Chapitre 22 - Brooke ⛸️

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Cinq. Voilà le nombre de jours qui se sont écoulés depuis mon immense dérapage dans les vestiaires de la patinoire avec King. Chaque instant est présent dans mon esprit comme si j'y étais encore, je les revis en boucle.

Sans équivoque, je peux dire qu'il s'agit du moment le plus sensuel et sexuel que j'ai vécu jusqu'à ce jour. La façon dont il s'est occupé de mon plaisir en laissant le sien de côté... je dois admettre que ça m'a frustré. Il s'est à peine dévoilé, en comparaison, je me suis énormément exposée.

Il a pu contempler ma nudité, je l'ai laissé faire et pendant ce temps-là, enfermés entre ces quatre murs, tout doute a quitté mon esprit. Bien évidemment, ce dernier s'est empressé de me torturer dès l'instant où nous nous sommes séparés.

Depuis, même si j'évite King sur le campus, je ne cesse de penser à lui. Il me hante. Ses lèvres me hantent. Quant à son regard... mes jambes tremblent rien qu'en imaginant ses prunelles sauvages.

Je pousse un long soupir, languissante. Malgré moi, j'ai terriblement envie de recommencer. De l'embrasser, de le toucher et de le découvrir tel qu'il est. Néanmoins, je doute qu'il soit partant pour remettre le couvert. Je devrais m'estimer heureuse, or, ça me déçoit.

Grâce à lui, j'ai expérimenté de nouvelles sensations, physiques et émotionnelles. Il m'a fait oublier qui j'étais, tout comme ce qui s'est produit il y a des mois et qui a bousillé ma vie. L'autre soir, j'ai décidé de lui faire confiance. J'ai mis une partie de mon cœur entre ses mains, il m'a vue dans la vulnérabilité la plus absolue et ses gestes m'ont attendri d'une manière qui m'échappe encore à ce jour.

Ce garçon est d'une complexité étonnante, plus sensible qu'il ne veut le faire paraître. J'ai entraperçu une souffrance enfouie au fond de son âme, une blessure de longue date qui n'a pas encore cicatrisé. Du moins, c'est la sensation que j'ai eue. Je ne saurais comment l'expliquer. On dit que les femmes ont un sixième sens, qu'elles ont un flair pour ce genre de choses, et je ne pense pas me tromper à son sujet.

— Tu me passes la clé à molette ?

La voix de Tray m'extrait de mes pensées. Il glisse d'en-dessous de la voiture, le visage tout barbouillé d'une matière noirâtre. Qu'est-ce qu'il me veut ?

— Brooke, t'es avec moi ? Tu me passes la clé à molette ?

— Oui, pardon, réponds-je en m'exécutant.

J'ai zappé les cours de ce matin, je préférais venir lui rendre visite au garage. Ça fait plusieurs semaines que nous n'avons pas traîné ensemble. Il a pas mal de boulot dernièrement, et les samedis, je sais qu'il s'organise des soirées à distance avec sa copine. Ils sont mignons tous les deux, je suis heureuse de constater que malgré l'éloignement, leur relation fonctionne.

— Tu es certaine que ça va ? Tu m'as l'air... ailleurs.

Si seulement il savait, je pense qu'il n'apprécierait pas.

J'ignore si je remettrai le couvert avec King, ou même s'il en a envie. Il est si difficile à cerner que je n'ai aucune idée ce qu'il désire en réalité.

Et moi-même, je suis larguée.

Des rencontres sexuelles occasionnelles ? Une relation d'amis avec des bénéfices ? Ou... quelque chose de plus profond ? Suis-je prête à laisser un autre homme entrer dans ma vie ? Dans mon intimité ? Toutes ces questions me turlupinent depuis l'autre soir, et je n'ai toujours aucune réponse quant à ce que je dois faire, ou même espérer de la part de Dillinger. Après tout, lorsque je l'ai enlacé, il n'a pas bronché.

Je crois que c'est assez explicite, il faut que je cesse de me torturer.

— Je vais bien, assuré-je.

Oak Ridge Campus #1 King ©Where stories live. Discover now