Épisode 52

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« Ça ne se peut pas, pense Ariane. Je ne peux pas être encore kidnappée. » Ce n'est pas possible, ça n'a aucun sens. Qui pourrait faire ça? Une bande rivale de celle de Julien? La mafia russe?

Le tapis dans lequel elle est enroulée dégage une odeur de bière et de tabac. Le moteur vibre et la jeune femme sent le VUS ralentir et accélérer. L'angoisse lui donne mal au cœur et elle a envie de vomir. Elle se force à respirer avec lenteur. « Ça doit être un malentendu » se répète-t-elle. D'autres ennemis des Poulin qui ignorent qu'elle a quitté David et vont la libérer dès qu'ils l'apprendront.

Elle sent le véhicule accélérer et rouler sans interruption pendant au moins trente minutes. Une autoroute? Pour aller où? Il ralentit, recommence à stopper et redémarrer, et enfin le moteur s'éteint. Ariane entend le coffre qu'on ouvre, sent qu'on la soulève et qu'on la porte.

— Ici, fait une voix.

Enfin, ils la déposent, le tapis est déroulé et elle voit les quatre hommes qui l'ont kidnappée.

Ils ne portent plus leur cagoule et la stupeur l'envahit.

« Non! » pense-t-elle.

En même temps, elle comprend que ça ne pouvait être qu'eux. On ne kidnappe pas les gens à cause d'un malentendu.

Les hommes ricanent. L'un d'eux s'approche et sort un long couteau d'un étui à sa ceinture. La lame est immense, elle pourrait traverser le ventre d'Ariane et sortir dans son dos. La jeune femme la fixe avec terreur mais l'homme coupe les cordes qui retiennent ses jambes et ses bras.

Elle enlève l'écharpe qui la bâillonnait et se met debout. Elle chancelle.

— Pourquoi? demande-t-elle.

— Tu adores les kidnappeurs, dit David. C'est à mon tour de te faire plaisir.

Son ex se tient devant elle, entouré de ses amis Cédric, Maxime et William.

Tous portent des souliers de course neufs et les mêmes jeans noirs et manteaux gris. Un étui de couteau comme celui de David est accroché à la ceinture de William.

Ils se trouvent dans une pièce nue aux murs et au plancher de béton. C'est un immeuble en construction. Les fenêtres n'ont pas encore été posées et les ouvertures sont couvertes par des panneaux de contreplaqué. La lumière du soleil les traverse par les interstices.

La pièce n'a pas de porte, seulement un rectangle dans le béton, et les garçons lui bloquent le chemin.

— Es-tu amoureuse de moi, maintenant que je t'ai kidnappée? demande David.

— Arrête, dit Ariane.

— Tu pensais retrouver B, hein? Après l'avoir aidé, tu aurais eu ta récompense? C'est moi qui vais te la donner.

Ariane sent ses muscles se tendre et sa respiration accélérer. Pourquoi lui fait-il subir ça? David voulait l'épouser, il est supposé l'aimer. Il ne peut pas lui faire de mal.

— Maxime, dit-il. Sors de la bâtisse et fais le guet. Vérifie que personne ne vient ici.

— Je ne veux pas, proteste l'obèse. Je veux particip...

— Fais ce que je te dis! hurle David.

Le gros garçon disparaît.

— Sais-tu où on est? demande David à Ariane. Au milieu de nulle part. Un promoteur a commencé à construire des immeubles en pleine forêt et il a fait faillite. Il n'y a pas de voisin. Tu peux crier autant que tu veux, les seuls qui vont t'entendre sont les oiseaux.

Protection dangereuse [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant