Chapitre 17: Piment et sucre

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« L'un comme l'autre libère des hormones du plaisir...mais un brûle»_ Malik Rouh.

Rouh

Installée sur mon lit, je fais une liste de ce que je pourrais faire contre le fou aveugle. J'ai appris par le billet de Nassim qu'il avait tué à mains nues le gars que Farès avait mis sur son montage vidéo avant de venir s'attaquer à moi ce soir-là. Quant à Farès, il subissait une « punition ».

Cela mis à part, j'ai beau avoir soutenu cette histoire de jeu du piment et du sucre, ma tête est complètement vide.
Je réfléchis à ce qui pourrait lui faire autant mal que ce que je ressens mais à part vouloir cracher mon venin sur lui, je ne trouve rien.

Alors pendant les jours qui suivent notre petite... entrevue, je ne fais rien. Je ne lui parle pas, ne le regarde pas, ne m'intéresse plus à lui. Et plus le temps passe, plus il semble irritable. Ses hommes sont tout le temps au garde à vous lorsqu'il est dans les parages, osant à peine lever le regard vers lui.

De mon côté, je passe mes journées avec Hamid et Nassim. Ils me tiennent compagnie et on discute de tout et de rien lorsqu'ils ne se battent pas pour savoir comment il faut gérer une meuf. Ces deux-là sont les créatures les moins sérieuses que la terre ait porté.

Bien que les conneries soient le leitmotiv de nos discussions avec eux, il nous arrive également d'avoir des discussions sérieuses. Comme la fois où Hamid a eu les tripes de me demander ce qui déclenche mes crises d'épilepsie:

Pour t'éviter de les avoir les prochaines fois, avait-il justifié lorsque Nassim avait écrasé son pied sous la table d'un geste qui se voulait discret.

Leur prévenance m'avait touchée et je me sentais assez à l'aise pour livrer une partie de ma vie.

Elles ...viennent lors d'un moment de stress intense ou de certaines émotions...fortes et parfois de manière juste inopinée.

Tu n'as pas peur ? Me demande Nassim, un air presque gêné.

Je détourne mon regard vers le bleu intense de l'eau de la piscine, essayant de me détacher de la réalité.

Si...je risque de mourir après tout.

Il faudrait que juste qu'une me saisisse assez fort pour que je meurs et ce, même pendant mon sommeil.

Et tu n'as pas de médicament contre ? continue-t-il.

C'est inefficace pour moi.

Ils avaient gardé le silence pendant un moment avant que Hamid ne poursuive d'une voix qui se voulait sérieuse:

Moi, ça m'a foutu les jetons. Tu étais inconsciente pourtant tout ton corps convulsait avec une telle force que...j'en sais rien, s'essouffle-t-il.

Moi, avait repris Nassim, j'ai cru que tu allais nous claquer sous les doigts. J'ai failli m'attaquer à Elyes pour t'avoir infligée ça mais lorsque je l'ai vu... J'ai eu encore plus peur pour lui. On aurait dit qu'il devenait...fou

Je n'avais pas compris ce qu'il voulait dire. Ne voulait pas le comprendre.

Entre-temps, mes cauchemars bien que se calmant plus, ne tarissent pas et Elyes est toujours présent à chacun d'eux. A chacun de mes tremblements. A chacune de mes paralysies. A chacune de mes tétanies. Il est là.
Immanquablement.

Je me sens traître de trouver la paix dans mon cauchemar parce que je sais parfaitement qu'il provoque en moi plus que ce que je veux m'avouer. J'ai beau avoir essayé de le camoufler la dernière fois, m'être installée sur lui m'a... brûlée.

RouhiWhere stories live. Discover now