Épisode 36

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Ariane descend l'escalier extérieur de la maison et parvient au trottoir. Dès qu'elle s'éloigne, une immense fatigue s'abat. L'adrénaline qui la soutenait depuis plusieurs jours s'évapore. Une seule chose compte: rentrer se reposer, et elle désire plus que tout se retrouver dans son lit.

Il est six heures du matin, elle l'a vu dans la cuisine avant de partir. Le ciel se colore là où le soleil va se lever et la ville dort encore. D'un côté de la rue s'alignent des maisons obscures, de l'autre s'étend le cimetière protestant et ses tombes enneigées.

Sur le trottoir opposé apparaît un homme qui promène son chien. Ariane évite de le regarder, mais l'homme la scrute et traverse la rue.

— Ariane Laforest? demande-t-il.

— C'est moi.

— C'est vous qui avez été kidnappée?

— Oui.

— Tout le monde pense que vous êtes morte!

L'homme sort son téléphone de sa poche et la fatigue d'Ariane s'alourdit.

— Je vais m'occuper de contacter la police, dit-elle, car elle veut d'abord se reposer.

L'homme ne l'écoute pas. Trente minutes plus tard, l'adolescente se trouve dans une salle de réunion d'un poste de quartier. Les quatre policiers qui l'ont amenée, car ils sont venus à deux auto-patrouilles, lui offrent jus, biscuit, café, chocolat, lui sourient, mais ne savent pas trop quoi lui dire.

— On est vraiment contents de t'avoir retrouvée, explique l'une d'elle.

Un mur vitré sépare la salle du reste du poste et quelques employés observent Ariane. Un policier baisse les stores.

La porte s'ouvre et deux hommes massifs, en civil, apparaissent, chacun avec une tasse de café. Les policiers leur parlent à voix basse et quittent la pièce.

— Veux-tu du soutien psychologique? demande un des hommes à Ariane.

— Quoi?

— Si tu en a besoin, on peut appeler une psychologue.

— Non, répond-elle. Ça va.

Ils s'assoient, se présentent et déclarent être les détectives chargés de l'enquête.

— L'enquête sur ma disparition? demande-t-elle.

— Ça. Et tout ce qui arrive à M. Poulin.

À en juger par leur air mal réveillé, ils sortent du lit. Ariane est tellement fatiguée, elle n'a pas retenu leurs noms. L'un est roux et ressemble un peu à un orang-outang, alors que l'autre, avec son nez et sa mâchoire proéminents, tient plus du rhinocéros.

— Te sens-tu capable de subir un interrogatoire? demande le roux.

— Nous savons que tu es fatiguée, continue l'autre, mais ton témoignage est crucial pour arrêter les criminels qui t'ont kidnappée. Chaque heure compte.

— Je me sens capable, dit Ariane. Je veux vous aider.

Ils lui demandent la permission de l'enregistrer et l'interrogatoire commence.

— Décris-nous l'enlèvement.

Ariane raconte son départ de la maison de David, l'auto qui la suivait, sa fuite, les criminels qui se sont jetés sur elle, le sac sur sa tête.

— Quand ils ont enlevé le sac, continue-t-elle, j'étais dans une pièce d'une maison et...

Elle hésite un instant.

— Et je suis restée là jusqu'à ce que je m'échappe, ce matin.

— Qu'est-ce que tu sais de tes ravisseurs?

Protection dangereuse [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant