D'OR ET DE JAIS - Tome 2 en 2024

Chapitre 14 - Étann

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🌙

Je suis terrorisé. Nous venons de nous arrêter à l'orée du bois pour la nuit et je ne me sens pas en sécurité. Nous avons entendu des loups hurler et il ne me semble pas qu'ils soient si éloignés.

James-Karl m'a forcé à quitter la meute en m'accusant de traîtrise et je n'ai pas eu le temps de prendre quoi que ce soit. Je n'ai pas vraiment d'espoir concernant ma survie.

Mes mains tremblent dans leur prison de cuir. Il ne fait pourtant pas froid. Le soleil a tapé toute la journée et a réchauffé la terre. Ma chemise est parsemée de sang. Je suis affligé d'en être arrivé là. J'ai bien essayé de convaincre l'Alpha, mais il ne m'a pas écouté.

Le paysage est différent maintenant que nous sommes éloignés du village. J'ai envie de couiner quand je pense à Ilan et Yaël. Ils étaient de bons camarades. Désormais, je me retrouve de nouveau seul. Je suis conscient que si un danger approche, James-Karl ne me sauvera pas. Je suis un fardeau pour lui. Il espère trouver les raisons de ma trahison lorsque nous serons arrivés à destination. Mais en réalité, je ne sais pas ce que nous cherchons, ni même quels aveux James-Karl attend.

C'est terminé.

L'Alpha est en train d'allumer un feu avec des branches et des cailloux. Awu, lui, est parti tuer un lapin ou deux pour que l'on puisse se nourrir. Je n'ai pas pipé mot depuis un long moment.

À quoi bon ?

Des décharges d'électricité me traversent parfois l'échine et mes canines sont douloureuses. Mais je ne dis rien. Je crains que James-Karl ne croit que je me rebelle. Je reste à distance raisonnable tant que faire se peut. Je n'ai pas d'onguent sur moi et je pense que je vais périr avant la fin de cette nuit. Je n'ai pas non plus vu de Camphre durant notre périple du jour. De toute façon, il faudrait que je demande à James-Karl de frotter la plante sur mes glandes olfactives et j'en reviendrais au même point : mort.

Si au moins, il libérait mes mains.

Je n'ai rien d'autre à faire que d'observer James-Karl faire. Son odeur est déstabilisante... étrange. Il y a un truc qui le perturbe. En dehors du fait qu'il pense avoir découvert mon ignominie, j'entends. Je ne sais pas trop comment décrire cette nuance de fragrance. De la peur cachée ? De la crainte ? Dès qu'il est arrivé dans la clairière, j'ai compris que quelque chose clochait.

Awu semble perdu aussi. Il se frotte à mon flan quand il sent que j'ai besoin d'apaisement. Son odeur me rassure. Je n'ai plus que lui à qui me rattacher. Le loup est important pour moi. Celui-ci revient d'ailleurs avec deux lièvres dans la gueule. Il est fier de lui. James-Karl, qui vient de terminer le feu, le félicite. Awu s'approche de moi pour me toucher le nez de son museau. L'Alpha fronce les sourcils à son geste.

Bravo, Awu.

Le loup aboie et j'ai l'impression qu'il m'a compris. Je hausse un sourcil, agréablement surpris. James-Karl dit que j'ai la capacité de communiquer avec les animaux. Je ne le savais pas moi-même, mais désormais, je me demande s'il n'a pas raison. Mais si c'est le cas, je ne sais pas vraiment comment j'y parviens. Plutôt que de communiquer, il s'agit plutôt d'une emphase. Je ne sais pas... Une idée me vient soudain.