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Durant le trajet vers Paris pour rencontrer les parents biologiques d'Eliott, je découvre une facette de lui plus en profondeur. Je l'avais déjà vu stresser, mais ça crève les yeux que ce qu'il ressent actuellement est au-dessus de tout ça. Je lui offre ma main pour les deux heures de trajet que l'on fait pour qu'il puisse la serrer afin d'extérioriser, d'une certaine manière, tout ce qu'il ressent de négatif. Je sais qu'il ne la serre pas autant qu'il le pourrait, par peur de me faire mal et je l'en remercie secrètement, d'autant plus que ça semble lui convenir déjà suffisamment. Il tremble moins qu'au départ et souffle moins fort, ce qui est une très bonne chose à mon goût. C'est sûrement lié au fait que son corps et son cerveau commencent à s'habituer à ce qui va bientôt arriver, il sera certainement plus apte à réfléchir de manière lucide quand il aura retrouvé tout son calme.

Il finit par s'endormir et j'en profite pour le contempler. J'aime comment tout son visage est détendu quand il dort, comme si toute la tension qu'il ressentait depuis quelques jours s'était dissipée le temps d'une sieste. Je me permets de remettre une mèche de cheveux qui lui tombe devant ses yeux derrière son oreille. Avant, je pensais que je n'aimais pas particulièrement les cheveux longs sur les hommes, je préférais quand ils étaient courts pour je ne sais quelle raison. Puis j'ai rencontré Eliott et je me suis rendue compte que ce n'étaient pas les cheveux longs le problème, c'étaient les hommes que j'avais rencontrés qui ne m'attiraient tout simplement pas, indépendamment de leurs cheveux. Théo était l'exception depuis longtemps, mais ce n'étaient pas ses cheveux qui m'avaient rendue amoureuse, c'était sa personnalité. En y repensant, son amour était faux mais sa personnalité l'était sûrement tout autant. Mais Eliott, oui, j'ai trouvé que les cheveux lui arrivant aux épaules étaient vraiment magnifiques sur lui et ça m'a charmée, mais c'est le découvrir lui, dans sa globalité, qui a le plus joué. Et j'adore pouvoir apprendre à le connaître au quotidien, parce que c'est une des plus belles personnes que je connaisse à mes yeux.

Quand l'annonce de notre arrivée imminente se fait entendre, je réveille en douceur Eliott en lui caressant la joue. Il sursaute d'un coup en ouvrant les yeux, paniqué.

— Merde, on a loupé l'arrêt ? crie-t-il presque, désorienté.
— Pas du tout, on arrive juste. Calme-toi, rigolé-je en lui faisant signe de parler plus doucement.

Il s'affaisse dans son siège, profitant des quelques minutes qu'il nous reste pour reprendre ses esprits. Je ne peux contrôler mon rire à côté qui me vaut un regard noir de sa part.

— Oh, avoue que tu aurais rigolé aussi si les rôles avaient été inversés !

Il sourit pour toute réponse.

— Voilà, je m'en doutais. Tu n'es pas mieux que moi.

Il me donne une petite tape à l'épaule pour se venger avant de se lever. On récupère nos sacs avant de descendre du train. Je n'étais jamais venue à Paris, je n'ai connu que les petites gares donc mon excitation est grande quand j'en découvre une aussi immense que celle-ci. Nous sommes à la gare Montparnasse et il y a tellement d'endroits où aller que je suis bien contente de ne pas être toute seule. Je suis de très près Eliott qui semble s'y connaître bien mieux que moi, ce qui me rassure. Il y a une histoire de "Hall 1" et "Hall 2" mais je ne cherche même pas à comprendre dans lequel nous nous trouvons tellement il y a de panneaux et de gens partout. Pendant que nous traversons la gare, j'ai l'impression de manquer d'air mais je ne sais pas si c'est parce que la foule me rend anxieuse ou si c'est simplement parce qu'il y a déjà trop de personnes au même endroit qui m'empêchent de respirer correctement. Je découvre également que cette gare ressemble étrangement à un centre commercial parce qu'il y a un peu toutes sortes de magasins alors qu'à Poitiers, nous avons juste une petite supérette et une boulangerie.

Nos coeurs entaillésWhere stories live. Discover now