Chapitre 24 - partie 2 - Étann

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Zaya n'est pas encore éveillée et mon père ronfle, endormi à même le sol, le dos contre le mur. James-Karl vient de me réveiller. Les lueurs du soleil baignent la cabane de ses rayons de lumière. Le jour se lève.

Je prends le temps de me redresser. Ma poitrine est toujours douloureuse, mais je pense que je peux marcher. Awu s'apprête à nous suivre, mais James-Karl l'en dissuade. Le loup nous regarde tour à tour puis se rendort, la tête sur ses pattes.

— Il va m'en faire baver, explique James-Karl quand nous avons atteint la porte. Il adore se baigner dans la rivière.

Il m'aide à avancer. Je ne me suis pas levé depuis que je suis tombé sur le champ de bataille. Je n'ai pas beaucoup de forces.

— Si quelqu'un a besoin d'un bain, ici. C'est toi.

James-Karl fronce les sourcils.

— Peut-être devrais-je te laisser progresser seul si c'est si urgent et que je sens si mauvais ?

Il me lâche et je perds l'équilibre, sur le point de chuter. Il me rattrape par les hanches et je m'accroche à sa tunique.

— Non, soufflé-je, tout près de ses lèvres. L'odeur ne me dérange que très peu.

Il m'offre un sourire charmeur et je ne sens plus mes jambes. Il ne sourit pas souvent, ça, c'est certain. Sinon, je ne serais capable de rien. Je dégage une mèche de devant sa figure. Les années et la souffrance l'ont terni, mais sous son air renfrogné et les muscles, James-Karl a un visage doux.

— Prêt ? demande-t-il.

Je hoche la tête. Il s'avance vers la forêt. L'odeur de la nature et du bois m'emplit instantanément. C'est un délice. Je me sens déjà revigoré. La perspective d'un bain me séduit également. Ce n'est pas un luxe pour les lycans.

— Est-ce loin ?
— Non, pas tant que ça.
— Pas tant que ça du point de vue d'un lycan ou d'un humain ?
— D'un lycan, précise-t-il en levant les yeux au ciel.
— Dans ce cas, ce n'est pas proche.
— Est-ce qu'il faut que je te porte ?

Il me lorgne d'un regard en biais.

— Je devrais survivre, je grogne.

Il s'enfonce dans les bois et j'essaie de tenir la cadence. Je ne connais pas ce pan de montagne. Si je ne dis pas de bêtise, nous sommes de l'autre côté de la falaise des Damnés. C'est normalement un endroit inatteignable pour les humains. C'est fou que mon père ait construit une cabane dans cette zone.

— Tu prévois de nous quitter.

J'écarquille les yeux. J'aurais dû me douter qu'il ne passerait par quatre chemins.

— Ce n'était pas une question alors, est-ce que je le devrais ?
— Ton père a dit que...
— Mon père n'a pas à choisir pour moi. Je croyais que je faisais partie de la meute Roé.
— Je croyais que tu n'étais qu'un humain et que tu ne savais rien des lycans.

Je m'arrête et me détache de lui.

— Que veux-tu dire ?
— Tu es le dernier descendant de la meute Sylaé. Nous sommes censés être tes ennemis.
— L'êtes-vous ? demandé-je, en plissant les yeux. Est-ce que je dois m'inquiéter ?

J'ai soudain mal au cœur et cela ne vient pas de ma cicatrice.

— Non ! Tu fais partie des nôtres. Ce n'est plus à prouver. Mais pourras-tu accepter de vivre avec ceux qui ont tué et décimé les tiens ? Mon père a passé sa vie à se battre contre ta famille et je ne porte pas ta généalogie dans mon cœur non plus.
— Je ne connais pas ces gens. Ce n'était pas ma guerre.
— Tu as des yeux d'Or.
— Et les tiens s'apparentent au Jais. Nous ne sommes pas définis par notre tribu ni notre statut, je pensais que nous l'avions acquis. Ni toi ni moi n'avons désiré ça.
— Alors ? Que vas-tu faire ?

D'OR ET DE JAIS - Tome 2 en 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant