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Au fil des conversations et des rencontres, Sidjil remarqua quelque chose qui le laissait perplexe.

Sous un soleil écrasant il lut une deuxième fois la notification qu'il venait de recevoir.

|Maxime
Amuse-toi bien alors et gros bisous (sur la bouche)

Le toulousain sourit avant de relever le regard vers l'équipe technique un peu plus loin, pris d'un sentiment de distance.

Depuis la fin du live maudit, il attendait toujours avec impatience un message de Maxime. Il avait toujours un pic d'excitation quand son téléphone vibrait, plein d'espoir que ce soit lui. Il avait envoyé valser toutes les réflexions lucides, laissé seul avec Maxime et leurs discussions ambiguës.

Voilà presque une semaine depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus chez Maxime, et cette situation étrange qui ne semblait pas leur déplaire persistait, la timidité en moins. Sidjil mentirait s'il disait qu'il percevait la dimension humoristique de certains messages. Lui-même se perdait après avoir appuyé sur la petite flèche, relisant ses propres paroles et se rendant compte que la blague était beaucoup trop bien cachée. Il voyait le défi et l'envie, comme s'il n'avait plus le contrôle sur ce qu'il disait, comme si des nouvelles facettes de lui s'étaient emparées du clavier de son téléphone.

Et Sidjil n'arrêtait pas, pire, en voulait plus parce qu'à l'autre bout du fil, rien ne le poussait à se ressaisir. Il se sentait privilégié d'avoir une réponse de Maxime presque dans la seconde, lui qui mettait parfois jusqu'à plusieurs jours pour le faire habituellement. Il se sentait privilégié d'être en haut de la liste, et de recevoir les échos de ses propres messages. Ils ne tournaient jamais en rond, et c'était d'une fluidité déstabilisante. Sidjil aurait pu avoir peur, aurait pu avoir envie de prendre ses distances comme Maxime l'avait fait, mais des chaînes de mots le retenaient, des paragraphes oubliés depuis longtemps mais des images qui ne sortaient toujours pas de sa tête.

Des vagues de honte l'avaient submergé avant qu'il ne se repenche par curiosité sur cette fanfiction. Sidjil vivait un peu de cette manière depuis, en fait. Auprès de quiconque, une once de nervosité flottait toujours dans son regard, par peur d'être percé, par peur de garder ces nouveaux sentiments au fond de lui. Il n'avait rien dit à Manas, rien soufflé à personne. Enfin... il avait dû l'avouer à demi-mot à Maxime, mais malgré le niveau vertigineux qu'avait atteint ce qui était sensé être un flirt sur fond d'amitié presque fusionnelle, certains aveux étaient trop poussés pour être pris au sérieux.

D'une part, Sidjil s'en réjouissait. Quand l'excitation retombait, il posait un regard tendre sur Maxime, une volonté sincère de le préserver. Il se fondait dans l'hésitation entre des visions obsédantes et la douceur de la vraie vie, incapable de savoir ce qu'il désirait réellement. Incapable parfois d'affronter la vérité. Il ne voulait pas de cette vérité autrement que dans sa tête et sans la mélanger à Maxime.

D'une autre part, bien moins innocente, Sidjil était convaincu que Maxime brouillait quelque chose derrière ses propres messages. Il ne saurait pas l'expliquer, mais ce mi-chemin hasardeux entre la blague et les invitations dévoyées, et sa manière d'écrire à l'opposé total de la manière beaucoup plus modérée dont il lui parlait, ouvraient une nouvelle piste sur laquelle étaler ses nuits et ses réflexions.

Peu importe si tout ce qu'il pensait relevait de la spéculation, Sidjil se laissait rêvasser ainsi. Ils n'avaient plus jamais reparlé de l'orientation sexuelle de Maxime, et ce détail qui aurait pu s'avérer parfaitement anodin, attisait sa curiosité étirée en projections infinies. Maxime aurait pu remettre le sujet à table, surtout que Sidjil était supposément le seul de ses proches à être au courant, mais il n'en était rien, ce qui lui paraissait étonnant vu les dispositions que le corse avait voulu prendre pour y réfléchir.

point d'interrogation [maxime&djilsi]Where stories live. Discover now