Chapitre 3: invité

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" L'intérêt m'oblige à y jeter un regard plus précis ". _ Malik Elyes

Rouh

Nous étions le 3ème lundi de la rentrée et nous avions une alternance entre nos cours et ceux des médecines. 
Une passion ironique. 
À la fin de la journée, je rentre chez moi en trainant des pieds.

- Je suis rentrée.

- Rouhi, fit ma mère d'une voix un peu trop enthousiaste.

Trop enthousiaste 

Maman...

On a un invité, salue-le ma chérie. 

Je tique au « ma chérie ». 
Ça n'existe pas chez les mahorais ça. 

Je rentre dans le salon et tombe devant un homme qui me salut. 

Qu'est-ce que c'est que ça encore ? 
J'aurais dû me méfier en entendant m'ma me dire "chérie". Le problème c'est que ce mot veut tout dire: C'est soit tu as des ennuis, soit on te cherche des ennuis. 
Ma mère sort de la cuisine, un sourire étirant ses lèvres jusqu'aux oreilles. 

- Rouh, je te présente Elyes, un gentil jeune homme que j'ai rencontré au supermarché. Il m'a aidé avec mes courses et je l'ai revu aujourd'hui. Je l'ai donc invité à manger avec nous pour le remercier.

Ah bon ? Rien que ça ?

- Elyes, voici ma fille aînée, Rouhi. Elle est étudiante sage-femme à la fac de médecine.

Que manigance ma mère ?

- Assied-toi mon fils, j'ai presque fini de cuisiner. Rouh vient m'aider.

- Je vais me changer, j'arrive. 

Une fois de nouveau en bas, l'impression de connaître l'individu me torture l'esprit. Je suis sûre de l'avoir déjà vu mais impossible de dire où.
J'y réfléchi longtemps à la cuisine mais c'est en faisant la table que ça me revient. Oui, je dis la Table car pour l'occasion, ma mère avait même sorti une nouvelle natte de son armoire et avait demandé à préparer la table.
Pour revenir à lui, il me disait vraiment quelque chose. Les mêmes yeux noirs, les mêmes boucles...

- La voiture ! Hurlais-je en le pointant du doigt.

- Rouh, cri ma mère, tes manières !

Je baisse mon doigt en m'excusant doucement. Le gars, Elyes sourit furtivement avant de retrouver son air impassible et me fait signe de regarder la table. 

- Oh Dieu, paniquais-je devant la flaque de jus sur la table. 

Je prends les essuie-tout qu'il me tend pour réparer ma bourde urgemment. 
Maman va me tuer !

- Rouhi, rugie ma mère.

Elle rentre au salon, un plat de couscous entre les mains.

"Depuis quand le couscous est une spécialité mahoraise ?" aurais-je voulu demander si je n'avais pas été dans une situation « délicate ». 
Je croise son regard puis me tourne vers Elyes, espérant qu'elle laisse tomber l'affaire puisqu'il est là. 

- Je n'ai pas fait exprès m'ma, je suis désolée. 

- Tu as de la chance que j'ai ce plat entre les mains sinon, je t'aurais...

RouhiWhere stories live. Discover now