur le canapé, désormais à plat ventre et élevé sur ses coudes. Il ne faisait jamais ça car il préférait toujours extérioriser ce qu'il pensait, mais cette fois-ci, il se rendit bien dans les notes sur son téléphone. Même s'il pouvait toujours avancer ses hypothèses à Manas, il ne voulait pas trahir Maxime. Il avait l'impression d'être le gardien muet de secrets tellement lourds pour lui, et ce rôle l'honorait. Il n'avait plus seulement le privilège de recevoir une réponse dans la seconde quand il lui envoyait un message, mais aussi le privilège exclusif de connaître une partie de lui qu'il ne dévoilait sûrement pas. Même à Elian. Sidjil se demanda si son meilleur ami était au courant désormais pour son orientation sexuelle.