Tome I • Chapitre 15

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Bonsoir Amélia, me dit-il d'une voix suave, je pourrais mourir quand il m'appelle par mon prénom de cette façon.

Bonsoir Lewis...

- On y va ?

Je lui souris en réponse et il démarre. J'ouvre la fenêtre et je regarde les bâtiments défiler sous mes yeux. Le silence ne me dérange pas, il est même réconfortant. Nous roulons presqu'une trentaine de minutes avant d'arriver devant un grand portail. Quand il s'ouvre, il laisse apparaitre une grande façade faite de briques rouges, typique de l'architecture anglaise. Lewis gare sa voiture devant le perron de l'entrée. Je prends le temps d'une respiration et je sors de la voiture, il attend devant la porte d'entrée. Je le rejoins pour pénétrer dans l'habitation. L'éclairage est faible, j'ai du mal à distinguer les détails de l'entrée. J'y dépose mes chaussures et mon sac. Lewis me passe devant, je lui emboite le pas.

Tu veux un verre d'eau ? Me demande-t-il.

Oui, s'il te plait.

Nous allons dans la cuisine, il me sert un verre d'eau que je descends presque d'un coup. Lewis s'approche de moi, il passe ses bras autour de ma taille et réduit la distance entre nous. La présence de son corps aussi près du mien me donne très, très chaud.

Tu as bu ?

- Oui, je lui réponds dans un soupir.

Un peu ?

- Mhm

- Beaucoup ?

- Peut-être. J'avais pas prévu de te croiser ce soir...

Il rigole doucement et se détache de moi.

Viens avec moi, on va prendre l'air, ça te fera du bien.

J'acquiesce et Lewis se dirige vers l'arrière de la maison, sur le chemin il saisit un plaid. Après avoir ouvert une porte fenêtre, nous nous trouvons sur une terrasse qui fait la largeur de la maison. Lewis a raison, l'air frais qui remplit désormais mes poumons me fait du bien. Il s'assoit sur un transat, se glisse contre le dossier et écarte les jambes. Je le regarde s'installer, il me tend la main pour que je le rejoigne. Je m'installe dos à lui, entre ses jambes. Ses mains se posent sur mes cuisses, je frissonne. Je tente de rester calme pour garder le minimum de contrôle qu'il me reste. Avec mon index, je trace le contour de ses doigts, je suis les traits de ses différents tatouages qu'il a sur les mains. Je sens la respiration de Lewis dans mon dos.

Pourquoi ? Je le questionne.

Pourquoi quoi ?

- Pourquoi tu voulais me voir ce soir ? Cette phrase sort d'une traite.

Le silence retombe. Mon taux d'alcoolémie actuel vient peut-être de foutre en l'air le reste de la soirée. Heureusement que Pierre m'avait conseillé de ne pas me prendre la tête. Lewis tapote ses doigts sur mes cuisses. Il ressert son étreinte sur moi.

Parce que les soirées qu'on passe ensemble sont agréables... Un silence. Et que dans quatre jours il sera pratiquement impossible de t'adresser la parole... Je profites du temps qu'il me reste.

- Tout ceci semble tellement dramatique, Lewis.

- J'en suis désolé.

- On pourrait pas juste... Je sais pas moi, laisser les choses se faire par elles même ? Sans se mettre de pression ?

Un silence, de nouveau. J'attends sa réponse qui ne vient pas, je me redresse et je me retourne pour lui faire face.

Je t'écoutais, j'attendais que tu développes, me dit-il en souriant.

Je soupire, me replace dos à lui et je continue dans mon élan.

En gardant notre relation secrète, on s'assure d'aller à notre rythme. Qu'on finisse par être de simple ami ou alors que ça aille plus loin, ça sera quelque chose qui appartient qu'à toi et à moi...

- Je vois ce que tu veux dire...

- Et qu'est ce que tu en penses ?

- Je sais pas, ce n'est pas vraiment dans mes habitudes de ne pas contrôler quelque chose...

- Et ?

- On peut tenter, on a rien à perdre..

Je ne sais pas si c'est l'alcool ou non, mais cette réponse me rend très joyeuse. J'ai envie de me lever, de danser, de faire la roue. C'est peut-être un peu excessif, mais lâcher prise alors que j'ai l'habitude de garder le contrôle me procure un sentiment très agréable. Mais je me retiens, je me blottis un peu plus dans les bras du britannique pour contenir mes émotions.

Au bout de quelques secondes, je l'entends fredonner une mélodie qui m'est inconnu, les doigts dessinent des cercles sur ma peau. Je n'ose pas bouger de peur que ce moment s'arrête, mais j'ai du mal à retenir un bâillement. Je tente tant bien que mal de me retenir, mais je finis par bailler aux corneilles. Lewis se redresse et pose son menton sur mon épaule.

Tu veux qu'on aille se coucher peut-être ?

- Je dirais pas non, lui dis-je tout en me frottant les yeux.

Allez viens, je te ferai visiter la maison demain.

Je me relève et suis Lewis qui déambule dans cette maison plongée dans la peine ombre. Nous montons à l'étage, au bout du couloir, il ouvre une porte, entre dans la pièce et allume une lampe de chevet, ce qui m'aveugle un peu. J'entre à mon tour dans la chambre et m'assoit sur son lit. Lewis se dirige dans son dressing qui est attenant et en ressort avec un grand t-shirt blanc. Il me le tend.

Tiens, ça sera plus confortable que ta robe pour dormir.

Je le remercie, je me relève pour me changer. Lewis fait le tour du lit et me tourne le dos, j'entends un vêtement qui tombe au sol. Je quitte rapidement ma robe et enfile le t-shirt, quand je me retourne, Lewis est assis de son coté du lit, toujours dos à moi. Sa galanterie me fait sourire. Je prends deux secondes pour l'observer. Ses dreads sont maintenus par un élastique, son dos musclé et tatoué bouge au rythme de sa respiration. Je me glisse sous les draps et c'est à ce moment là qu'il se retourne vers moi et me rejoins. Nous sommes l'un en face de l'autre, il me sourit.

Je ne t'ai même pas demandé comment était ta soirée... lui dis-je.

J'avais un diner avec un sponsor, c'était sympa, mais pas non plus l'éclate.

- Tu as hâte de reprendre les courses ?

- Oui, je sais pas pourquoi, mais cette deuxième partie de l'année, je la sens plutôt bien. J'arrive à avoir de bonne sensation avec la monoplace alors que c'était vraiment compliqué en mars. On verra bien, mais j'ai espoir de remonter sur le podium.

- Tant que tu laisses une place à Lando sur ce podium, ça me va.

Ma réponse le fait sourire. Je n'oublie pas la compétition entre les deux pilotes et les deux écuries auxquelles nous appartenons. La monoplace de McLaren a montré de belles améliorations avant la coupure estivale, nous avons bon espoir de nous placer en bonne position pour le championnat constructeur. Nous sommes lucides, nous ne ferons pas parti du Top 3 cette année, mais une potentielle quatrième place serait vraiment sympa.

Je retiens un autre bâillement, ce qui fait sourire Lewis. Il se retourne pour éteindre la lampe de chevet. Nous voilà dans le noir le plus complet. Je sens son souffle près de moi, il me prend la main, y dépose un délicat baiser et me souhaite une bonne nuit.

Late Night TalkingKde žijí příběhy. Začni objevovat