Devoirs et déplacements

Chapitre 2- YUL ➡️ Centre-ville ➡️ Brossard

Zachary

2 octobre, 16h45

Alors que l'avion ralentit et que nous perdons de l'altitude, je peux voir les environs de Montréal se dessiner sous mes yeux à travers le hublot. Il n'y a pas de nuage dans le ciel et les couleurs automnales qui commencent à parsemer les arbres scintillent sous les rayons du soleil. Il y a encore beaucoup de vert mais on peut aussi voir de l'orangé, du jaune, du rouge et même un peu de rose. Ma dernière visite au Québec en automne remonte à plusieurs années et des souvenirs de mon enfance me reviennent en tête. Des sorties aux pommes en famille, des promenades dans des vignobles de l'Estrie, des week-ends de camping en roulotte en septembre qui donnaient l'impression d'étirer les vacances d'été, des randonnées en forêt à Orford, à Sutton ou dans le Vermont, le son et l'odeur des feuilles mortes qui craquent sous mes pieds...J'aurais aussi pu faire des activités similaires lorsque j'étais à l'université à Boston mais j'étais alors beaucoup trop occupé avec le hockey et avec tout ce qui vient avec la vie universitaire pour m'y intéresser. L'automne a toujours été ma saison préférée et, même si je m'en passais bien en habitant en Californie, peut-être que le fait de pouvoir revivre cette saison au Québec constituera un rare point positif à mon transfert.

L'atterrissage se déroule sans problème et les douanes ne sont pas trop occupées en ce lundi après-midi. Je récupère ma valise, ma housse, le sac qui contient mon équipement et quelques bâtons puis je me dirige vers la sortie, à la recherche de quelqu'un qui porterait une pancarte avec mon nom inscrit dessus. Je ne vois pas de pancarte comme telle mais j'aperçois un visage bien connu qui agite la main dans ma direction, c'est Luc Guèvremont, l'ancien capitaine des Bruins de Boston qui est maintenant le directeur-gérant des Canadiens. Je m'approche de lui, un peu incrédule qu'il soit venu me chercher en personne.

- Bonjour Zachary, donne-moi ton équipement et tes bâtons.

Je fais ce qu'il me demande puis il met la bandoulière de mon sac sur son épaule et prend mes bâtons dans une main puis me tend sa main libre. Je fais de même.

- Content de te voir.

- Moi aussi. Je suis un peu surpris que vous soyez ici par contre...

- D'habitude, c'est moi qui appelle les joueurs en premier lorsqu'on fait leur acquisition mais j'étais pris dans quelque chose hier et j'ai dû déléguer la tâche à Mme Lévesque. Je voulais me racheter...Le voyage s'est bien passé?

- Oui, aucun problème.

- Parfait. Viens, il y a une voiture qui nous attend dehors, on va pouvoir discuter. Je suis certain que tu as beaucoup de questions pour moi.

- Oui, en effet.

Je le suis et je prends place à côté de lui à l'arrière d'un VUS, après avoir déposé mes bagages et mon équipement dans le coffre arrière. La voiture démarre et M. Guèvremont commence.

- Donc, tu te demandes certainement ce qui nous a poussé à te réclamer.

- Oui, vraiment...

- C'est Jack Cooper qui est blessé. L'an dernier, il était blessé lors des séries mais il a joué quand même pour se rendre à la Coupe. Cet été, il a pris un congé d'entraînement complet et il se sentait bien quand il est revenu à Montréal vers la mi-août. Mais depuis qu'il a recommencé à s'entraîner sur la patinoire, ses douleurs à la hanche sont revenues.

- Il en a pour longtemps?

- C'est pas clair, mais je t'avoue que ça augure mal. J'ai déjà eu des coéquipiers qui ont subi des blessures semblables. Au début, on pensait que c'était pas grand-chose mais il y en a qui ont fini par devoir subir des opérations puis manquer des saisons complètes et éventuellement par prendre leur retraite. Je ne dirais pas qu'on est rendus là avec Jack mais j'ai préféré ne pas prendre de chance et te réclamer quand j'ai vu que tu étais au ballotage. Il y a quelques personnes qui m'ont parlé de toi dans le passé...