Chapitre 17

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Les premiers rayons du soleil levèrent le voile d'obscurité sur le nouveau royaume de Thanatos. L'armée barbane s'était repliée dans la débâcle après le feu nourrit qui avait détruit la majorité de leur trébuchet. Vêtue de leur armure rutilante, la fine fleur de la chevalerie Lorraine avait effectué une sortie et entamé un festival de démembrement sur les retardataires.

Sur la place forte de la cité, les larmes se mêlaient aux explosions de joie. Le défilé silencieux des linceuls n'entamait pas la liesse générale.  
Anya et Max reposaient sur un banc jouxtant un timide carré arboré. Indifférents à l'animation des médecins aux méthodes expéditives ; aux derniers sacrements pour accompagner les défunts ; aux pleurs des familles en deuil ; ou aux prénoms lancés au vent dans un vain espoir de réponse. Le cerveau d'Anya s'efforçait de plonger son environnement, de se concentrer sur sa respiration, de calmer les palpitations de son cœur. Le contre-coup de tous ses efforts pour s'être dominée pendant la bataille, éclatait maintenant comme une armée entière lui piétinant le crane.

Les portes de la cité s'ouvrirent et la foule s'écarta en une haie d'honneur. Le retour des chevaliers fut accueillit en triomphe, alors qu'ils paradaient fièrement. 

— Quelle indignité... Commenta Max en fixant la dépouille du vétéran aux boucles blondes. Ils se pavanent du massacre d'hommes déjà vaincus. Aucun de ces enluminés en armure ne se tenait sur le rempart durant la bataille.     

— Ça n'est pas encore terminé, n'est ce pas Max ?

— Non, un simple sursis à notre exécution. Camoufler la flotte royale a permis de les prendre par surprise, mais maintenant ils ne s'y laisseront plus piéger. 

— J'aurai préféré que tu me mentes pour me rassurer, souffla t-elle en fuyant le regard sceptique de son acolyte.

Ses inquiétudes retournèrent vers Virevent, toutes les structures à l'extérieur de la ville s'étaient faites pillées et incendiée lors de l'attaque. Elle espérait que le palefrenier l'ait mis à l'abri en prévision du siège. 
À genou devant deux corps bercés du sommeil éternel, Dante pleurait son frère et son père, les suppliait de revenir. Elle souhaitait le soutenir, mais cette épreuve dépassait ses propres forces. Toutefois, il lui restait possible d'intervenir par le biais d'autrui.

— Max, tu veux bien aller voir comment se porte Dante ?

— Hmmm ?

Elle insista du regard en direction de l'homme aux rouflaquettes, jusqu'à ce que Max parvienne à faire le lien. Il se leva, recru de fatigue, longea les rangées de brancards, traversa l'avenue principale, puis déposa sa main sur l'épaule de Dante, avec qui il engagea la conversation. 

Pourquoi n'es tu pas capable d'y aller toi-même ? C'est grâce à eux si tu es toujours en vie ce matin.

Sa larme retenue, elle chercha à occuper son cerveau sur autre chose. C'est pourquoi elle aurait tant désiré la présence de Virevent, en prendre soin tairaient ses voix pour un moment.
Voilà maintenant plusieurs heures qu'Erein s'était éclipsé pour s'entretenir avec le roi, qu'allait t'il advenir d'eux dorénavant ? 
Max, traversant à nouveau l'avenue, se figea au milieu. Les yeux fixés sur le paysage qui apparaissait dans l'encadrement de l'imposante double porte logée dans les fortifications. 

À quoi penses tu ?      

La herse entama sa lente descente dans son grincement métallique et Max se mordit la lèvre inférieure. Résigné, il la rejoignit. Un homme jeune, à l'allure impeccable presque insultante pour ce décorum de misère, l'intercepta avec appréhension.

— Vous êtes Max ? Le commandant de la garde m'a ordonné de vous conduire au château, ainsi que votre ami, il scruta Anya sans dissimuler son mépris, un regard qu'elle ne put affronter. 

Voyage vers l'île des mortsOn viuen les histories. Descobreix ara