Oak Ridge Campus #1 King ©

Chapitre 15 - King 🏒

La chanson de Smells Like Teen Spirit retentit, emplissant la pièce de ce son punk des années 90. Enfin une bonne musique, putain ! J'en avais un peu marre d'écouter de la pop depuis le début de la soirée.

Néanmoins, la musique de Nirvana ne m'aide pas à me détendre, à penser à autre chose. Non, mon regard demeure braqué sur Wolfy et Montgomery qui se trémoussent à l'unisson en plein milieu du salon des DEZ.

Plus tôt, lorsqu'ils semblaient discuter bien gentiment, mon sang s'est mis à bouillonner dans mes veines, mes poings à me démanger. Je n'ai pas aimé la façon dont mon capitaine la contemplait. Bordel que non ! J'ai bien cru que j'allais vriller.

Cette fille provoque des réactions peu communes chez moi. Il n'est pas dans mes habitudes de me montrer jaloux ou possessif. Ça n'a aucun sens, surtout. Wolfy et moi ne sommes rien du tout. Il ne s'est jamais rien passé entre nous, pas même une petite session de frotti-frotta. Rien de rien.

Alors pourquoi tout mon corps réagit avec une impulsivité qui me déconcerte ? Je ne me reconnais plus. L'autre jour, sur le parking, lorsqu'elle a parlé d'Ian, je me suis braqué. Une partie de moi s'est sentie blessée par sa petite provocation. Mais ce soir, à l'approche de l'autre crétin, je ressens une colère et une frustration contenue à l'égard de Brooke qui dépassent ce que j'ai pu éprouver auparavant. Ça me tord les tripes.

Quand l'autre zigoto l'a invitée à danser, qu'il a posé ses mains sur ses hanches et qu'il a pressé son corps contre le sien... Putain, j'ai bien cru que j'allais commettre un meurtre.

Néanmoins, au lieu de m'éloigner afin de m'éviter un tel spectacle, me voilà dans un coin de la pièce, le regard rivé sur eux deux. À l'instant, je ressemble à un tueur en série qui n'arrive pas à quitter sa prochaine proie des yeux.

Le sourire radieux de ce connard de Liam me tape sur le système. Nos prises de bec vont bon train, j'ai de plus en plus de mal à respecter son autorité au sein de l'équipe. Nous nous côtoyons depuis désormais trois ans, et nous n'avons jamais été particulièrement amis. Cependant, nous nous vouions un respect mutuel... qui est parti se faire voir, visiblement. À présent, l'aversion que j'éprouve à son encontre grandit de jour en jour.

J'espère qu'il n'a pas jeté son dévolu sur Brooke. Cette fille est beaucoup trop bien pour cet abruti. Elle mérite nettement mieux. Puis disons qu'il est plus doué pour jouer au hockey que pour baiser. D'après des bruits de couloir, il serait plutôt médiocre au lit, en plus d'égoïste.

Sans oublier que s'il s'entiche d'elle, tu devras définitivement l'effacer de ton esprit, me rabroue ma conscience.

Il apprécierait moyennement que je lui « vole » une nouvelle fois son crush. Cependant, ce serait drôle, je dois bien l'admettre. L'idée que Wolfy me préfère à ce crétin est très alléchante, et malgré moi, elle devient extrêmement tentante. J'ai envie de faire payer ce connard, qu'il comprenne que je n'ai peur ni de lui ni de ses menaces à la con.

Oh, vraiment ? ricane cette petite voix. En réalité, tu es mort de trouille. Liam a le pouvoir de te détruire de toutes les façons possibles. Et si tu merdes, il n'hésitera pas à mettre ses sombres projets à exécution. Réfléchis à ce que tu fais, espèce de débile.

Oui, elle n'a pas tout à fait tort. Toutefois, constater l'attitude de Brooke à son égard m'énerve, tout autant qu'elle me frustre. Elle qui est d'habitude si méfiante, mordante, elle semble on ne peut plus à l'aise.

Pour la énième fois depuis que je l'ai aperçue, je me remémore sa tenue. Pendant quelques secondes, j'ai été happé par elle. Il n'y avait qu'elle et moi dans ce salon bondé de monde. J'ai d'abord remarqué ses Doc Martens, avant de remonter le long de ses jolies jambes pour m'arrêter sur une jupe rouge plissée. Puis finalement, sur son haut transparent qui laisse entrevoir un soutien-gorge en soie noire... Je me suis tapé une trique de compétition.